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5 raisons pour aller voir Le Garçon et le Héron !

  • Emma 

25 octobre, j’entre dans la salle de cinéma. Je suis impatiente de découvrir en avant-première ce qui devrait être l’ultime chef-d’œuvre du grand maître de l’animation japonaise. Après plusieurs années de secret, Le Garçon et le Héron se dévoile sous les yeux des spectateurs français, auxquels Hayao Miyazaki avait bien manqué (plus d’infos sur le projet du film ici).

Voici 5 raisons de découvrir ce film en salles.

Synopsis

Après la disparition de sa mère dans un incendie, Mahito, un jeune garçon de 11 ans, doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne dans le village où elle a grandi. Il s’installe avec son père dans un vieux manoir situé sur un immense domaine où il rencontre un héron cendré qui devient petit à petit son guide et l’aide au fil de ses découvertes et questionnements à comprendre le monde qui l’entoure et percer les mystères de la vie.

Mahito et le héron

1 – Retour aux origines du succès

Hayao Miyazaki a séduit le monde entier avec ses histoires mêlant réel et irréel, portées par des personnages forts et complexes. Avec Le Vent se lève, il avait rendu son tablier de réalisateur fantastique pour se tourner vers un récit réaliste. Ici, il revient à ses premiers amours en proposant une œuvre plus proche de ses principaux succès. Mélange de ses 13 films, Le Garçon et le Héron est un condensé de ce que les spectateurs ont aimé dans sa filmographie. Une réalité froide et dure qui laisse place à un monde étrange et dérangé. Dans ce film, les corps se transforment et réalité et imaginaire ne cessent de se confondre – dans une dynamique chère au réalisateur.

On reconnaît d’ailleurs de nombreux clins d’œil à ce qui a fait son succès. L’entrée d’une forêt aux allures de Mon Voisin Totoro ; un monde fantastique similaire au périple de Chihiro ; des sortilèges tout droit sortis du Château ambulant ; des créatures rappelant aisément les sylvains de Princesse Mononoké… Et une portée autobiographique qui rappelle son dernier film : Le Vent se lève. A tel point que certains plans font directement référence à ses propres films. Un cocktail qui séduira sans aucun doute l’ensemble de sa fan base.

Mahito et la jeune fille : le garçon et le héron

2 – Une animation à couper le souffle

Au-delà des clins d’œil, Miyazaki prouve qu’il est resté maître dans l’art de représenter à l’écran son imagination. La scène d’ouverture nous promet une œuvre visuellement parfaite, qu’il serait dommage de ne pas voir en salles. Dix ans après son dernier film, le réalisateur semble avoir atteint le sommet de son art. Des décors foisonnant de détails, des personnages en perpétuel mouvement, des métamorphoses inattendues et des protagonistes et monstres polymorphes : aucun élément n’est laissé au hasard. Difficile même de se rendre compte du travail titanesque qui se cache derrière.

Avec une plongée dans le Japon des années 1940, le réalisateur dépeint une vie de campagne dans une sublime maison. Mais la vraie réussite se trouve dans l’environnement étrange qui entoure cette demeure, dont cette tour énigmatique. Un univers ouvert complexe à la fois menaçant et sans défaut.

On relèvera tout de même une animation 3D ponctuelle encore partiellement maîtrisée mais finalement à peine visible – heureusement. On espère d’ailleurs que le studio ne se relancera pas de sitôt dans une production 3D et continuera d’embrasser l’animation 2D.

Le Garçon et le Héron

3 – Joe Hisaishi crée la surprise

En plus de l’animation, ce qui m’a le plus marqué est probablement la musique. Habituée aux grandes musiques de Joe Hisaishi portant les films, j’étais étonnée de découvrir des notes plus déstructurées. Contrastant avec des temps de silence assumés, la musique vient peser de tout son poids avec des notes simples, parfois dissonantes. Elle crée un sentiment de malaise et d’anormalité, notamment au rapprochement soudain du héron cendré. Une vraie réussite qui crée une atmosphère toute particulière.

Certains scènes sont envahies du bruit de la nature environnante, des pas, des mouvements. D’autres croulent sous le poids de cette musique presque invasive. La deuxième partie du film se rapproche de ce qu’on a l’habitude d’entendre chez Miyazaki : un thème musical plus construit et mélodieux.

La plus grande réussite reste à mes yeux Spinning Globe (Chikyûgi), le thème principal signé Kenshi Yonezu, connu – entre autres – pour l’opening de Chainsaw Man.

les mamies du manoir : le garçon et le héron

4 – Une œuvre complexe aux multiples lectures

Dans la lignée de son travail, Miyazaki offre une œuvre très travaillée.Tout fait ou doit faire sens. A tel point qu’on sort de la séance avec l’envie de voir le film une nouvelle fois pour décortiquer tout ce qui nous a été donné à voir.

Comme à son habitude, il nous délivre de nombreux messages. Le Garçon et le Héron est à ce titre d’une profondeur inattendue. Même décuplée par rapport à d’autres de ses films. Miyazaki offre une œuvre avec plusieurs niveaux de lecture. Le résultat est empreint de références, plus ou moins évidentes, à ses anciens films, au cinéma et à certains mythes. On notera par exemple une superbe référence au film d’animation français Le Roi et l’Oiseau (1952).

Sans parler de l’évidence même : une Ode à la nature, sa complexité et ses rapports avec l’Homme – grâce à un bestiaire vertigineux que l’on prend plaisir à découvrir.

pélican

5 – Un testament pour ses proches et ses fans

Le réalisateur a annoncé travailler sur un nouveau projet. Mais il n’est pas exclu que Le Garçon et le Héron soit le grand final de sa carrière. Un film qui peut sembler disparaître dans le dédale de sa création. Pourtant, il devrait – sans aucun doute – devenir une référence d’ici quelques années.

Il est clair que le film est très personnel et recèle de références privées. Le producteur en chef du studio Ghibli, Toshio Suzuki, avait lui-même reconnu qu’il s’agissait d’un présent pour le petit-fils de Miyazaki. Comme un testament légué aux siens, Miyazaki tente probablement de préparer ses proches et son public à sa disparition. Une perte réelle tant pour son entourage que pour ses fans, tant son travail est devenu une référence inconditionnelle dans le monde entier.

Lorsque le film se termine et que le générique se lance, le cœur est lourd. On ressent comme un vide, mêlé d’une immense gratitude lorsque l’on dit adieu – on l’espère au revoir ? – à celui qui de son vivant est devenu le maître de l’animation japonaise, mais également à une époque. Car il est facile de se questionner sur le futur même du studio Ghibli.

Qu’adviendra-t-il de lui et de son travail créatif une fois son réalisateur phare disparu ? Il est certain que le rachat d’une partie des parts par Nippon TV laisse planer un doute sur l’après. Mais assure en partie la protection du studio, de son esprit créatif et de ce qui a su faire son succès. Le rachat récent laisse entrevoir un futur, bien qu’encore incertain…

En attendant d’avoir ces réponses, il est encore temps de profiter du travail de Hayao Miyazaki en découvrant Le Garçon et le Héron sur grand écran en salles. On attend vos avis avec impatience !

Si vous l’avez loupée, voici la bande-annonce du film !

Si vous souhaitez découvrir ou redécouvrir le film avec nous; on orgaise une Anime Watch Party le 9 novembre 2023 avec Senscritique et Dulac Cinémas ! La séance aura lieu à 20h, au cinéma le Majestic Bastille ! Des animations sont prévues !

La billetterie est juste ici !