On débute cette semaine « reviews d’Halloween » avec la dernière sortie de chez Mangetsu ! Voici mon avis sur LES CAUCHEMARS DE MIMI de Junji Ito !
LES CAUCHEMARS DE MIMI, ONE-SHOT
Pour cette nouvelle publication, Mangetsu reste sur ses standards avec un ouvrage de très belle qualité ! La couverture est épaisse et cartonnée. Sur la jaquette, le logo titre présente un reflet métallisé qui attire l’oeil. À l’intérieur, le papier est sans transparence, avec une impression de qualité. Je trouve cependant que ce recueil est un peu cher : 22,95€, là où Zone Fantôme 1 et 2 sont à 19,95€. Mais j’imagine que ce sont toutes les ressources mobilisées pour sa création qui se répercutent sur le prix.
Comme pour chacun des ouvrages de cette collection, on retrouve une préface. Cette fois, c’est Miyako Slocombe qui s’en est occupée. En fin de volume, Junji Ito nous gratifie de deux postface, et Morolian nous offre une analyse de ce recueil !
La jeune Mimi mène une existence simple, mais l’horreur étend son ombre dans chaque recoin de sa vie : sous la tenue noire de jais de son énigmatique voisine, au fond de l’épaisse forêt qu’elle traverse au cours d’une promenade, dans le cimetière qui jouxte son appartement ou au creux des flots sombres de son lieu de vacances.
Laissez les ténèbres vous hanter à leur tour, en tournant les pages de cette adaptation de Shin Mimibukuro, recueils de légendes urbaines culte au Japon.
Ce recueil regroupe 9 histoires, parues entre 2002 et 2003. Il contient également une histoire plus récente, publiée en 2007.
Des histoires horrifiques accessibles pour tous ?
À l’instar de Zone Fantôme ou Fragments d’horreur, LES CAUCHEMARS DE MIMI est un recueil d’histoires courtes. Néanmoins, cet ensemble a quelques particularités. Tout d’abord, il s’agit d’une adaptation de plusieurs nouvelles issues du Shin Mimibukuro, une anthologie de légendes urbaines, paranormales et… réelles. Je ne connais pas l’oeuvre originale, mais à en croire les dires de l’auteur et la postface : il a pris plusieurs libertés ! Parmi elles, il y a la volonté de lier l’ensemble par un même personnage : Mimi !
Les récits sont de taille très variable, et ne sont parfois constitués que de 4 pages seulement. Cela occasionne des conclusions volontairement évasives et, de fait, assez frustrantes parfois. J’ai trouvé que c’était assez différent des précédentes collections de l’auteur. Le fait qu’il s’agisse « d’histoires vraies » et contemporaines, combiné aux fins ouvertes, permet de stimuler notre imagination et de jouer sur nos peurs personnelles. Le style de l’auteur s’efface un peu, et en cela, je trouve que c’est bien plus accessible que d’accoutumée !
Scénario : 4/5
Ainsi, LES CAUCHEMARS DE MIMI nous propose de découvrir plusieurs situations vécues par la jeune femme. On la suit dans son quotidien rocambolesque et marqué par le paranormal, alors qu’elle n’a jamais vraiment conscience d’être une cible « privilégiée » des esprits. Mais Mimi n’est pas le seul personnage que l’on retrouve, son petit-ami Naoto est également un personnage récurrent ! En ce qui me concerne, j’ai apprécié voir leur relation évoluer au cours des histoires. Plus précisément, c’est le fait que ce ne soit pas une évolution linéaire, qui m’a beaucoup plu.
En fait, Junji Ito construit ce binôme et leur relation à travers des instantanés, pris à différents moments. L’auteur nous donne des bribes d’informations concernant leur situation, et notre imagination fait le reste en liant les éléments entre eux. Une façon de faire atypique que j’ai trouvé très réussie ! Pour ce qui est des autres personnages, ceux qui ne sont que de passage, ils sont évidemment plus anecdotiques. Certains personnages sont cependant parvenus à me toucher !
Personnages : 4/5
Du point de vue des visuels, LES CAUCHEMARS DE MIMI bénéficie de la même qualité et du même soin que les autres oeuvres de Junji Ito. Le trait est très détaillé, et il sait être effrayant quand il le faut. Néanmoins, on peut remarquer des changements par rapport aux autres titres. Ils sont notamment liés au fait qu’il s’agit d’une adaptation des nouvelles de Hirokatsu Kihara et Ichiro Nakayama. Il y a moins de représentations horrifiques morbides, très peu de body horror. Finalement, il y a moins de folie graphique.
Le trait de l’auteur se veut ainsi plus « réaliste », plus en phase avec l’idée de légendes urbaines et de paranormal. Et pourtant, l’ambiance générale est tout aussi oppressante ! L’auteur nous gratifie de plusieurs doubles pages très impressionnantes. Certains diront que l’on perd ce qui fait le charme des oeuvres de Junji Ito; mais je trouve que cela contribue aussi à rendre ce recueil plus accessible.
Visuels : 4/5
Pour ce qui est de l’horreur, LES CAUCHEMARS DE MIMI nous propose encore une fois quelque chose de différent dans la bibliographie de l’auteur. C’est une horreur moins visuelle, moins marquante qu’à l’accoutumée. L’horreur se veut au contraire bien plus psychologique. Certains éléments ne nous sont pas montrés, simplement suggérés. D’autres choses ne nous sont pas dites ou expliquées. On reste ainsi dans un flou anxiogène. Il y a une certaine finesse dans les mécaniques qui fait que l’ensemble est presque plus effrayant ainsi.
Si d’habitude l’auteur s’engage dans des délires très personnels, poussant à leur paroxysme des idées folles, cette fois les histoires sont « vraies ». Plusieurs récits s’inscrivent dans les légendes urbaines, évoquent des creepypastas. Le mystère est bien plus prégnant, et certaines histoires relèvent plus du surnaturel ou de la science-fiction que de l’horreur absurde. Encore une fois, je pense que c’est une vision qui parlera à un plus large public, notamment parce qu’elle s’ancre plus dans la réalité, dans nos conceptions et nos paysages.
Horreur : 4/5
LES CAUCHEMARS DE MIMI, en résumé
💎 Les points forts :
- Un recueil plus accessible qu’à l’accoutumée.
- L’ambiance légende urbaine/creepypasta.
- Une construction atypique des personnages à travers les histoires.
- Des visuels toujours aussi réussis et anxiogènes.
🪨 Les points faibles :
- On perd peut-être ce qui fait le charme de Junji Ito.