Kana semble avoir à coeur de proposer des manga français dans son catalogue. Après Oneira et Silence, voici venir LES HÉRITIERS D’AGÏONE !
LES HÉRITIERS D’AGÏONE, tome 1
C’est forte d’une expérience considérable, en tant qu’autrice auto-éditée et assistante de Tony Valente, que Tpiu (Facebook, Instagram, X) nous propose dans LES HÉRITIERS D’AGÏONE. Pour faire la promotion de cette nouvelle série, Kana organisait une soirée de lancement en présence de l’autrice, au début de ce mois de juin 2024. Un joli témoignage de confiance pour cette série, pour l’instant prévue en 3 tomes. De son côté, l’autrice a composé une chanson pour la série, c’est à écouter ici.
Au delà de ça, le titre se présente comme un ouvrage standard de l’éditeur. La qualité d’impression est honnête, sur un papier fin mais sans trop de transparence non plus. Pour ce qui est de la jaquette, elle parvient aisément à attirer l’attention par ses couleurs mais aussi la sensation d’être dans le viseur de quelqu’un.
Au royaume de Tyriadoc, chacun a droit à une seconde vie en cas de mort précoce. On appelle ça « l’Ëdre ».
Parfois la mort est si violente que la renaissance en devient désastreuse. Elle engendre la naissance de Maudits, des monstres créés à l’image de leur trépas.
Il existe une exception à l’Ëdre : les nouveau-nés. Trop faibles et trop purs, ils ne ressuscitent jamais. Jamais, sauf Adalise, la fille du roi. Elle inspire la crainte et la haine auprès de son peuple, lequel l’a surnommé « la Princesse Cadavre ». Mais Adalise ne désire qu’une chose : retrouver sa mère disparue et comprendre le mystère entourant sa morte-naissance.
En couvertures, sous la jaquette, Tpiu nous gratifie de deux illustrations comiques ! On retrouvera d’ailleurs ce côté humoristique dans une histoire courte en fin de tome 1.
Tuer son protagoniste dès les premières pages ? Oui.
LES HÉRITIERS D’AGÏONE nous plonge dans le monde de Lyöre, un univers médiéval fantasy dans lequel chacun peut ressusciter une fois. Ce processus s’appelle l’Ëdre, et il a quelques conditions. S’il s’agit d’un enfant mort-né, alors l’Ëdre ne s’applique pas. Et si la mort est violente, et que la personne éprouve des sentiments forts, alors la personne revient sous la forme d’un maudit. Un concept plutôt original, immersif et qui promet des rebondissements surprenants !
Tpiu a développé tout son univers autour de cette idée forte. Ainsi, on découvre les croyances des habitants de Tyriadoc. Et en particulier le culte de la déesse Münne, qui accompagne les défunts lors de leur mort. Les Clartés, équivalentes des religieuses, sont ses agents humains. Mais ce n’est pas tout, il y a aussi les Ëdrelins, des créatures magiques attirées par la mort. Autant de concepts propres à l’autrice qui donne une véritable consistance à cet univers.
Univers : 5/5
Dans LES HÉRITIERS D’AGÏONE, on suit l’histoire de la famille Dalmore, la dynastie régnante de Tyriadoc. Le roi Theneren a ainsi quatre enfants d’un premier mariage, et deux autres d’un second mariage. Dans ce tome 1, on fait la connaissance de Thoren, l’héritier légitime mais aussi de Adel et Adalise, les enfants de la concubine. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les relations familiales sont plutôt tendues. Il faut dire que chacun des personnages a un caractère bien trempé !
La protagoniste principale du récit est Adalise, la princesse du royaume, est peut-être celle qui a la plus fort personnalité. Il faut dire qu’à cause de sa seconde naissance, la « princesse cadavre » n’a eu d’autre choix que de se créer une carapace solide pour résister aux brimades incessantes de la populace. Avec une telle construction, difficile de ne pas s’attacher à cette jeune femme. Les personnages secondaires eux, se font pour l’instant discret derrière cette tête d’affiche.
Personnages : 4/5
Mais notre forte-tête a aussi ses failles, et elles constitueront en partie l’intrigue des HÉRITIERS D’AGÏONE. En effet, la résolution d’Adalise trouve son origine dans la disparition de sa mère. Contrairement à l’ensemble de la population qui la considère morte, notre héroïne poursuit ses recherches depuis 10 ans. Sa confrontation avec un Maudit lors des Jeux d’Oranone lui donnera une piste à suivre. Et la suite des évènements sera autrement plus surprenante.
Le récit tourne ainsi indéniablement autour de l’Ëdre et du rapport à la mort, et le traitement qui en est fait est assez inédit. C’est un concept qui révèle ses mystères à mesure des chapitres. L’autrice introduit également un complot qui vise à tuer la princesse. Les questions se bousculent alors… Les guerres qui agitent le monde de Lyöre sont-elles aux portes de Cendréclat ? Ce premier tome réussit à merveille son rôle introductif, en posant les bases d’un récit fascinant !
Scénario : 4/5
Pour ce qui est des visuels, LES HÉRITIERS D’AGÏONE est globalement réussi. Les designs des personnages, des créatures et les décors font l’objet d’un certain souci du détail. Eh oui, si l’univers réussi à nous happer, c’est aussi pour sa beauté ! J’ai beaucoup aimé l’apparence mignonne des Ëldrelins qui contraste avec leur appétence pour la mort. Ils m’ont rappelé les Kodama de Princesse Mononoké. En revanche, je suis un peu moins convaincu par l’esthétique des maudits pour le moment.
Côté mise en scène, l’autrice nous offre des compositions plutôt inventives avec des éléments qui évoquent les enluminures et les parchemins. On a aussi le droit à des passages d’action palpitant durant ce premier volume. En revanche, le début du tome comporte un certain nombre de planches avec des erreurs anatomiques. Je reconnais que cela m’a sorti de ma lecture. Heureusement, le problème se règle au fil du volume ce qui est de bonne augure pour les deux prochains.
Visuels : 3/5
LES HÉRITIERS D’AGÏONE, en résumé :
💎 Ce que j’ai aimé :
- Le concept de l’Ëdre et toute la construction qu’il y a autour.
- Adalise, un personnage fort mais pas que.
- Un univers graphique foisonnant d’inventivité.
- Une intrigue qui aborde le rapport à la mort de façon inédite.
🪨 Ce que j’ai moins aimé :
- Des maladresses anatomiques pour la première partie du tome.