La review du jour concerne le dernier né d’un auteur de génie : TOKYO, CES JOURS-CI de Taiyō Matsumoto ! Voici ma critique de l’intégrale !

TOKYO, CES JOURS-CI – Intégrale en 3 tomes
C’est donc une nouvelle fois dans la collection Made In que Kana nous offre une titre de Taiyō Matsumoto. La dernière oeuvre de l’auteur en date se présente donc dans un grand format A5 (15×21), et avec toutes ses pages couleurs ! 4 pages en début de tome 1, et 4 autres dans le chapitre 4. Mais aussi 4 dans les tomes 2 et 3. Au final, ce sont donc 16 pages couleurs qui sont présentes dans cette édition !
Au delà de ça, le papier est plutôt opaque, avec une belle qualité d’impression. Les jaquettes sont identiques à celle de l’édition original japonaise : sobre, mais avec un certain cachet.



Ce jour-là, Shiozawa, éditeur de mangas, a démissionné de son poste pour raison personnelle après trente années passées au sein de la même maison d’édition.
Mais cet homme, qui vit seul dans un petit appartement loin de l’agitation de Tokyo et qui parle à son moineau de Java, ne parvient pas à laisser tomber les mangas.
Le voilà qui part retrouver les dessinateurs dont il s’est occupé par le passé.
Créer, éditer, démissionner, créer…
TOKYO, CES JOURS-CI est l’histoire de Shiozawa, un éditeur spécialisé dans le manga. Ne trouvant plus de sens dans son travail et désireux de retrouver une motivation, il démissionne de son poste dans une maison d’édition reconnue. On a donc un récit très ancré dans la réalité, dont la seule touche fantastique réside dans les dialogues entre notre protagoniste et son moineau. Les chapitres ont souvent la même structure, avec des retrouvailles entre Shiozawa et un mangaka dont il fut proche par le passé.

Bien que cela puisse paraître redondant, les histoires sont variées. On sent aussi une progression de l’intrigue : le projet dont il est question s’enrichit petit à petit. Je dois reconnaître que j’ai été absorbé par ce récit très contemplatif, au rythme lent et aux accents nostalgiques. Je me suis donc très vite retrouvé à lire le troisième et dernier tome, avec une petite hâte de découvrir où le projet de Shiozawa le mènerait. Et je n’ai pas été déçu !
Scénario : 4,5/5
Dans TOKYO, CES JOURS-CI, on suit donc Shiozawa. Le personnage est assez mystérieux, taciturne. Il est presque antipathique au premier abord et la construction du récit fait que l’on ne comprend pas ses décisions au départ. Mais par la suite, c’est un véritable passionné que l’on découvre. Sa passion du manga fait écho à la nôtre et, à titre personnel, elle a ravivé ma soif de création. Au final, c’est un protagoniste auquel on s’attache beaucoup.

Il est entouré d’une vaste galerie de personnages au cours de ses trois tomes. Parmi les plus présents, on peut citer Chosaku Miyazaki, mangaka dont l’histoire et l’évolution m’ont touché. Aoki, un autre auteur, qui a droit lui aussi, à un arc narratif dans le récit. En filigrane, on découvre également Liliko Ayashi, l’éditrice qui remplace Shiozawa. Et ce qui m’a bluffé, c’est que tous ont une réelle consistance, même les mangakas qui n’apparaissent parfois que le temps d’un seul chapitre !
Personnages : 4/5
En tant qu’oeuvre de Taiyō Matsumoto, TOKYO, CES JOURS-CI bénéficie du trait unique de son auteur. On découvre des dessins très organiques, à la limite du difforme parfois, mais tellement vivant. Loin des standards, ces visuels peuvent donc être assez clivants. Pour les néophytes, un temps d’adaptation sera nécessaire. Mais, pour ceux qui laisseront sa chance à l’oeuvre, l’ambiance mélancolique et la poésie du titre vous happeront.

Car oui, c’est une véritable expérience visuelle que propose Taiyō Matsumoto. Naviguant entre des scènes d’intérieur et des paysages urbains, il campe une atmosphère unique qui fait un terreau fertile pour véhiculer des émotions. J’ai trouvé remarquable sa capacité à transmettre les ressentis de son protagoniste alors que son visage est fermé, caché derrière ses lunettes. Je retiendrais également les passages où l’auteur inclut les oeuvres des mangakas dans la mise en scène et la narration de son histoire.
Visuels : 3,5/5
TOKYO, CES JOURS-CI propose donc une immersion dans le milieu de l’édition, du manga. Mais contrairement à Bakuman ou Look Back, c’est autour de l’éditeur que se construit le récit. Il est ainsi question des choix éditoriaux; et notamment du dilemme de ce qu’il faut favoriser : la créativité et la rentabilité d’une oeuvre ? La relation entre un mangaka et son tantō, l’éditeur qui le prend en charge, est également abordée. On comprend alors toute la complexité de ce lien, aussi fort que fragile.

Mais plus que cela, ce manga nous parle de la vie et de la façon dont on la mène. Le monde de l’édition n’est qu’un contexte que Taiyō Matsumoto utilise parce qu’il le connaît bien. Il montre ainsi que si l’on place notre passion au centre de notre vie, alors il ne faut pas rester dans sa zone de confort sous peine de perdre ce qui nous animait. Ce faisant, il aborde aussi les angoisses et les moments de joie que chaque adulte peut rencontrer au cours de sa carrière, qu’il soit un créatif ou non.
Thématiques : 5/5
TOKYO, CES JOURS-CI – En résumé :
💎 Ce que j’ai aimé :
- La plongée dans le monde de l’édition de manga.
- La réflexion autour de l’entretien d’une passion.
- Un récit contemplatif mais qui crée tout de même une attente.
- La variété de personnages et de problématiques associées.
- Le style visuel atypique de Matsumoto.
🪨 Ce que j’ai moins aimé :
- Seuls les mangaka Aoki et Chosaku ont vraiment droit à un développement.