Nouvelle review pour Sidooh, l’oeuvre de Tsutomu Takahashi! Je continue ma présentation de la série avec le tome 5 aux éditions Panini!
Évidemment, si vous n’êtes pas à jour dans l’histoire, je vous invite à vous référer aux autres reviews (à retrouver ici) et, pourquoi pas, à débuter votre lecture!
Sidooh, tome 5:
Cette fois, on découvre Kiyozo le « maître » et employeur des deux frères!
Le Bakufu a exterminé les rebelles de Mito, privant les membres du Byakurentaï de leurs complices. Kiyozo et son bataillon blanc sont ainsi contraints d’élaborer un nouveau plan d’attaque pour mener à bien la mission qui leur a été confiée: couler le navire noir que les Américains dans le port de Yokohama.
Tsutomu Takashi, maître de la noirceur!
Si les tomes 3 et 4 semblaient un peu moins sombres que les deux premiers, le cinquième renoue avec cette atmosphère très pesante. À la fin du tome 4, le groupe des rebelles de Mito était tout simplement anéanti par les hommes du Bakufu. Le bataillon blanc découvrant le massacre n’a d’autre choix que mener à bien son objectif: couler le Washington, le bateau des étrangers. Avec la rage au ventre et le désir de venger les victimes innocentes, le Byakurentaï décide d’infiltrer les rangs ennemis.
On part donc sur une dynamique assez différente, qui relève plus du film d’espionnage que du film de samouraï. J’ai trouvé cela assez dépaysant et très prenant. D’autant plus que l’auteur gère à merveille la tension et le rythme dans ce tome. Encore un tome qui se lit rapidement tant il est bien construit!
On peut cependant reprocher que le développement soit un peu superficiel. On est au cinquième tome déjà, et pour l’instant, on ne peut pas dire que le tout soit très approfondi.
Scénario: 4/5
Pour ce qui est du dessin, là encore Tsutomu Takahashi fait preuve de maestria. Le reproche que j’avais pu faire dans les premiers tomes semble s’estomper peu à peu. Les personnages prennent leur individualité visuelle et on les confond beaucoup moins les uns avec les autres.
Là où ce tome fait fort, c’est dans l’ambiance générale. L’encrage très marqué, et les aplats de noirs renforcent le côté oppressant de l’intérieur du bateau. Le fait que l’ensemble de l’action se déroule de nuit donne aussi plus de poids aux passages lumineux: lumières, feux notamment. Il se dégage ainsi beaucoup de puissance de ce tome à mon sens. L’immersion est totale et c’est un plaisir à lire!
Dessin: 4/5
Comme dit plus haut, ce tome s’organise presque comme un film d’espionnage, d’infiltration. De fait, la gestion de la tension est primordiale. Tsutomu Takahashi excelle dans la mise en scène, et parvient avec brio à nous tenir en haleine, à nous faire ressentir l’appréhension. La mission sera-t-elle un succès? Rien n’est moins sûr!
Le sang jaillit à flot, les flammes dévorent le navire et illuminent le ciel, la mort est omniprésente. Dans cette atmosphère pénible, les personnages souffrent et chacun se bat pour sa vie. Les coups de sabre, les coups de poing, les coups de feu: on ressent la lutte de chaque instant dans chaque action.
Le tome finit en apothéose, sur un suspens démentiel et on a hâte de découvrir la suite!
Action: 4/5
Et pour finir, je voulais aborder la violence de ce tome. Sidooh n’est évidemment pas une oeuvre à mettre entre toutes les mains. Et ce tome 5 en donne toutes les raisons. Tsutomu Takahashi dépeint avec justesse ce qu’il pouvait se passer au XIXème siècle. La violence est banale à cette époque, et elle l’est tout autant dans les visuels que nous propose l’auteur. Assassinats, tortures, combats à mort… On a le droit à tout ce qui se faisait de « mieux » en la matière. Certains penseront qu’il y en a trop, à juste titre je pense, mais cela participe à la maturité du récit.
Cette omniprésence de la violence menace chacun de nos personnages, lequel y succombera en premier..? Gentaro, le frère cadet des Yukimura semble s’engager sur une pente dangereuse. La mort ne semble pas l’effrayer, il s’en amuse presque. Sa lame a soif de sang et de mort… Un destin funeste semble le guetter.
Violence: 4/5
En résumé!
Ce cinquième tome de Sidooh vient chambouler le rythme qui s’établissait jusqu’alors. On découvre un pendant de l’histoire bien plus orienté sur l’infiltration, l’espionnage. En effet, nos protagonistes ont pour mission de couler le Washington, le navire des américains… Mais le Bakufu (police gouvernementale du shogunat) est partout! Le récit nous propose alors une ligne directrice, qui paraissait un peu floue jusqu’à maintenant.
Comme avec les précédents tomes, l’ambiance est pénible, pesante. Nos héros souffrent et tout concoure à le montrer. Les visages marqués, les combats rudes, la torture… La violence caractéristique des premiers tomes est de retour, toute en puissance. Le dessin de Tsutomu Takahashi vient soutenir le tout, en apportant une ambiance noire, crasse. Les encrages sont épais, il utilise beaucoup d’aplats de noir: le résultat est un régal pour les yeux. Même les flammes des incendies peinent à apporter de la lumière.
Du côté des personnages, c’est peut-être là que le bat blesse. Le développement de ces derniers dans ce tome n’avance pas des masses. À part peut-être pour Gentaro qui s’enfonce toujours un peu plus dans la violence: sa lame a soif de sang et de mort; on lui découvre une fascination morbide pour le meurtre. Qu’adviendra-t-il de lui? C’est l’une des intrigues qu’il me tarde le plus de découvrir! J’ai hâte de lire le tome 6!