Succès inattendu, Terrarium a su se faire sa place au Japon! Je vous propose de découvrir ce titre, disponible aux éditions Glénat!
Terrarium: envoûtantes ruines d’une civilisation déchue
En plus d’avoir donné sa chance à ce titre que personne n’attendait, Glénat a mis le paquet en ce qui concerne l’édition de ce premier tome. La couverture est magnifique déjà, mais les pages couleurs sont encore plus exceptionnelles (il y en aura quelques unes plus bas). Pour ce qui est du papier, il est de bonne qualité et l’impression l’est tout autant.
Et pour les plus curieux d’entre vous, pensez à retirer la jaquette de votre tome! Vous y découvrirez la lettre de Yuno en quatrième de couverture. Sans être indispensable à la compréhension de l’histoire, elle reste un bonus appréciable.
Dans un monde en ruine où l’humanité est sur le déclin.
Chico la technologue d’investigation et son petit frère Pino arpentent des colonies délabrées où des robots poursuivent leurs tâches comme si de rien n’était. Les deux explorateurs tentent de les accompagner dans leurs derniers souhaits, mais à quoi bon quand la fin approche d’heure en heure ? “Combien de centaines d’années faudra-t-il encore aux humains pour devenir meilleurs ?” C’est la question soulevée par ce récit d’aventure SF crépusculaire.
« Combien de centaines d’années faudra-t-il encore aux humains pour devenir meilleur? »
À la découverte de l’arcologie!
Terrarium nous présente deux personnages, Chico et son petit frère Pino. La première est une scientifique, spécialiste de la technologie et médecin: une technologue. Le second est un robot qui semble avoir de multiples capacités. Nos deux protagonistes évoluent dans un monde où la nature a repris ses droits et sont en quête de noyaux de robots. Pour quelle raison? Tout simplement pour comprendre ce qui a pu causer l’effondrement et sauver le monde du déclin. Rien que ça. Si les enjeux semblent immenses, la quête reste très simple, ce qui n’est pas un mal en soi; cela permet de s’immerger facilement dans le récit. Qui plus est, les questions sous-jacentes ont éveillé mon intérêt: les humains s’en sortiront-ils? Apprendront-ils de leurs erreurs?
Néanmoins, j’ai un peu de mal à me projeter dans l’histoire notamment en ce qui concerne la dynamique du récit: peut-il y avoir des antagonistes? La difficulté à trouver les noyaux de robots sera-t-elle suffisante pour nous garder en haleine? Je suis curieux de découvrir ce que nous réserve l’autrice.
Scénario: 4/5
En ce qui concerne les dessins et globalement les visuels de Terrarium, je pense que vous avez déjà pu le constater: c’est magnifique ! (Encore merci à Glénat pour ces pages couleurs de qualité). Le trait est plutôt simple, rond et agréable. Les visages et les expressions véhiculent très bien les ressentis des personnages.
J’apprécie particulièrement la façon de tramer et la gestion des aplats de noirs de l’autrice. Tout est étrangement lumineux malgré des pages chargées. Le découpage est plutôt assez intéressant aussi, Yuna Hirasawa n’hésite pas à déstructurer complètement ses planches pour rendre plus dynamique et donner du sens à la narration.
Ceux qui apprécient les manga contemplatif, où les décors fourmillent de détails, seront servis!
Dessin: 4/5
L’un des points forts de Terrarium selon moi, c’est son univers. Dans un premier temps, il est assez original. On nous présente une planète où les humains ont cédé leur place, la nature a repris ses droits. Seuls les infrastructures et les robots subsistent. Cela pourra rappeler Dr.Stone à certains, pour le côté « post-apocalyptique ». Mais pour ma part, j’ai trouvé la proposition de Yuna Hirasawa bien plus maline car plus mystérieuse, et de fait, plus intrigante.
Dans un second temps, il est dense et cohérent. L’autrice explique avoir travaillé longuement sur cet univers et sur l’intégration de l’arcologie. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, l’arcologie est un concept où l’architecture et l’écologie se rencontrent. Par extension, dans les oeuvres de science-fiction, l’arcologie désigne des structures autonomes qui recréent des écosystèmes en leur sein.
Le tout s’accompagne des dessins très immersifs évoqués plus haut, en résulte un univers plus que complet.
Univers: 5/5
L’autre point fort, peut-être celui qui m’a le plus charmé, c’est la capacité du récit à transmettre des émotions. Si l’objectif des protagonistes est simple et peut paraître léger, les intrigues secondaires sont vraiment intéressantes. Au travers de personnages secondaires, l’autrice nous fait vivre tout un tas de situations et aborde autant de problématiques et de thématiques de cette façon.
Et si les acteurs de ces histoires sont des robots, il sera bel et bien questions de sentiments et de ressentis. Le récit l’évoque lui-même, « la barrière entre les humains et les robots est limite invisible ». Au final, c’est un récit à fleur de peau qui nous est proposé, où le regard empathique de l’héroïne nous transmet tout un tas d’émotions.
Émotion: 5/5
Terrarium en résumé:
Comme beaucoup, je n’avais pas vu venir ce titre et c’est peut-être pour cette raison que la claque fut si forte.
Avec Terrarium, Yuna Hirasawa nous emmène dans un univers particulier et original: son univers. Tout y est cohérent, du fonctionnement aux visuels. Quand l’autrice nous dit qu’elle a potassé l’arcologie (alliance architecture/écologie) on ne peut que la croire tant c’est solide.
En ce qui concerne le scénario, l’histoire se résume facilement: nos deux protagonistes doivent sauver l’humanité du déclin. Mais tout le soin apporté au traitement des personnages et aux intrigues secondaires rend le tout passionnant. Personnellement, c’est une lecture dont je me souviendrai pour tout ce qu’elle m’a fait ressentir. Terrarium fait partie de ces manga à fleur de peau qui ne peinent pas à nous faire partager tout un tas de sentiments.
Pour le dessin, les designs des personnages sont simples et très expressifs, ce qui participe évidemment aux ressentis lors de la lecture. Mais pour ma part, ce sont surtout les décors et les arrières-plans qui m’ont époustouflé. D’ailleurs, un gros bravo à Glénat pour les pages couleurs de ce tome 1. Tout semble harmonieux, équilibré: on a vraiment cette impression que la nature a repris ses droits. Il se dégage des paysages une atmosphère presque onirique et plutôt déconcertante en ce contexte post-apocalyptique.
Pour conclure, c’est une histoire vraiment poignante et prenante que j’ai découvert, une petite pépite comme on en trouve rarement! J’attends la suite avec impatience!