The Eminence in Shadow est un isekai (shonen au Japon, seinen en France) de Daisuke Aizawa (scénario), Anri Sakano (dessins) et Touzai (character design). Comme annoncé au mois d’octobre, le manga fait partie des nouvelles licences Doki-Doki. Les deux premiers tomes ayant débarqué le 5 Janvier en librairies, j’ai eu la chance de les recevoir et vous fais part aujourd’hui de mon avis suite à leur lecture.
Monsieur Sark est également de la partie pour vous donner son avis. Retrouvez le sien juste après le mien !
Premières impressions : la couverture
Bien qu’il ne faille jamais juger un livre sur sa couverture, cette dernière n’en demeure pas moins importante et se doit d’être à la hauteur de l’œuvre. C’est elle qui en donne un premier aperçu, elle qui attise notre curiosité quant au contenu et guide quelque part notre choix de s’approprier l’œuvre ou pas.
Dans le cas de The Eminence in Shadow, rien à dire, la jaquette du premier tome est vraiment jolie. Sobre et colorée, elle est ornée de jolies demoiselles toutes aussi sublimes les unes que les autres. Au coin droit et surplombant cette jaquette, on peut apercevoir le héros. C’est lui qui m’a le plus tapé à l’œil. Sa ressemblance avec Lelouch était déroutante. Il avait le même sourire malicieux et le même regard carmin faisant penser au Geass. Simple inspiration ou pâle copie ? La réponse se trouvait quelques pages plus loin. Les deux personnages n’ont rien à voir l’un avec l’autre (désolée Lelouch).
Passons ensuite à la couverture. Etant curieuse, j’enlève doucement la jaquette pour découvrir ce qui se cache en dessous. C’est toujours mon moment de plaisir : Est-ce que je vais retrouver la même illustration que sur la jaquette ou bien une autre inédite ? Vais-je retrouver des croquis, ébauches de design des personnages ou bien des anecdotes sur le protagoniste ou son entourage ? Surprise ! Il n’y avait rien du tout. Enfin si, il y avait bien une page blanche, avec le nom du manga et des auteurs mais ce n’était pas ce à quoi je m’attendais. Déception ravalée et douche froide passée, j’étais désormais prête à entamer ma lecture.
Note de la couverture : 1/2
Le scénario
Comme un certain nombre d’entre nous, j’entame toujours la lecture d’un isekai avec beaucoup d’appréhension. Qu’est-ce que l’auteur va bien pouvoir proposer de nouveau dans ce genre où tout semble avoir déjà été fait ?
Parlons d’abord de l’histoire de The Eminence in Shadow:
Le récit commence avec un personnage plutôt banal : Cid. Son rêve est de devenir une éminence de l’ombre. Un jour, lors d’un entraînement acharné, il aperçoit une lueur au loin. Était-ce la fameuse magie qu’il cherchait tant à acquérir ?
Dans son élan d’euphorie, il tombe sur un camion (truck-kun vous savez) et puis… réincarnation et s’en suit aussitôt mon premier étonnement. La réincarnation est balancée sans aucune explication, sans aucun contexte. Nous ne savons ni quand, ni comment, ni pourquoi il se retrouvera dans le nouveau monde où sa nouvelle vie avait déjà commencé.
Nous voici donc embarqués dans son histoire où il fera tout pour passer le plus inaperçu possible. L’anonymat, c’est une condition sine qua non pour devenir le manipulateur qu’il aspire à être : celui qui tirera toutes les ficelles depuis les coulisses. Mais qu’est-ce qu’un manipulateur sans manipulés ?
Il lui fallait construire son organisation, Shadow Garden. Pour cela, il prendra sous son aile sa première recrue, une elfe qu’il avait sauvé, Alpha. Afin de la faire adhérer à sa cause, il lui raconta une histoire tout droit sortie de son imaginaire. Celle de l’ordre de Diabolos, une secte qui ambitionne de ressusciter un démon des contes de fées d’antan appelé Diabolos. La mission de Shadow Garden sera d’empêcher cette résurrection.
Cependant, ce que Cid ignore, c’est que cette organisation existe bel et bien et il se trouve que chaque mensonge qu’il dit se révèle être vrai mais ça, il l’ignore complètement. Quant à son harem (oui, Shadow Garden ne compte que des demoiselles parmi ses rangs), il boit ses paroles sans jamais les remettre en question, croit à sa mission dur comme fer, mène son enquête sur la secte Diabolos soigneusement et prend son rôle de justicier très au sérieux.
Ensuite, mon avis :
Est-ce que j’ai eu l’impression de lire un énième isekai comme il en existe des milliers ? En grande partie, OUI. L’originalité n’est pas un mot que j’emploierais pour décrire ce manga mais son approche reste intéressante et sa lecture assez agréable. Le récit est parsemé d’humour et les réactions des personnages sont quelques fois allées à l’encontre de ce que j’imaginais.
Outre le manque d’originalité, un autre point faible vient s’ajouter au scénario : le nom des chapitres. Il se trouve que… ils n’ont en pas. Ils sont tous baptisés « épisode » suivi d’un numéro, comme des prisonniers. Pourquoi si peu d’effort sur un détail aussi important ?
Pour ce qui est de l’intrigue, elle est plutôt insipide dans ces deux premiers tomes. A part chercher à savoir qui sont les membres de l’ordre de Diabolos, découvrir quelles sont leurs vraies intentions et comprendre pourquoi tous les mensonges Cid s’avèrent être une réalité, il n’y pas grand-chose à se mettre sous la dent. Cependant, j’ai bon espoir d’avoir de belles surprises avec certains rebondissements dans les tomes à venir. Il y a assez de matière pour.
Parmi les pistes les plus intéressantes à creuser, il y a celle des adhérentes à Shadow Garden. Pourquoi marchent-elles dans l’histoire d’éminence de l’ombre de Cid sans jamais la remettre en question ? Ont-elles des intentions sous-jacentes ? Est-ce que ce sont elles qui le manipulent finalement et lui font croire le contraire ? Les réponses à ces questions pourraient servir l’histoire et lui faire prendre un tournant intéressant. A voir ce que cela donnera dans les prochains tomes.
Pour finir sur une note positive, j’ai adoré l’idée de présenter le chapitre bonus du premier tome de façon romancée. Retrouver de la lecture en fin de tome a permis de faire vivre mon imaginaire. C’était agréable.
Note du scénario : 3,5/6
Dessins/illustrations
S’il y bien une chose que j’ai vraiment appréciée dans ce manga, c’est le character design des personnages. Beau et soigné, il est à l’image de la noble société dans laquelle se déroule le récit. Touzai a fait du très bon travail (mention spéciale à la double page en couleur au début du premier tome). Même lorsque le chara-design des amis de Cid, Hyoro et Jaga, semble bâclé, il y a une raison valable derrière. Leurs têtes sont à l’image de leur simplicité d’esprit. C’était bien joué.
Côté décors et arrière-plans, le manga en manquait cruellement dans les premiers chapitres. Bien souvent, j’ai eu du mal à situer l’endroit où se déroulait l’action. Cela s’arrange en avançant dans la lecture et certaines planches sont même très belles. Par contre, aucun chapitre ne dispose d’une illustration pour l’introduire, ce qui est fort regrettable à mon sens.
Enfin, pour ce qui est du découpage, on est sur du classique de manga, cinématographique, simple et efficace. Les cases ne sont pas chargées et la compréhension reste accessible à tous. Quant aux scènes de combat, la plupart manquent de dynamisme.
Note dessins : 3,5/6
Personnages
Les personnages sont divers et variés et présentés au fur et à mesure que l’histoire avance. Le fait qu’ils ne soient pas introduits en masse rend la lecture aisée. On peut suivre tranquillement le cours du récit, sans se brûler les neurones sur qui est qui et qui fait quoi.
Chacun d’entre eux a sa propre personnalité, ses propres particularités et un rôle à jouer. Certains se démarquent plus que les autres tels qu’Alpha ou la princesse Iris. Malgré cela, on est bien loin de la grande écriture. Ils sont là, c’est bien, sans plus.
Tous les personnages gravitent autour du héros qui jusqu’à présent, n’a rien de particulier mis à part sa force qu’il déchaine lorsqu’il est dans la peau de Shadow. On ne sait pas encore si, comme c’est très souvent le cas dans les isekais classiques, il sera le plus fort de tous mais j’ai l’impression qu’on n’en est pas loin.
Note Personnages : 3/6
Note globale : 11/20
En résumé :
The Eminence in Shadow est un manga qui se laisse lire. Assez divertissant, il permet de passer un bon moment mais sans plus. Il n’y a pas d’intrigue profonde jusqu’à présent et quand on sait que ce sont 3 hommes qui se sont unis pour sortir cette œuvre, je ne peux qu’espérer que la suite soit meilleure. Pour eux comme pour nous. Et par meilleure, j’entends un scénario amené de façon différente, plus profonde, avec des rebondissements çà et là. Au vu des éléments actuels, il y a clairement de la matière pour.
Des efforts devront être faits sur la présentation des chapitres également. A défaut de leur donner un nom (trop tard ?), proposer a minima une illustration pour les plus importants.
Je vous donne rendez-vous pour la review du tome 3 pour voir si tout cela s’améliore !
L’avis de Monsieur Sark
Commençons par le début : la couverture. On est clairement sur du sombre (normal pour un homme de l’ombre). Sur-couverture noir intense, avec les personnages en couleur vive. (Casting très féminin). Et en parallèle contraste la couverture, elle est blanche sans rien ultra sobre avec juste un titre. Personnellement, j’aime bien.
Note couverture 2/2
L’histoire de The Eminence in Shadow est, comme dit plus haut, complexe. C’est un Isekai où le héros ne veut pas être un héros. Il ne cherche pas la gloire, il ne veut pas être sur le devant de la scène, il veut rester caché. Il veut juste tirer les ficelles dans l’ombre d’un jeu qu’il a lui-même créé. Tout en prenant des poses pour se la raconter. Il veut être tout puissant, mais sans que les autres ne le sache. Et surtout il est complètement perché. Scénaristiquement c’est drôle, c’est inventif, et fun.
Point négatif : on ne comprend pas tout. Dès le début, le personnage un brin mythomane nous dépeint une conspiration internationale d’un ordre maléfique voulant invoquer un démon. Sans plus d’explication, on découvre que ça existe vraiment. A chaque nouvelle affabulation du personnage nous avons toujours, sans explication, les choses qui se produisent vraiment, comme il l’avait dit.
Pour moi ça ouvre à plusieurs hypothèses des plus basiques au plus farfelus :
- Un instinct ultra développé qui le ferait tomber proche de la vérité à chaque coup
- Le personnage est clairement dans un délire où il s’invente des choses qui n’existent pas
- Il déforme carrément la vérité par un pouvoir étrange afin qu’elle se courbe à son désir, mais là on est sur du délire à la MATRIX.
Sinon, si c’est fait exprès pour la facilité scénaristique, là je serais bien déçu par l’œuvre.
Dans tous les cas le mystère est clairement en place et mon envie de savoir est très grande. Je mettrais donc la moyenne au scénario car je l’aime bien, mais il y a encore trop d’inconnues. Il a un fort potentiel mais pour les deux tomes d’introduction, il me manque quelque chose.
Note scénario 3/6
Niveau dessin, c’est beau, on ne va pas se mentir. C’est du dessin fluide, très qualitatif. C’est simple mais efficace. Les scènes dites actions sont plutôt sombres mais sûrement dû à l’environnement où l’action se passe. J’ai aussi apprécié les « floue » de certaines scènes pour ne pas tomber dans le graveleux ce qui aurait clairement gâché l’œuvre.
Niveau détail, pour moi je n’en ai pas assez, surtout sur les visages. Le dessin est très lisse, alors ça passe bien, mais j’aurai aimé plus d’expression sur les visages. Je suis peut-être difficile mais avec le nombre d’Isekai grandissant, il y a un très gros niveau de détail dans les œuvres à l’univers fantastique. Là il m’en manque un peu.
Note dessin 4/6
Les personnages sont intéressants. On commence l’œuvre avec une belle description de la psychologie du héros, (qui se trouve être aussi le narrateur). Ensuite de très nombreux personnages sont introduits avec une petite touche de leur personnalité. On suit leur évolution au fur et à mesure que l’histoire avance. Leur traitement est différent comparé à d’autres œuvres et leur dualité est mise en avant. C’est quelque chose qui vient favoriser notre identification.
Entre ce qu’on pense vraiment et ce qu’on montre. Entre le masque et notre vraie personnalité. Notre héros est un homme de l’ombre. Mais au cours de l’aventure on voit qu’on a tous un petit homme de l’ombre en nous qui change et varie suivant ce que l’on veut montrer ou pas. Un grand sourire peut cacher bien des choses. Chaque personnage est donc souvent plus profond qu’on ne le voit au début, et ça c’est un vrai point fort.
Note personnages 4/6
Note globale 13/20
En résumé :
The Eminence in Shadow est une œuvre différente des autres Isekais sur plusieurs aspects, ce qui est un de ses points forts. Cependant, je trouve que le grand potentiel de cette œuvre est encore un peu bancal sur certaines choses; mais ces points sont largement rectifiable dans la suite. Si ça se trouve, je retrouverais tout ce qui me manque dans le tome trois. C’est une bonne œuvre qui à de l’avenir. Et qui, je pense, saura nous surprendre sur plusieurs points.