De nous, il ne restera que des cendres, est une des dernières sorties Kana ! Voici mon avis sur l’histoire de Yū, le tueur à gages travesti!
De nous, il ne restera que des cendres: un seinen qui s’annonce palpitant !
Pour cette édition en 4 tomes de De nous, il ne restera que des cendres, Kana a vu les choses en grand ! Le seinen implacable de Akira Kasugai paraît dans la collection « Big« . On découvre ainsi un format un peu plus grand que la moyenne, A5 (21×14,8cm) avec une belle édition. Le papier est de qualité et on a même droit à 3 jolies pages couleurs. Pour ma part, j’aime beaucoup la couverture; qui rappelle un peu Kill Bill, dans sa composition et ses couleurs.
Et je dois dire que c’est choix très pertinent, qui apporte une plus-value par rapport à la couverture originale.
Violence… Séduction… Vengeance… Les apparences sont parfois trompeuses…
La bulle économique peut être synonyme de réussite mais aussi de chaos. Et c’est la loi du plus fort qui dicte le jeu. Dans cette période tumultueuse, une femme règle ses comptes. Mais elle est différente des autres. Tout d’abord, c’est une tueuse redoutable et ensuite, elle est en réalité… un homme.
Yū, le tueur qui se déguise en femme, traque, attaque, puis tue sa cible, sans pitié.
Un thriller violent et implacable terminé en 4 tomes !
© by KASUGAI Akira / Kadokawa Shoten
Un tatouage, une vengeance
L’histoire de De nous, il ne restera que des cendres est assez simple: c’est le récit des contrats d’un tueur à gages. Cependant, c’est un tueur très atypique que l’on suit ici. En effet, Yū n’a rien de l’assassin super charismatique, athlétique comme on en voit souvent. Non, Yū est un jeune homme assez chétif en fait. Mais c’est pour lui un excellent atout pour s’approcher de ses victimes sans évoquer les soupçons. Et pour brouiller encore plus les pistes… Il n’hésite pas à se travestir !
Malgré un rythme assez saccadé, puisque l’histoire est une succession de contrats, on perçoit clairement le fil conducteur de l’oeuvre : une enquête pour assouvir une vengeance. Un indice? Un tatouage seulement… Ainsi, c’est entre deux exécutions que l’intrigue se construit, à la recherche d’un assassin.
Histoire: 5/5
Pour ce qui est du dessin, le trait de Akira Kasugai est agréable. Les designs des personnages sont assez classiques; mais on n’attend pas vraiment d’extravagance lorsqu’on se lance dans la lecture d’un thriller comme celui-ci.
En revanche, là où l’auteur fait très fort, c’est dans les scènes d’action. D’abord, le découpage est maîtrisé, ce qui fait que chaque scène d’action est mise en exergue. Et ensuite, les poses et les mises en scènes que l’auteur choisit sont hyper dynamiques. Le résultat ne peut donc être que percutant visuellement. On a parfois l’impression de séquences de cinéma; le côté Kill Bill !
Mon seul reproche sur ce point, ce serait les arrière-plans. Si on a de beaux aperçus de villes, de clubs et autres hangars; il arrive souvent que les cases paraissent vides derrière les personnages.
Dessin: 4/5
Un autre point que j’ai particulièrement apprécié dans De nous, il ne restera que des cendres, c’est son univers.
Le récit prend place lors de la bulle spéculative japonaise, entre les années 80-90. Cette période troublée est propice aux manigances et trafics en tout genre.
Extorsion de fonds et abus de faiblesse, prostitution et trafic d’êtres humains, détournements de fonds, blanchiment d’argent… En bref, c’est une société corrompue jusqu’à la moelle qui nous est présentée.
On suit Yū et Jing, membres de Quing Tian Bang, une organisation de tueurs à gages dirigée par Wang. Fait intéressant, tout ce joli monde semble appartenir à aux triades chinoises; et on a régulièrement des passages en mandarin lors des dialogues; Yū se fait même appeler Xiaoyong. Ça n’a l’air de rien, mais cela donne de la cohérence et du réalisme à l’univers. Cela pourrait même permettre de l’étendre !
Univers: 5/5
Si l’on s’intéresse aux personnages, ils sont trois à sortir du lot dans ce premier tome. D’abord, il y a évidement Yū. Le tueur androgyne a su attirer ma sympathie dès les premières pages. Il fait preuve de droiture, de loyauté aussi. Même si c’est un tueur à gages, il a un honneur et des valeurs. Et on sent bien que quelque chose le tourmente, que s’il fait ça, c’est qu’il a une motivation viscérale qu’on est impatient de découvrir.
Il peut parfois paraître austère et misanthrope, mais cela est contrebalancé par Jing, sa collègue et Wang, le directeur de Quing Tian Bang (un organisme d’assassinat). Il y a une sorte de triangle amoureux entre les personnages, source de nombreuses situations cocasses qui apportent un peu de légèreté à ce récit noir. (Zimei, qui apparaît en fin de tome apporte également beaucoup d’humour).
Pour finir, je trouve que l’auteur utilise intelligemment son postulat de base. En effet, par l’intermédiaire du travestissement et des missions de Yū, il nous montre différents pans de ce personnage; qui en devient infiniment complexe à mon sens.
Personnages: 4/5
De nous, il ne restera que des cendres en résumé :
J’avais été interpellé par le synopsis original de l’oeuvre, et j’étais curieux de voir comment Akira Kasugai allait aborder le travestissement de son personnage. J’ai été surpris de voir que l’auteur l’utilisait à merveille, et que ce n’était pas qu’un artifice de l’histoire. En se travestissant, Yū remplit chacun de ses contrats d’assassinat en s’approchant au plus près de ses victimes; la couverture idéale! Mais c’est également un moyen pour l’auteur de complexifier le portrait de son personnage.
L’histoire, qui suit finalement chaque contrat de Yū, est bien rythmée. Elle nous garde en haleine en tissant une intrigue plus vaste en toile de fond; avec pour motif la vengeance. Un récit noir donc, mais qui s’adoucit grâce à des touches d’humour qu’apportent les personnages secondaires (Jing, Wang, Zimei…).
Au travers de cela, on découvre un univers riche, éminemment sombre et violent. Au beau milieu des triades chinoises et des yakuzas, l’oeuvre propose des thématiques rudes. Forcément, cela laisse place à des affrontements musclés, et à des rafales de balles. Dans l’idée, on est proche de Kill Bill et le dessin vient accentuer ce lien de parenté. C’est hyper dynamique, percutant dans les actions et les mises en scène, sanglant aussi. C’est un réel bonheur à lire et j’attends impatiemment la suite!