Pour cette nouvelle review, on parle d’un des derniers titres de la collection Dark Kana: le shōnen Tōgen Anki, la légende du sang maudit !
Tōgen Anki: le pouvoir coule dans tes veines !
Tōgen Anki est la première série de Yura Urashibara (a priori, certains disent qu’il s’agit d’une autre nom de plume de Suzaki Yosuke). C’est un shōnen prépublié dans le Weekly Shōnen Champion des éditions Akita Shoten depuis 2019. La série compte 7 tomes au Japon.
Avec ces deux premiers tomes, Kana nous offre deux beaux ouvrages. Les couvertures sont efficaces, elles donnent envie d’en savoir plus sur cette histoire. J’aime beaucoup la typographie du titre, elle me rappelle celle de Breaking Bad.
Le combat opposant le légendaire Momotarō et les Oni n’est pas terminé !
Une légende raconte qu’un enfant extrêmement fort serait né d’une pêche et baptisé Momotarō. Lorsqu’il devint assez grand et puissant, ce valeureux guerrier aurait chassé les Oni qui pillaient les villages.
Ce héros n’est pas une légende… Tout comme les Oni… Leurs descendants sont encore parmi nous et la bataille opposant le clan Momotarō au clan des Onis fait rage!
Shiki est un jeune garçon au sang chaud. Alors qu’il vient de se faire renvoyer de son école, il prend conscience qu’il possède du sang de Oni. Le clan Momotarō le cherche et veut l’éliminer. La quête de liberté de Shiki et des autres Oni commence!
À noter qu’un coffret regroupant les tomes 1 et 2 est également disponible à la vente. Il contient les tomes, une jaquette réversible pour chacun d’eux et 3 ex-libris.
Passons à la lecture!
Tōgen Anki suit l’histoire de Shiki, un orphelin élevé par Tsuyoshi Ichinose qui l’aurait trouvé dans une poubelle..! Notre protagoniste m’a paru assez original au premier abord. C’est un anti-héros, déçu par la réalité, il a abandonné tout rêve et n’a donc pas de motivation; il est d’ailleurs plutôt exécrable par son rejet de tout. On a également droit à un passage par une académie. Ainsi qu’une épreuve d’onigokko (鬼ごっこ; équivalent du jeu du loup, ou du chat perché) qui rappellera The Promised Neverland à ceux qui connaissent; j’ai trouvé cela plutôt pertinent et intéressant .
Mais par la suite, la série retombe dans les poncifs du nekketsu. Un héros tête brûlée, descendant de démons, qui fonce dans le tas pour protéger les autres tout en cherchant à accomplir sa vengeance. Classique en somme, et les fans de Blue Exorcist y trouveront peut-être une redite. Cela m’a un peu déçu; j’ai eu l’impression que l’auteur n’assumait pas les bases qu’il avait posées.
Néanmoins, j’ai bien aimé la lucidité de Shiki. Il est à la ramasse, il n’est pas « intelligent » et il le sait ! Et c’est d’ailleurs son ego, blessé par les autres plus doués, plus intelligents que lui, qui le pousse à avancer. En dehors de la vengeance, c’est un moteur original pour le récit.
Histoire: 3/5
Tōgen Anki se présente comme une réécriture de la légende de Momotarō. Et contrairement à Peach Boy Riverside qui reprend le même mythe, on suit ici le camp des Onis, les « méchants ». C’est un conte japonais qui est souvent repris, réinterprété mais qu’on connaît assez peu en occident je trouve. Pour moi, c’est donc une bonne idée de le remettre au goût du jour; surtout de cette façon.
Qui plus est, l’univers s’écarte assez de cette inspiration pour se créer sa propre identité. Les Onis sont une race humanoïde à part. Ils ont la particularité d’avoir un sang « magique » qu’ils peuvent modeler à l’aide de leur volonté. Les Momotarō quant à eux disposent de « germes » noirs, dont les capacités sont propres à chaque utilisateur. On a juste assez d’explications à ce sujet pour que tout soit compréhensible. Dès lors, les possibilités sont multiples et il n’y a finalement aucune limite puisque cela se base sur l’imagination!
L’opposition entre le clan Momotarō et celui des Onis apporte un univers mafieux et permet d’intégrer une foultitude de personnages. Tous ont l’air aussi barrés les uns que les autres. Vous y trouverez forcément votre compte à mon avis, d’autant plus qu’ils sont tous quelque chose d’attachant.
D’ailleurs, si vous êtes lecteurs de Mission Yozakura Family, un personnage vous rappellera Kyoichiro Yozakura je pense.
Univers: 5/5
Pour ce qui est du dessin, Yura Urashibara a un trait plutôt appréciable. Avec sa première série, Tōgen Anki, il nous offre des designs originaux et surtout beaucoup de dynamisme et de nervosité.
J’ai beaucoup aimé sa gestion du noir lors des scènes où le sang des Onis, ou même les germes noirs des Momotarō, se manifestent. Les effusions d’hémoglobine apportent un côté presque horrifique à l’oeuvre. C’est peut-être ce qui justifie le choix de Kana de publier la série dans sa collection Dark Kana (réservée à des histoires visant un public plus mature que la collection shōnen).
La diversité des manifestations des pouvoirs est également très bien rendue. Les phases où Shiki matérialise des armes à feu sont vraiment percutantes! Cela donne d’ailleurs encore plus d’aplomb à l’atmosphère « mafieuse » de l’oeuvre, déjà mise en avant par les visuels des personnages (manteaux longs, à fourrure, cigares…). C’est plutôt encourageant pour la suite de ce côté.
Mais petit bémol pour moi… Certains designs de personnages et certaines expressions sont encore approximatifs. Et on peut également noter les plastiques exagérées des personnages féminins… Elles ont toutes des seins énormes, et souvent c’est bancal anatomiquement… Fanservice quand tu nous tiens! Selon moi, l’auteur à encore du travail en ce qui concerne les personnages « âgés » et féminins donc.
Dessin: 3/5
Et pour finir, j’aborderai le rythme de Tōgen Anki; j’entends par là la gestion du dynamisme et celle de l’action. Au départ ça n’était vraiment pas gagné, avec des mouvements rigides; mais heureusement cela s’améliore par la suite! Les scènes de combats sont bien réalisées et assez percutantes. Le découpage dynamique des planches permet de rendre la lecture fluide et agréable.
Sur les deux premiers tomes, on découvre des situations diverses qui font varier le rythme de l’oeuvre. Tantôt l’auteur prend le temps de développer ses différents personnages (notamment les élèves de l’académie Rakshasa, et c’est un excellent point); tantôt il nous plonge dans le feu de l’action.
Au global, le rythme de l’oeuvre est assez rapide mais les transitions pas toujours maîtrisées. De ce point de vue là, c’est donc un peu mitigé…
Néanmoins les évènements s’enchaînent assez bien pour qu’on ne voit pas passer les tomes… Alors… Objectif atteint, non?
Rythme: 3/5
Tōgen Anki, en résumé:
Je ne vais pas mentir, j’ai vraiment apprécié ma lecture de Tōgen Anki. Et si j’avais simplement noté d’après mon ressenti, la note aurait pris 2 points de plus. Néanmoins, si j’ai passé un excellent moment avec Shiki, son histoire n’en est pas moins exempte de défauts.
L’univers m’a beaucoup plu. Il se base sur la légende de Momotarō, le pourfendeur de Onis, mais place ce dernier en antagoniste. On suit donc le camp des Onis, des humanoïdes capables de modeler leur sang à leur guise; face aux exécuteurs du clan Momotarō.
Shiki est un Oni qui cherche à venger son père adoptif, tué par les Momotarō. Pour atteindre son objectif, il intègre une académie d’Onis, et rencontre tout un tas de personnages. Un schéma classique de nekketsu, qui plus est quand le personnage principal est une tête brûlée prête à tout pour protéger les plus faibles. On peut tout de même noter quelques fulgurances comme le passage d’onigokko qui rappelle The Promised Neverland. Pour les amateurs de nekketsu, cela devrait vous plaire, pour les autres, il vous sera plus difficile d’adhérer à l’œuvre.
Graphiquement, c’est efficace. Et même si l’anatomie des personnages est un peu aléatoire parfois; les scènes d’action sont saisissantes, avec des pouvoirs impressionnants. Le découpage est assez dynamique pour rendre la lecture fluide et agréable; cependant, il ne parvient pas à nous faire oublier la maîtrise hésitante du rythme de l’oeuvre.
Ainsi, même si l’oeuvre est loin d’être parfaite, j’ai tout de même hâte d’en apprendre plus car les bases posées m’ont intrigué ! Un nouveau plaisir coupable finalement.
Note globale: 14/20
L’avis d’Aouiru sur Tōgen Anki
Avec ses deux premiers tomes, Tōgen Anki a tout les codes d’un shonen. On dirait un mix Jujutsu Kaisen et Blue Exorcist. On sent que l’auteur s’est inspiré de mangas à succès pour écrire son oeuvre. Pareil pour le protagoniste, héros typique d’un shonen nekketsu qui fait la racaille, est impulsif et qui dispose d’un pouvoir cheaté.
À première vue ce n’est pas un manga qui va révolutionner le game, mais les deux premiers tomes donnent quand même envie de voir comment ça va se passer après.
J’ai beaucoup apprécié le trait de l’auteur, notamment la façon dont il dessine les combats!