En grand amateur de fantasy, j’attendais de découvrir Frieren avec impatience ! C’est chose faite: voici mon avis sur les 2 premiers tomes !
Frieren: C’est l’histoire d’un héros, d’une elfe, d’un nain et d’un prêtre…!
Avec Frieren, Ki-oon renoue avec son identité première: la fantasy. Le manga, véritable succès critique et commercial au Japon, méritait une communication digne de ce nom. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les éditions Ki-oon y ont mis les moyens ! Tome collector, bande-annonce, affiches, kit-presse foisonnant de goodies… Il y a ce qu’il faut ! D’ailleurs, si le contenu du kit presse vous intéresse, vous pouvez le retrouver sur mon compte instagram: @le_nain_balin
Le jeune héros Himmel et ses compagnons, l’elfe Frieren, le nain Eisen et le prêtre Heiter, rentrent victorieux de leur combat contre le roi des démons. Au bout de dix années d’efforts, ils ont ramené la paix dans le royaume. Il est temps pour eux de retrouver une vie normale… Difficile à imaginer après tant d’aventures en commun !
Frieren, elle, ne semble guère touchée par la séparation. Pour la magicienne à la longévité exceptionnelle, une décennie ne pèse pas lourd. Elle reprend la route en solo et promet de retrouver ses camarades un demi-siècle plus tard. Elle tient parole… mais ces retrouvailles sont aussi les derniers instants passés avec Himmel, devenu un vieillard qui s’éteint paisiblement sous ses yeux. Frieren est sous le choc… La vie des humains est si courte ! L’elfe a beau être experte en magie, il lui reste encore un long chemin à parcourir pour comprendre la race humaine… Son nouvel objectif : s’initier aux arcanes du cœur !
En ce qui concerne l’édition, les deux premiers tomes sont assez conséquents, 200 pages environ. Je regrette un peu l’absence de pages couleurs et de bonus, ou même de mots de l’auteur; mais globalement c’est une très belle copie que présente Ki-oon.
Et si l’histoire ne s’arrêtait pas après avoir vaincu l’ennemi final?
Frieren, c’est un récit qui reprend les codes de l’heroic-fantasy: la quête d’un groupe dans un monde mythique. Mais l’histoire nous est racontée par un prisme assez audacieux; celui de « l’après ». Je m’explique. Dans le récit d’heroic-fantasy, on suit le voyage du héros de ses débuts jusqu’à l’accomplissement de sa quête. Dans Frieren, la quête a été accomplie, les héros sont célébrés. Finalement, ce que nous propose Kanehito YAMADA pourrait s’apparenter au développement très poussé d’un épilogue, qui débouche sur une nouvelle histoire. C’est déroutant, novateur et original, et de ce point de vue là, cela rapporte un vent de fraîcheur dans un genre qui s’enlisait peut-être un peu trop.
L’auteur va même pousser au paroxysme cette idée de « l’après » en jouant sur la longévité de son personnage principal. Dans ce monde, les elfes ont une durée de vie infiniment plus longue que celle des humains et cela les place en témoin de l’histoire des humains. Là encore, c’est une idée astucieuse qui permet d’innover.
Si l’on s’intéresse plus en détails à ce que racontent ces deux premiers tomes; ils ne sont qu’une grande introduction. Pour moi, on n’y trouve qu’une esquisse de quête; celle de comprendre la race humaine. C’est très contemplatif pour l’instant, on suit les errances des personnages et on ne sait pas vraiment où l’on va. À titre personnel, je trouve que ça manque un peu d’enjeux. On a la motivation interne de notre protagoniste mais l’objectif externe manque de consistance, il n’est pas assez tangible. Quelle sera la « récompense » de la quête ? Les Mémoires de la Grande Mage Flamme ? Le tome 2 m’a fait pensé que c’était assez anecdotique…
Histoire: 4/5
En ce qui concerne le dessin de Frieren, c’est pour l’instant très beau. Tsukasa ABE profite du rythme contemplatif de l’oeuvre pour donner une identité visuelle à l’univers. Les arrières-plans et les plans « paysages » très travaillés et soignés permettent d’accroître l’immersion dans le récit. On voyage vraiment à travers l’oeuvre.
Au niveau les designs globaux, on est pleinement dans les visuels d’heroic-fantasy. On retrouve les classiques : Elfes aux oreilles pointues et au teint clair; Nains à la grande barbe, avec un casque et une hache, Démons cornus, magiciens et sorciers tout de cape vêtus… Pour le coup, sur ce point, rien de bien novateur. Mais le tout est exécuté avec tellement de maestria qu’on l’accepte bien volontiers!
Je noterai également le soin apporté aux expressions des personnages mais aussi aux compositions des planches. Les séquences muettes sont tout bonnement magnifiques. Le découpage est aéré et cela permet une lecture fluide et agréable. On n’a pas d’impression de surcharge comme on peut en avoir dans plusieurs oeuvres du genre. Le dessin est alors un vrai vecteur d’émotions, mais nous je reviendrai sur ce point un peu plus tard!
En revanche, là où je reste sur ma faim c’est dans les scènes d’action. Évidemment, avec le rythme de ces deux tomes, il est difficile de placer de vraies séquences dynamiques, percutantes. Néanmoins, pour les quelques pics de tensions qu’on nous donne à voir, j’ai trouvé que ce n’était pas super ambitieux… Affaire à suivre donc!
Dessin: 4/5
Comme dit plus tôt, l’univers qu’on nous présente dans Frieren reprend toutes les caractéristiques d’un univers d’heroic-fantasy classique. En particulier les races archétypales : Humains, Elfes, Nains, Démons. On y retrouve également les créatures communes du genre, les dragons notamment, et les « classes »: mages, guerriers, prêtre… Étrangement, l’univers dégage une certaine cohérence, une crédibilité dans ce qu’il nous montre. Même pas besoin de suspension d’incrédulité à la lecture: ça fonctionne sans problème !
Mais l’auteur ne se limite pas au carcan conventionnel de la fantasy; il distille, ça et là, des créations qui lui sont propres. Il crée sa propre mythologie, ses propres légendes. Le meilleur exemple reste les « fleurs de la lune bleue ». Il y avait un aspect poétique, presque philosophique, dans ce passage que j’ai adoré. J’espère voir plus de créations de ce type par la suite.
En plus de cela, on perçoit l’évolution de l’univers au cours des tomes. En nous proposant une temporalité particulière, et propre à sa protagoniste, l’oeuvre nous montre quelque chose d’assez inédit et de très plaisant à suivre.
J’ai vraiment apprécié l’importance donnée aux livres tout au long des deux tomes. Les livres sont un témoin du temps et des évènements passés. Ils sont porteurs de connaissances, permettent d’apprendre toute sorte de sorts et sont donc synonyme de magie et de puissance. À plusieurs moments, on voit des bibliothèques bien garnies. Cela peut paraître anecdotique, mais c’est quelque chose qui apporte une densité et une cohérence considérables à cet univers. (Et en plus, cela véhicule un beau message).
Univers: 5/5
Et pour finir, je parlerai des personnages de Frieren, et en particulier de leur rôle dans la transmission des émotions.
D’abord, nous avons Frieren. Notre jeune elfe est un personnage haut en couleur, elle dit ce qu’elle pense, fait ce qu’elle veut comme elle l’entend. Régulièrement, on nous rappelle que, malgré une apparence juvénile, elle a un certain âge. Mais tout aussi souvent, on découvre Frieren dans des situations cocasses; on est surpris par son comportement puéril également, ou de sa dépendance aux autres personnages qui la protègent, la recadrent.
Le personnage est rempli de contrastes, de contradictions même, qui génèrent une belle dynamique. À elle seule, c’est finalement un petit tourbillon qu’on prend plaisir à suivre.
Au delà de ça, Kanehito YAMADA tire parti de ce personnage, et de ses relations avec les autres personnages. Avec cette elfe, au vieillissement très lent, il aborde tout un tas de thématiques liées à la fugacité de la vie, au souvenir, au deuil. Il se dégage alors du personnage et de l’oeuvre une certaine nostalgie, voire une mélancolie. Le manga acquiert presque une portée philosophique quand il s’agit de parler du temps qui s’écoule.
Mais ne vous y trompez pas, Frieren n’est pas un récit qui s’apitoie sur son sort. D’abord, plusieurs scènes comiques jalonnent l’oeuvre; elles apportent de la légèreté. Mais il y a aussi cette soif de connaissance, cette envie de découverte, de voyage, d’aventure qui donne du baume au coeur et confère à l’oeuvre quelque chose d’apaisant.
Personnages: 5/5
Un succès mérité ?
Frieren s’inscrit pleinement dans le genre de l’heroic fantasy; on a des Elfes, des Nains, des Humains, des Démons, des dragons, des héros évidemment. Un genre très codifié mais que le manga réinvente et dépoussière. Comment ? Tout simplement en plaçant son action APRÈS la résolution de la quête principale. Ainsi, le récit se présente comme une sorte d’épilogue, traitant de tout ce qui peut se passer après la résolution de l’intrigue. C’est atypique et c’est redoutablement efficace !
Au delà de ça, Frieren c’est aussi de très beaux visuels. Des paysages remplis de détails. Des designs tellement travaillés qu’ils nous paraissent (étrangement) crédibles et cohérents. Et surtout un travail magnifique de narration, qui passe par les expressions de visage et des pages muettes très évocatrices. Dans Frieren, le dessin est un puissant vecteur d’émotions.
Et c’est peut-être ça la plus grande force de Frieren: l’émotion. En tant qu’elfe, notre protagoniste a une perception très particulière du temps. Quand on a des milliers d’années devant soi, 10 ans ça paraît court! En faisant ce choix, l’auteur traite de plusieurs thématiques liées au temps qui passe, à la fugacité de la vie ; et le récit se teinte alors de nostalgie et d’une douce mélancolie, et acquiert presque une portée philosophique!
Pour moi, Frieren mérite tout à fait le succès et l’engouement qu’il suscite. Si vous hésitiez encore, je vous le recommande !
Note globale: 18/20
L’avis de Monsieur J. Sark sur les deux premiers tomes de Frieren!
Frieren est une grosse surprise. Il était annoncé, original et novateur, et …. Il l’est. L’histoire est la plus grosse surprise de ce manga, et aussi sa temporalité. Déjà l’histoire, ça commence clairement à la fin d’une aventure. C’est comme si vous lisiez une épopée, et une fois le grand méchant vaincu, vous aviez une saison deux qui vous raconte leur vie après l’exploit, pendant une période de paix, sans aventure. Dit comme ça on se demande bien ou cela peut conduire, et au début malgré la montée de la hype j’étais dubitatif.
Et en fait, l’histoire est très intéressante, et est rendue encore plus intéressante par sa temporalité, le personnage principal Frieren un elfe taciturne et un peu perché qui vit au fil de l’eau car elle ne vieillit pas. Son côté nonchalant et désintéressé, font couler sur elle le temps qui passe, comme une pluie fine. L’évènement qui change tout, crée un changement profond dans le personnage. Et ce qui est intéressant c’est que le lecteur s’en rend compte mais pas le personnage lui-même. Très vite dans ce genre d’aventure « l’équipe » s’agrandit et les aventures fourmillent. La différence avec le réel est la temporalité, l’aventure avance tout doucement, et en même temps elle dure très longtemps.
Histoire 4/5
Le dessin est très doux, beaucoup de détail et un trait vif. Ce qui se dégage de l’œuvre c’est une chaleur. Quand on le lit on se sent bien. On se balade doucement avec l’auteur au rythme de ses beaux dessins. Cela nous plonge dans un monde merveilleux, et un univers qui paraît immense. Le mangaka nous fait aussi vivre des émotions fortes dans ses scènes d’actions vives et dynamiques. C’est un gros niveau de dessin, ce qui pour une épopée comme celle-là, est essentiel, et qui pour sûr sera un élément phare de la réussite de cette série.
Dessin 4/5
Un autre point très fort les personnages. Ce que j’ai adoré, c’est qu’on s’éloigne vraiment de tous les clichés. On n’est pas sur du héros bodybuildé, ni sur de l’héroïne surgonflée. Les personnages sont de « vrais » gens, ils ont des peurs, des fêlures, un moral qui n’est pas à toute épreuve. Ils ont des doutes, des angoisses. Les personnages ont une vraie profondeur, qu’on découvre, petit à petit. Et progressivement on s’y attache, on comprend certaine chose. La temporalité joue aussi un grand rôle dans l’évolution des personnages. Sur ce point l’auteur a bien sûr traité ses personnages qui ont un grand impact sur l’histoire.
Personnages 4.5/5
Personnellement j’ai adoré l’ambiance de cette épopée, déjà c’est très heroic-fantasy, super bien orchestré par un dessin magnifique. Un univers très riche, et très vaste. Tout ce que j’aime. Forcément je suis le public. Mais si je regarde de loin, pour moi c’est une œuvre très complète qui sait très bien s’imbriquer dans un univers vaste dont je pense nous n’avons eu qu’un petit aperçu. Nous avons des elfes, des nains, des démons, des dragons, de la magie. C’est une fanfare qui nous joue une ode à la rêverie. Je suis clairement prêt pour la suite de l’aventure.
Univers 4.5/5
Globalement c’est une œuvre, intéressante, drôle, qui fait bien réfléchir sur la vie, son sens et sur ce qu’on en fait. Le tout dans un univers fantastique parfait, porté par un dessin de très haute qualité.
De plus on sent bien que la suite va être explosive.