Vagabond est un manga seinen créé en 1998 par Takehiko Inoue, édité par Tonkam et toujours en cours aujourd’hui. Dans ce manga, nous allons vivre les péripéties du célèbre samouraï Musashi Miyamoto. Ce manga, inspiré par l’oeuvre de Eiji Yoshikawa du nom de « Musashi Miyamoto », est un des mangas les plus connus de Takehiko. Il reçut d’ailleurs le prix du manga pour cette oeuvre en 2000 et ce prix fut donné par Kodansha.
Inoue Takehiko, artiste aux multiples talents et récompenses.
Takehiko Inoue, né le 12 janvier 1967, est un des mangakas les mieux payé du Japon. Cet honneur lui a été octroyé suite à son oeuvre magistrale qu’est Slam Dunk. Par ailleurs, celle-ci est son oeuvre la plus connue. Elle s’est vendue à plus de 110 millions de tomes au Japon en 14 ans, soit 3,5 millions d’exemplaires par tome. Le manga a ensuite été adapté à la télévision dans une série de 101 épisodes.
Nonobstant, avant de travailler à son compte, Takehiko a travaillé en tant qu’assistant pour Tsukasa Hōjō alors qu’il travaillait sur City Hunter. C’est en 1989 qu’il décide de se lancer dans une aventure solo avec Chameleon Jail. C’est un an plus tard qu’Inoue décide de créer Slam Dunk sans savoir que celui-ci allait devenir son oeuvre la plus connue. Par ailleurs, Inoue tire sa passion pour le basket du fait qu’il jouait y passionnément depuis le lycée. De plus, Takehiko a écrit plusieurs one-shots comme BabyFace ou encore Akagasuki. Il a aussi été character designer pour deux jeux et ceux-ci se nomment : One on One (un jeu de Basket) et Lost Odyssey (un RPG qui mèle combats et heroic fantasy). Vagabond parut 8 ans plus tard que Slam Dunk et ce manga est une adaptation assez libre du roman d’Eiji Yoshikawa.
Pour toutes ses oeuvres, il obtiendra quatre récompenses dont une pour Slam Dunk de la part de Shōgakukan en 1995 et une autre pour Vagabond de la part Kōdansha en 2000.
L’Histoire de Musashi Miyamoto par Takehiko Inoue.
Vagabond est un concentré d’Histoire comme on les aime. De plus, le dessin de Takehiko Inoue donne encore plus de vie à cette Histoire qui en est déjà remplie. On retrouve dans le manga le mélange subtil entre les touches d’humour d’Inoue et la splendeur des récits d’Eiji Yoshikawa. Musashi a beau ne pas être une copie conforme de ce qu’il était à l’époque mais reste néanmoins très attachant. On peut donc découvrir au fur et à mesure du manga l’évolution physique et mentale du personnage. Ce manga regorge de rebondissements, chaque personnage est travaillé et possède toujours sa part d’authenticité historiquement parlant. On va pouvoir rencontrer des personnage tel que Takuan Sōhō, Sekishusai Yagyu et j’en passe.
En ce qui concerne l’aptitude au combat de Musashi, évoluera tout au long du manga. Celle-ci sera de plus en plus surprenante et elle sera d’autant plus détaillée lors des combats qu’il mènera. Par ailleurs, pour aller plus loin que le manga en ce qui concerne l’art au combat de Musashi, celui-ci rédigea un livre lors de ses dernières années de vie. Ce livre se nomme « Le Traité des Cinq Roues » et dans cette ouvrage, Miyamoto y explique non seulement sa pensée mais aussi comment pratiquer son art. Voici le résumé de l’ouvrage :
« Au XVIe siècle, Miyamoto Musashi, samouraï invaincu par une vie de combats, maître ès armes et esprit de nombreux disciples, se retire dans une grotte quelques mois avant sa mort et rédige ce classique de la littérature universelle : Traité des Cinq Roues. Ce guerrier nous donne en un texte lumineux l’essence des arts martiaux et le secret d’une stratégie victorieuse qui transcende la violence et devient art de vivre et d’agir. Attitude qui explique aujourd’hui les raisons des succès japonais dans tous les domaines. Une leçon à méditer et à pratiquer : car l’esprit de l’art de l’épée peut s’appliquer à tous les gestes de la vie quotidienne. »
L’Histoire de Musashi Miyamoto selon Eiji Yoshikawa.
Le livre de Eiji est avant tout un roman, ce qui veut dire que l’Histoire contée par celui-ci n’est pas totalement véridique. L’Histoire de Miyamoto étant romancée, certains personnages figurant dans l’oeuvre sont encore controversés à ce jour. L’oeuvre en soi n’est pas la meilleure des sources en ce qui concerne l’aspect historique. Pour autant, cela reste une bonne approche pour appréhender l’univers qui entoure Musashi. Il faut aussi savoir que Musashi a vécu dans deux époques différentes ; l’ère Azushi Momoyama et l’ère Edo. La première est beaucoup moins dense que la deuxième en matière d’événements historiques. La deuxième, en revanche, est beaucoup plus dense et, pour comprendre le contexte, il y a beaucoup d’informations à assimiler. C’est aussi en raison de cela que Takehiko est assez libre en ce qui concerne l’adaptation du roman en manga.
Les personnages historiques dans Vagabond.
On ne va pas les citer tous car sinon, on n’en sortira jamais. On va donc en citer que les plus notables et les plus mémorables. Le premier personnage qui me vient à l’esprit est Takuan Sōhō. Ce personnage est un des premiers à apparaître dans le manga. Celui-ci est caractérisé, et ce, même dans l’Histoire, comme une personne avec une franchise très directe voire assez brutale. Il a aussi une personnalité très perspicace, souvent recherchée par les moines, les guerriers mais aussi les hommes politiques. Par ailleurs, la correspondance entre ce dernier et Yagyu Munenori a été capturée dans un livre du nom de « L’esprit indomptable« . En voici le résumé :
Dans leur ensemble, les trois écrits qui constituent cet ouvrage s’adressent à la classe des samouraïs et ont pour objet d’unifier l’esprit du zen à l’esprit du sabre.
Les conseils donnés mêlent les aspects pratiques, techniques et philosophiques qui président à toute confrontation et apportent à l’individu la connaissance de soi.
En établissant clairement l’unité du zen et du sabre, Sôhô Takuan a influencé les écrits de grands maîtres qui continuent à être lus et leurs préceptes à être appliqués; c’est le cas du Heihô-Kadensho (Le sabre de vie) de Munenori Yagyû et surtout du Gorin-no-shô (Le livre des Cinq roues) de Miyamoto Musashi.
Le style de ces hommes varie mais leurs conclusions s’imprègnent d’un haut niveau d’introspection et de compréhension, qu’elles soient exprimées en termes de « liberté et de spontanéité » par Musashi ou « d’esprit ordinaire qui ne connaît aucune règle » par Munenori, ou encore « d’esprit indomptable » par Takuan.
Le second est Shinmen Munisai. Alors pourquoi ce personnage est important ? Tout simplement parce que, au fil du manga, on va pouvoir apercevoir la différence entre la manière qu’a Musashi d’appréhender les souvenirs de son père. Au début, il voit les souvenirs de son père comme terrifiants. Cependant, au fur et à mesure du manga, on pourra voir qu’il prend plutôt ces souvenirs pour une motivation à devenir meilleur et vaincre tout les maîtres escrimeurs du pays. Son père était également un expert dans le maniement du sabre ainsi que de la jutte.
Le troisième et dernier que je vais citer est, ni plus ni moins, Hōzōin In’ei. Ce personnage est, d’après moi, un personnage très important et très attachant. Pourquoi ? Eh bien parce que c’est celui-ci qui va forger le mental de Musashi lors de sa préparation au combat contre Inshun Hōzōin. Ce dernier est, en plus, l’élève le plus fort de In’ei. In’ei est un moine bouddhiste, gardien des temples de Nara et maître à la lance. Autant dire que c’est un très bon maître pour vaincre Inshun.
Le contexte historique de Vagabond.
Comme dit plus haut, Musashi a vécu dans deux ères du Japon. Mais nous allons nous focaliser sur l’ère concernée dans Vagabond. Celle-ci est l’ère Edo. L’ère Edo s’étend de 1600 à 1868 et est aussi nommée « période Tokugawa » dû au nom du dirigeant. Durant cette époque, nous assistons à une paix dans l’entièreté du pays grâce à la famille Tokugawa. Le pouvoir fut acquis par la famille Tokugawa suite à leur victoire à la bataille de Sekigahara.
Les conséquences de la paix envers les samouraîs.
Cette période, gouvernée par le shogunat des Tokugawa, prendra fin lors de la restauration de Meiji. On peut constater, lors de cette période, que les samouraïs se retrouve sans travail. De plus, étant donné que les samouraïs ne peuvent pas retrouver leurs terres après cette bataille pour cause de nouvelles réformes. Il faut aussi savoir que les samouraïs sont des paysans durant les périodes de paix. Seulement, dû à ces réformes, ceux-ci ne peuvent pas reprendre leurs terres et se retrouvent donc sans emploi. Les samouraïs vont donc être victime de la famine et seront donc prêt à tout afin de pouvoir manger. On retrouvera donc dans cette époque, des samouraïs sans maître, appelés « ronin« , mais aussi des samouraïs déshonoré parce qu’ils ne sont pas mort sur le champs de bataille.
Conclusion sur l’oeuvre de Takehiko Inoue.
On retrouvera très bien cet aspect des samouraïs défavorisés lors de la lecture du manga. C’est aussi pour cela que c’est une très bonne oeuvre. Car on ne va pas avoir un univers totalement imaginé sur les samouraïs comme on en déjà vu. Cette oeuvre reste assez historique même si elle n’en demeure pas moins fantastique sur certains points. Ce manga permet d’avoir une très belle approche sur la vie durant la période Tokugawa et ses différents aspects.
Source : ELISEEFF D. et V., La civilisation japonaise, Paris, Arthaud, 1974, coll. Les Grandes Civilisations, n°13. (source pour achat : La Civilisation japonaise de Vadim Elisseeff
Source pour achat du livre « L’esprit indomptable » et « Le Traité des Cinq Roues » : L’esprit indomptable de Takuan Soho