En avant-première, voici notre review de Bubble, le film d’animation de WIT Studio qui sera disponible le 28 avril 2022 sur Netflix !
Avant de commencer, voici de quoi il retourne !
Dans un Tokyo où la gravité a été brisée, un garçon et une fille sont attirés l’un vers l’autre.
L’histoire se déroule à Tokyo, après que des bulles ayant brisé les lois de la gravité se soient abattues sur le monde.
Coupée du monde extérieur, Tokyo est devenue un terrain de jeu pour un groupe de jeunes gens qui ont perdu leur famille, servant de champ de bataille pour les équipes de parkour qui sautent d’immeuble en immeuble.
Hibiki, un jeune as connu pour son style dangereux, fait un jour un geste imprudent et tombe dans la mer à gravité réduite.
Sa vie est sauvée par Uta, une fille aux pouvoirs mystérieux. Les deux entendent alors un son unique qu’ils sont les seuls à pouvoir entendre.
Pourquoi Uta est-elle apparue devant Hibiki ? Leur rencontre mène à une révélation qui va changer le monde.
Si vous ne souhaitez pas vous gâcher le plaisir du visionnage, mais que vous voulez en voir plus… Découvrez toutes les informations sur le film juste ici:
Bubble : un film de WIT Studio avec des designs de Takeshi Obata!
Et si la Petite Sirène faisait du parkour ?
Bubble se déroule dans un monde post-apocalyptique. De Tokyo, il ne reste que des ruines, et la plupart sont submergées par les eaux. Néanmoins, comme une sorte de lueur d’espoir, des bulles recouvrent les paysages. Il y a un contraste intéressant entre la dureté des architectures métalliques et la douceur et la légèreté des bulles. Mais il ne faut pas oublier que les bulles sont la cause du cataclysme… Est-ce une invitation à se méfier des apparences ? J’ai beaucoup apprécié ce postulat de base, déconcertant mais surtout très intrigant.
Au delà de cette toile de fond, le film nous fait découvrir une société qui s’articule autour du parkour. L’idée est originale. Pour ma part, je n’avais jamais vu d’anime ou de manga abordant le parkour de la sorte. Alors évidemment, quand le sujet est atypique et qu’il est bien traité; je ne peux que valider !
Un autre point que j’ai beaucoup apprécié, ce sont les références à La Petite Sirène de Hans Christian Andersen. Le film de Gen Urobuchi peut en fait être vu comme une réécriture, une réinterprétation moderne du conte de l’auteur danois. Encore une fois, il y a un contraste que j’ai trouvé intéressant; une opposition entre la modernité, la rudesse du parkour et l’aspect ancien, chaleureux des contes.
Univers: 5/5
Dans un premier temps, Bubble présente une ambiance « survie », un peu Koh-Lanta dans l’idée. Des équipes s’affrontent dans des courses de parkour afin de gagner des denrées. Mais pas de fatalité, personne ne meurt de faim suite à une défaite ! J’ai trouvé cela un peu dommage, ça réduit drastiquement les enjeux des courses. Il n’y a pas de nécessité de survivre pour Hibiki ou les autres.
Puis vient l’arrivée d’Uta. Cette dernière apporte évidemment beaucoup d’intrigue. D’abord il y a le mystère autour de son apparition mais également de son identité. D’où vient-elle ? Qui est-elle ? Qu’est-elle finalement ?
Rapidement, la relation entre elle et Hibiki devient le moteur de l’histoire. Les bulles et un mystérieux chant semblent les lier. Les deux personnages cherchent à se comprendre, ils apprennent l’un de l’autre. Ce n’est pas ce qu’on fait de mieux pour maintenir l’attention d’un spectateur, mais c’est le choix qui a été fait.
Mais le principal reproche que je ferai à ce film… C’est que les enjeux sont difficiles à cerner ! Et pour cette raison, je n’ai pas vraiment ressenti de tension, d’urgence de voir la suite du film. Quel est l’élément à résoudre ? Qu’est-ce qui empêche les protagonistes de parvenir à une résolution ? « L’antagoniste » présenté ne m’a pas convaincu…
Scénario: 3/5
Maintenant, passons à la forme, car quand un anime est produit par WIT Studio… On a des attentes ! Dans les premiers instants de Bubble, l’animation m’a parue un peu mollassonne. J’ai été un peu déçu même… Mais heureusement, elle gagne vite en dynamisme et en intensité.
On a alors droit à des mises en scènes impressionnantes sur les phases de parkour, et de belles idées qui amènent à une expérience de visionnage particulière. Il n’y a pas à dire, les propositions visuelles sont à la hauteur de ce sport acrobatique !
Arrières-plans, décors très travaillés, rendent bien l’ambiance post-apocalyptique et féérique
J’ai cependant une petite déception sur ce qui est des designs des personnages… Ils sont assez génériques… Hormis Uta, qui s’inspire d’une idol et qui apporte un soupçon fantaisie, les autres ne m’ont pas marqué.
Visuels : 5/5
Et pour finir, je souhaitais parler des personnages et de ce qu’ils apportent au récit. Certaines choses ne sont peut-être que des divagations de mon esprit quelque peu torturé, mais je me dis que d’autres le verront probablement.
Hibiki est un personnage que certains trouveront peut-être ennuyant, mais pour ma part, je l’ai trouvé très intéressant. Il est distant, froid, pas loin d’être antipathique d’ailleurs. Sans que cela ne soit nommé est-il question de troubles du spectre de l’autisme ? Des difficultés d’interaction sociales et de communication, un comportement et des intérêts à caractère restreint, ici le parkour…? À cela s’ajoutent le port d’un casque pour limiter les stimulations sonores extérieures; l’écoute de musique pour apaiser, calmer, l’isolement, une certaine peur de l’autre… C’est caricatural, mais ça pourrait coller avec les représentations. Mais peut-être n’est-il question que d’asocialité; un thème récurrent dans l’animation japonaise.
Uta est quant à elle un personnage fantastique, une sorte de mirage, elle a quelque chose d’irréel. En cela, il est assez difficile de la cerner et de la décrire. En ce qui me concerne, je l’ai perçue comme un lien entre le monde interne d’Hibiki, qui se compose de musique, de parkour et le monde qui l’entoure, les autres, les problématiques du monde réel. Lorsqu’il apprend à connaître Uta, en se dévoilant, c’est comme si Hibiki s’ouvrait au monde extérieur. Il trouve de l’intérêt à s’accrocher à la réalité.
La morale de ce récit pourrait-être questionnée. Une personne peut devenir notre lien avec le monde, elle peut être ce pilier qui nous rattache à une réalité. Mais qu’en est-il si cette personne relève du rêve ?
Mais peut-être faut-il prendre en compte les occurrences de La Petite Sirène ? Sous cet angle, on peut alors voir les contes, l’imaginaire comme un moyen de se raccrocher à une réalité qui nous échappe en premier lieu.
Personnages: 4/5
Bubble, en résumé !
Bubble nous propose un univers tout en contraste, où les ruines de structures métalliques dures et froides côtoient des bulles douces et scintillantes. Au beau milieu de ce monde dévasté teinté d’onirisme, on suit les derniers survivants de l’humanité. Par équipe, ils s’affrontent lors de courses de parkour pour gagner des denrées.
Mais là n’est pas l’intrigue principale du film. En effet, c’est autour du taciturne Hibiki et de la mystérieuse Uta que se concentre le récit. Tout au long de l’histoire, c’est leur relation, et l’existence même d’Uta qui sont au centre de l’action. Une étrange mélodie lie nos deux protagonistes… Mais que signifie-t-elle ?
Hibiki est un personnage que j’ai trouvé intéressant. Il a des difficultés d’interactions sociales. Il se protège des stimulations sonores en portant un casque et en écoutant de la musique. Mais lorsqu’il se lance dans une course… Il a tout d’un génie. Peut-être que je vais trop loin en y voyant un personnage TSA, mais cela reste une construction intéressante.
Qui plus est quand Hibiki est co-construit avec Uta. La jeune fille, Petite Sirène japonaise, permet de le raccrocher au monde réel, de lui donner un nouvel intérêt.
Malheureusement, malgré cette relation plutôt bien menée, le film a peiné à me convaincre pour la simple raison que les enjeux ne sont pas clairs… Quel est l’élément à résoudre ? Quels sont les obstacles ?
En revanche, là où Bubble tire son épingle du jeu, c’est d’abord dans ses visuels ! L’animation est magnifique, les mises en scène sont ambitieuses, audacieuses. Le tout est dynamique, à la hauteur du sport acrobatique qu’est le parkour !
Note globale: 17/20
L’avis de Louis sur Bubble !
Bubble. Un concept aussi délirant que simple. Si bien que lorsque le premier trailer est sorti, je fus tout de suite intrigué par la promesse. Et enfin, le film sort. Et quelle ne fut pas ma stupéfaction en visionnant cette histoire de fantasy post apocalyptique, qui est également une relecture moderne de La Petite Sirène.
Quand je repense à mon visionnage de Bubble, ce qui m’a d’abord marqué est avant tout ses OST et ses visuels ! Il est très plaisant de voir que WIT Studio maîtrise toujours aussi bien son format, et nous en met plein les mirettes. Que ce soit dans des moments calmes, contemplatifs, où les décors et personnages sont admirablement dessinés. Ou bien dans des moments beaucoup plus dynamiques, rythmés, où la mise en scène et la maîtrise des arrières-plans et décors est au rendez-vous, malgré le mouvement. Notamment pendant toutes les scènes de parkour.
Car oui, il s’agit bien là d’une histoire sur le parkour. Si certains, à juste titre, peuvent remettre en cause la pertinence de cet élément dans le scénario, je pense autrement. A mes yeux, le parkour représente beaucoup de choses dans cette histoire. Que ce soit la liberté accordée par cette discipline, et que recherche les personnages; ou encore la comparaison avec une danse, chorégraphiée, basée sur un rythme et un son, qu’Uta et Hibiki suivent parfois ensemble. En lien aussi avec la thématique de la recherche de soi, de son propre « rythme ». Sans compter que dans le contexte de l’univers, le développement de la discipline du parkour est totalement cohérent.
Il est encore plus plaisant de voir tout cela couplé à la musique de Hiroyuki Sawano, compositeur renommé de Shingeki no Kyojin, entre autres et dont le talent n’est plus à prouver. Avec seulement 8 notes, en 1 seule musique, on ressent toute l’émotion et les thématiques du film. J’ai plus d’une fois vibré en entendant la musique. Ce qui est ingénieux également, c’est l’utilisation de cette musique de manière intradiégétique et extradiégétique. Pour ceux qui ne le sauraient pas, une musique extradiégétique dans une oeuvre est une musique que seul le spectateur entend, à l’extérieur du récit. Tandis qu’intradiégétique, c’est à la fois une musique que les spectateurs entendent, mais aussi personnages, à l’intérieur de la narration. Et il s’agit bien de cela en ce qui concerne le fameux chant, que seuls Hibiki et Uta parmis tout les personnages peuvent entendre.
Tout ce qui concerne la forme est au service de l’univers, des personnages et du scénario. Si la structure du scénario reste simple et très prévisible, l’univers a ce quelque chose de poétique et fantaisie très fascinant. Et le scénario profite de l’univers et des personnages. Cela apporte notamment des thématiques aussi intéressantes que la recherche de soi ou de l’autre, notre monde intérieur, l’ouverture au monde, la liberté, ou même encore les catastrophes écologiques et leurs conséquences. Si la plupart des persos secondaires sont oubliables; ce qui est plus intéressant, c’est la relation et dynamique entre Uta et Hibiki. Cette relation incarne à la perfection la revisite moderne du conte de La Petite Sirène, et beaucoup de thématiques cité plus haut.
Cependant, les composantes même du scénario sont un peu maladroites. Et comme mon camarade Balin, je trouve que ça manque d’enjeu, ou du moins, que les enjeux ne sont pas bien représentés. On perd en effet un peu en tension, même lors du climax. Climax d’ailleurs prévisible dès le début de l’histoire.