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300 jours avec toi : à l’ombre des cerisiers en fleurs

  • Emma 
300 jours avec toi Boku wa mata, Kimi ni Sayonara no Kazu wo Miru Doki Doki Intégrale tome 1 tome 2 Avis review critique Seinen Romance Drame

« C’était une belle journée de printemps, les cerisiers étaient en fleur… ». Quelle phrase pourrait mieux résumer une rencontre aussi fugace et pourtant aussi remarquable que la floraison des cerisiers ? C’est cette rencontre, ces derniers instants de vie, que Naoto va tenter de nous raconter : les 300 derniers jours de la jeune Miu Minehara.

Couverture manga : 300 jours avec toi, Kôhei Nagashii
© Kôhei Nagashii / Doki-Doki

Synopsis

La vie est aussi fugace que les cerisiers en fleur… Mais pas notre amour. En ce jour de printemps rempli de pétales de fleurs de cerisier, je l’ai rencontrée. Une fille solaire et pleine de vie. Mais lorsque j’ai pris sa main, un nombre troublant est apparu au-dessus de sa tête : « 300 ». Voici notre histoire commune, au fil des jours qui défilent trop vite…

Scénario 16/20

300 jours : « Donne moi la main, Minehara »

Sorti en France chez Doki-Doki le 20 avril dernier, 300 jours avec toi est l’adaptation d’un roman éponyme signé Masaki Kiritomo. Ce seinen de deux tomes seulement, dessiné par Kôhei Nagashii, évoque la naissance puis la consécration d’un amour rendu impossible par un compte à rebours funeste. 300, c’est le nombre de jours qu’il reste à vivre à Miu Minehara, la jeune et jolie fille que Naoto Sasaki a rencontré au bord d’un lac, un bel après-midi de printemps. Une rencontre qui, avec une simple main tendue, a bouleversé toute son existence.

L’histoire est très attachante. Malgré des débuts quelque peu maladroits – avec un humour et des dialogues pas toujours maitrisés – le lecteur est rapidement plongé dans l’intrigue de ces jeunes adultes qui expérimentent les premiers moments de la vie amoureuse. Mais ce qui pourrait s’apparenter à une simple romance bascule dès le premier chapitre dans le drame pour proposer une toute nouvelle approche : 300 jours seulement pour profiter pleinement d’une rencontre et d’une vie. Si le premier tome reste en surface et ouvre une fenêtre sur les aspects simples de la vie amoureuse, le second, beaucoup plus sombre et oppressant, rappelle l’urgence de vivre et de profiter de chaque instant.

253 jours : « Tu veux bien devenir ma petite amie ? »

L’histoire aborde les aspects simples d’un couple : la rencontre, le premier rendez-vous, l’anniversaire, la jalousie, les joies, les peines, la première fois… Le tout avec une sincérité et une simplicité très touchantes. Il est vrai que le scénario peut parfois manquer de rythme et d’intérêt dans les premières pages, mais l’évolution touchante de cette relation reste agréable à suivre. Naoto oublie progressivement les nombres qui défilent pour profiter de chaque instant avec Miu avec l’insouciance nécessaire pour faire face à une telle réalité. C’est à la fin du tome 2 que l’histoire prend une tournure d’autant plus intéressante car Naoto comprend que la fuite n’est plus permise. A présent, il doit combattre la dure réalité.

207 jours : « Dis moi d’abord… Si Miu… va s’en sortir. »

Au-delà d’une romance pas très originale – il faut bien l’avouer – ce qui rend l’œuvre intéressante c’est le sentiment d’urgence que ressent le lecteur en tournant les pages. Comme Naoto, il suit le décompte de la vie de Miu avec attention. La question incessante qui tourne en boucle : les chiffres représentent-ils vraiment l’espérance de vie de Miu ? Ne peut-elle pas s’en sortir ? Que va-t-il lui arriver ? Tant de questions qui trouvent rapidement une réponse et qui font basculer le tome 2 dans une ambiance plus pesante. A 201 jours (début du tome 2), finie l’insouciance. C’est le temps qui s’accélère, l’espoir qui cherche un chemin, les secrets qui refont surface et les derniers instants qu’il ne faut pas gâcher…

Je n’en dirai pas trop pour vous laissez découvrir le récit par vous-même… Mais même si l’issue semble évidente, la lecture trouve tout son intérêt dans le chemin parcouru par les deux personnages qui poursuivent leurs désirs et leurs rêves tout en essayant de ne pas avoir de regrets le moment venu.

300 jours avec toi : rencontre de Miu et Naoto sous les cerisiers en fleur
© Kôhei Nagashii / Doki-Doki

Personnages 16/20

L’histoire se résume en quelques personnages. Miu et Naoto forment le couple phare de l’intrigue. C’est à travers l’évolution de leur relation qu’on assiste impuissant au décompte qui plane au-dessus de leur tête.

Naoto, le héros en proie au désespoir

Le personnage de Naoto est touchant par sa maladresse. Très timide et peu sociabilisée, c’est un jeune homme qui ne sait pas comment se comporter en société et qui apprécie la solitude. Complètement novice en amour, il enchaîne les erreurs et les quiproquos ce qui lui donne un côté très attachant. Pour moi, c’est le personnage clé de l’intrigue, celui qui lui donne toute sa profondeur et son intérêt.

Naoto est présent dans la quasi totalité des scènes. C’est à travers son regard que l’on découvre les événements qui se sont passés ces 300 derniers jours. De sa rencontre avec Miu avec l’accélération du décompte, Kôhei Nagashii nous montre un panel incroyable d’émotions. Amour, peur, angoisse, espoir, détermination, résilience, culpabilité… Etant le seul à connaître le destin funeste de Miu, Naoto est progressivement plongé dans un profond désespoir et un fort sentiment d’impuissance. Le poids de ce fardeau, il le fait également peser sur les épaules du lecteur, comme pour lui dire de le suivre avec lui jusqu’à la fin.

Miu, la résiliente figure solaire

« Fragile » : voilà le premier adjectif que Naoto utilise pour décrire Miu. Bien qu’elle vive en permanence avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête (littéralement dans ce cas précis), c’est pourtant elle le personnage le plus fort du récit. Présentée comme une fille pleine de vie, chaleureuse et enthousiaste, elle est le rayon de soleil de l’œuvre – bien qu’il soit évident que certains sourires ne sont que de façade.

A travers le personnage de Miu, Kôhei Nagashii rappelle qu’il faut vivre le moment présent tant qu’il est encore temps, se battre pour ses rêves et ne jamais abandonner. Tout au contraire, le personnage de Naoto est le plus en proie aux angoisses et à la peur, car il expérimente le bousculement des émotions, l’impuissance et le désespoir ressentis à l’approche de la disparition d’un proche.

Cependant, je reste mitigée vis-à-vis de Miu. Je ne suis pas une grande adepte de ses blagues et de certaines de ses réactions qui rendent l’intrigue un peu lourde et larmoyante. Elle reste néanmoins un personnage drôle et attachant qui donne un côté frais au récit.

Les autres personnages

Les amis du couple, Lena et Katsuya, sont plutôt en retrait. Le bémol de l’histoire est peut-être qu’elle reste trop en surface sur le développement des personnages. On sait peu de choses sur la vie de chacun et beaucoup de scènes assez anecdotiques auraient mérité de laisser place à plus de développement pour les personnages secondaires ou le passé des héros.

Lena, Uehara et la tante de Naoto sont des intermédiaires qui servent de prétexte à l’évolution de Miu et Naoto. Cependant, ils ne possèdent pas de vraie intrigue, une qui leur soit propre; ce qui est un peu dommage.

300 jours avec toi : Naoko voit le décompte pour la premières fois
© Kôhei Nagashii / Doki-Doki

Dessin 17/20

Sur les dessins, rien à dire. Le style de Kôhei Nagashii est très doux et subtil. Ses dessins transmettent parfaitement les émotions et l’atmosphère de chaque scène. Quant aux décors et à l’utilisation des trames, ils sont bien exécutés et donnent une joli rendu d’ensemble. Le vrai atout du dessin repose dans les doubles pages qui transmettent à la perfection l’émotion que le mangaka souhaite faire ressentir au lecteur. Toutefois, je regrette un peu la simplicité du style des personnages et notamment de leurs vêtements. La majorité des détails étant uniquement concentrés sur le personnage de Miu.

300 jours avec toi : rencontre Miu et Naoto, balade en barque
© Kôhei Nagashii / Doki-Doki

Message 19/20

Ce récit en deux volumes traite énormément de sujets complexes en peu de pages. La mort, la maladie, l’espoir, l’amour, l’amitié, la résilience, la désillusion… Tous ces thèmes auxquels sont confrontés les personnages font la force du récit. La conclusion, prévisible mais tout aussi funeste, demeure toutefois remplie d’espoir. Dans son œuvre, Masaki Kiritomo rappelle avec justesse la fugacité de la vie et peut-être aussi l’urgence de vivre.

La réflexion en parallèle sur le métier de médecin apporte une dimension nouvelle au récit. Le médecin doit être capable de mettre de côté ses sentiments et de savoir analyser la maladie de son patient de manière objective. Il doit malheureusement savoir reconnaître quand c’est une impasse et apprendre la résilience et parfois la fatalité…

En résumé

300 jours avec toi est un récit sans prétention qui offre un moment de lecture agréable, prenant, parfois difficile mais dont on ressort conquis et bouleversé. A lire absolument.

Note globale : 17/20

Les deux tomes du manga sont disponibles en librairie depuis le 20 avril dernier chez Doki-Doki.