Je continue ma lecture de Frieren en vous donnant mon avis sur les tomes 3 et 4 de ce manga de fantasy des éditions Ki-oon !
Si vous ne connaissez pas le titre, vous pouvez retrouver notre présentation des tomes 1 et 2 juste ici:
Frieren, retour en force de l’heroic fantasy !
L’aventure continue…!
Pour ces deux nouveaux tomes, Ki-oon ne change pas la recette en nous offrant des tomes assez fournis (environ 200 pages). Les couvertures sont très jolies, encore une fois, mais j’avoue préférer celle du tome 4.
Stark, guerrier et disciple d’Eisen, a rejoint les deux mages dans leur périple. Ensemble, ils arrivent dans le comté de Granat, mais une surprise de taille les attend : des démons à l’apparence humaine se baladent comme si de rien n’était en ville ! Frieren n’est cependant pas dupe, elle sait que leur présence n’augure rien de bon…
La suite des événements lui donne malheureusement raison. Tandis que les éclaireurs tentent de briser la barrière magique de la cité de l’intérieur, une armée dirigée par nulle autre qu’Aura la Guillotine, qui fait partie des sept sages du chaos, se tient prête à attaquer à quelques kilomètres de là ! L’elfe parviendra-t-elle à l’arrêter ?
Frieren – le temps passe, les souvenirs restent !
Après la mise en bouche des deux premiers tomes, j’avais hâte de retrouver Frieren. Les tomes 3 et 4 continuent sur la lancée amorcée. Ils nous proposent une succession d’histoires courtes, dont le fil rouge reste une destination: Ende, là où se trouve le château du roi des démons.
Le rythme s’accélère un peu, avec des confrontations contre les démons, sur plusieurs fronts. Mais le scénario revient très vite à cet aspect de quêtes secondaires que l’on réalise lorsque l’on a terminé l’intrigue principale. C’est l’originalité de l’œuvre, ce qui fait son charme bien que cette absence de tension scénaristique puisse rebuter. Je noterai quand même l’introduction d’une intrigue sur un terme plus court, celle de l’examen de mage, qui est assez appréciable ! Le classique tournoi shōnen…? Probablement pas !
Parfois, les histoires ne semblent être là que pour meubler; mais la plupart du temps, elles servent à développer l’univers, les personnages, et leurs relations. Le titre ne brille pas par son action, et même si cela peut-être dommageable, ce n’est pas ce qu’il prétend faire. C’est bien plus un voyage, un dépaysement. Et sur ce point, c’est plutôt réussi.
Scénario : 3,5/5
Si Frieren est aussi efficace, c’est parce qu’il développe une atmosphère très particulière. Dans l’histoire, le temps est un thème omniprésent. Du fait de la longévité de notre elfe préférée, la perception de toute durée est complètement différente de celle à laquelle on peut être habitué.
Ainsi, des années peuvent paraître courtes. Revoir un ami après 10 ans donne l’impression qu’on l’a vu hier. Et dire à un autre « à dans 50 ans » laisse penser qu’on le verra d’ici quelques jours. L’oeuvre acquiert ainsi une dimension intemporelle, et peut nous pousser à relativiser notre gestion personnelle du temps. C’est également un ressort comique qui vient donner une note plus légère à l’oeuvre.
Cette ambiance particulière est renforcée par la narration et le découpage. À plusieurs reprises, Tsukasa Abe propose des pages muettes. Elles s’organisent comme un ensemble de cases qui représente plusieurs moments d’un temps long. Comme si on ne gardait que des images intéressantes d’une séquence qu’on serait en train de regarder. Cela a quelque chose de très cinématographique, et de très poétique aussi.
Ambiance : 5/5
Ainsi, les visuels sont primordiaux dans Frieren. Ce sont eux qui, en grande partie, permettent une immersion dans cette ligne de temps si peu commune. On retrouve les paysages sublimes des deux premiers tomes. Et il en va donc de même pour les moments hors du temps, muets. J’ai particulièrement apprécié les passages neigeux, qui marquent la saison hivernale et traduisent subtilement le temps qui passent dans l’oeuvres.
Là où le dessin convainc moins, c’est dans les scènes d’action. Que ce soit le posing ou le découpage, l’ensemble est assez rigide. L’action peine à prendre de la vitesse, à être percutante. Ainsi, même si elles sont peu nombreuses, ces séquences restent comme une des faiblesses de l’oeuvre.
Mais comme je l’ai dit plus haut, l’intérêt du titre ne réside pas dans sa tension, plutôt dans les émotions qu’il nous transmet. Et sur ce point, le titre fait mouche, notamment grâce au travail sur les expressions de visage et sur les mises en scènes. On rit face à certaines moues, on est attendri par certains regards, on est ému de certaines réactions.
Dessin : 3,5/5
Et si je dois évoquer un point qui m’a marqué dans les tomes 3 et 4 de Frieren, ce serait assurément les personnages. Bien évidemment, on retrouve Frieren, Fern et Stark. Tous trois ont droit à un approfondissement. De leur histoire à travers des flashbacks. Mais aussi de leurs relations, à travers des moments de quotidiens comme les anniversaires (encore une fois, un marqueur du temps qui passe). Kanehito Yamada parvient ainsi à nous attacher encore plus à ces personnages, et redéfinit par la même occasion le héros.
D’autres personnages rejoignent l’aventure. On découvre ainsi Kraft, un moine guerrier elfe. Mais aussi Sein, un prêtre qui a renoncé à partir à l’aventure et qui désormais se complait dans l’alcool et la luxure. Oui, les prêtres sont particuliers dans ce monde. Au delà des aspects comiques de sa personnalité, il a su me toucher. Son traitement et lui du moine-guerrier permettent d’aborder des thématiques nouvelles: la croyance, l’oublie, l’au-delà entre autres.
Même si leur apparition est finalement fugace, Aura, Linie et Lügner ont un certain intérêt pour l’oeuvre à mon sens. En effet, ce sont les seuls antagonistes pour l’instant, et ils permettent de nous renseigner sur le peuple démon, ses techniques et ses capacités. Il me tarde de découvrir d’autres membres de cette espèce, et les six autres sage du chaos !
Personnages : 5/5
Frieren, en résumé :
Les deux premiers tomes de Frieren annonçaient la couleur: ce manga avait un fort potentiel. Je dois dire que ces deux nouveaux tomes confirment ce fait. Ce shōnen est atypique.
Par son absence de tension scénaristique d’abord. Frieren est un manga contemplatif dans lequel on suit les personnages dans leur quotidien. Une sorte de slice-of-life version heroic-fantasy. Néanmoins, Kanehito Yamada en profite pour mettre en avant les qualités d’un héros, ses missions. Ce faisant il dresse sa définition du héros.
Par sa temporalité ensuite. En tant qu’elfe, la protagoniste a une perception bien à elle du temps et elle est parfaitement retranscrite dans l’oeuvre. Cela passe par des situations cocasses, mais surtout par des pages muettes, où les cases représentent des instants d’un quotidien. Ces moments ne sont pas toujours marquants, mais rendent bien compte du temps qui passe.
À travers ces deux nouveaux tomes, on en apprend plus sur Frieren, Fern et Stark. On découvre leur passé, leurs motivations, et leurs relations se renforcent. On s’attache encore un peu plus à eux.
On fait également la connaissance de nouveaux personnages. Kraft, un moine guerrier elfe ainsi que Sein, un prêtre ayant renoncé à ses envies d’aventures. Tout deux apportent une dimension encore plus philosophique à l’oeuvre, en abordant les questions de la croyance, de l’oubli, ou encore de l’au-delà.
Visuellement, c’est encore une fois magnifique. Les paysages sont époustouflants, les visages très expressifs. On pourrait regretter des séquences d’action trop rigides, mais ce n’est pas ce que prétend faire l’oeuvre. C’est avant tout un voyage, un dépaysement.
J’ai hâte de découvrir comment évoluera toute cette petite troupe !