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Eighty-Six : 8 morts, 6 blessés… Mes Juggernauts !

  • Balin 
Eighty Six Avis Review Critique Tome 1 86 Vladiléna Milizé Shin Shinei Nozen Spearhead Asato Asato Shirabii I-IV Illustrations Crunchyroll Anime A-1 Pictures Maho Editions Les Trésors du Nain

Après Les Enfants de Gorre et Berserk of Gluttony, je vous parle d’un autre light-novel de Mahô Editions ! Voici mon avis sur le tome 1 de Eighty-Six !

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Eighty-Six, tome 1

Eighty-Six est l’un des derniers gros succès des animés saisonniers, il faut dire que A-1 Pictures a placé la barre très haut avec son adaptation. Mais ici, c’est bien du medium source dont on va parler : le light novel Eighty-Six !

On retrouve les standards de qualité déjà vus pour Berserk of Gluttony, autre titre des éditions Mahô. 256 pages, dont les deux premières sont en couleur. L’une d’entre elle est d’ailleurs dépliante et propose deux magnifiques illustrations. Quant au récit principal, il se compose d’un prologue, de 7 chapitres, entrecoupés de 4 interludes. Le tout s’accompagne de deux épilogues.

Il est intéressant de noter que le tome 1 est auto-conclusif puisqu’il était au départ prévu pour être un one-shot.

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« Une guerre sans pertes humaines », c’est ce que proclame la république de San Magnolia. Attaqué par une armée de drones appelée la « Légion », son gouvernement a finalement mis au point ses propres armes autonomes, les « Juggernauts ». Cependant, en dehors des murs fortifiés protégeant les 85 districts qui composent la république, il existe un 86e secteur. Officiellement inexistants, ces Eighty-Six sont dépouillés de leur humanité et conduisent ces armes « sans pilote » au nom de San Magnolia. Léna, jeune commandante, se retrouve affectée au 1er escadron de défense Spearhead, l’élite des Eighty-Six, une unité tristement célèbre pour son capitaine, surnommé le « Faucheur »…

©Asato Asato 2017 Illustration:Shirabii,I-IV KADOKAWA CORPORATION

La couverture reprend celle de l’édition originale. Je la trouve très bien pensée, car elle met en avant l’opposition entre les deux « mondes » que propose l’oeuvre mais aussi le lien qui va se former entre les protagonistes à travers leur position.

Personne ne meurt dans cette guerre… Enfin… Officiellement !

Un univers complexe !

Eighty-Six prend place dans un univers où les grandes puissances sont enlisées dans une guerre de longue durée. Pour faire face à la Légion, armée autonome de l’Empire, la République de San Magnolia a elle-même développé ses troupes autonomes pour se défendre : Les Juggernauts. Des opérateurs basés au sein de la ville de San Magnolia, à l’abri des fortifications de Grandmur, sont en charge de guider les intelligences artificielles sur le champ de bataille. J’ai vraiment beaucoup aimé l’idée de cette guerre par procuration, où le champ de bataille est « délocalisé ».

Mais c’est surtout la manière d’exploiter ce concept qui m’a plu. En effet, on apprend très vite que les troupes de la République n’ont rien d’autonome. L’armée de la République n’a jamais réussi à développer une IA performante, et ce sont en fait les Processors, des êtres humains, qui constituent ces troupes !

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Un Juggernaut, drone « autonome » de la République.
©Asato Asato 2017 Illustration:Shirabii,I-IV KADOKAWA CORPORATION

Sous-couvert de préserver la paix République de San Magnolia a en fait banni certains de ses concitoyens en dehors de ses murs. Ces derniers constituent désormais le 86ème district, les Eighty-Six sont donc les Processors, l’armée « autonome » de la République. Des humains, utilisés comme de la chair à canon par d’autres humains. L’idée est aussi glaçante qu’intéressante.

Le seul reproche que je pourrais émettre, c’est que c’est un univers difficile à aborder et que la façon de faire de l’auteur n’aide pas. Ce dernier met en place énormément de concepts qui lui sont propres, et ce dès les premières pages. On a parfois une impression de « name-dropping », avec des noms allemands en plus (une horreur pour ceux qui ne sont pas amateurs de la langue de Goethe) ce qui a tendance à nous perdre et surtout, à occasionner des longueurs conséquentes. Placé au début de récit, cela peut vite être rédhibitoire pour la lecture. Mais croyez-moi, passé cette épreuve… L’histoire est géniale.

Des thématiques intéressantes !

Les Eighty-Six forme une population qui a été ostracisée par la République de Magnolia. Cette dernière ne les reconnaît d’ailleurs même plus comme des êtres humains, d’où le fait que « personne ne meurt dans cette guerre »… Terriblement cruel. Mais pourquoi les avoir bannis de la sorte ? Tout simplement parce qu’ils ne correspondent pas à la « norme » des habitants de la République. Les Coloratas ou les porcs, puisque c’est ainsi qu’on les désigne, ont des yeux, une peau, des cheveux dont la couleur diffère de la blancheur des Albas. L’oeuvre aborde donc les discriminations, le racisme sous un angle assez original.

Mais le récit traite également les dérives idéologiques de certains régimes politiques, avec un exemple de mise en place et de fonctionnement d’une politique d’extermination. J’ai trouvé très intéressant que l’auteur évoque l’accord tacite des citoyens et de l’armée vis à vis du traitement des « porcs » comme ils les appellent. Il est également question de camp de concentration, d’exécution…L’influence du régime Nationale Socialiste Allemand est évidente ici, et le fait de se calquer sur une situation qui a existé rend le récit encore plus crédible, et plus atroce aussi.

En somme, c’est un roman à ne pas mettre en toutes les mains. Dans un premier temps, parce qu’il nécessite un certain recul et une connaissance de l’Histoire, mais surtout parce que le contenu est sans concession.

Des personnages attachants !

Eighty-Six débute en nous présentant Vladiléna Milizé, dite Léna, une opératrice issue d’une noble famille. Contrairement aux personnes qui partagent son extrace, la jeune femme s’intéresse de très près aux Eighty-Six, qu’elle considère comme humain, et à leur traitement. On découvre alors un personnage qui cherche toujours à faire de son mieux, animé par de nobles intentions. Malheureusement, la bonne volonté ne suffit parfois pas, et elle peut être perçue comme de l’hypocrisie quand elle vient d’une classe « supérieure »… Notre protagoniste fera ainsi face à une réalité bien plus rude qu’escomptée. Les déboires qu’elle endure du fait de son idéalisme, son intelligence et sa détermination m’ont vraiment touché.

De l’autre côté du Para-RAID, la ligne mentale qui relie un opérateur aux Processors qu’il commande, on fait la connaissance de l’escadron Spearhead. Sous le commandement de Shin, dit Undertaker ou Le Faucheur, on retrouve ainsi plusieurs personnages. Discriminés, forcés de combattre et de mettre leur vie en jeu, la situation de ces individus vient nous prendre aux tripes et suscite notre empathie dès le départ. Et on apprend à les apprécier encore plus quand on réalise qu’ils côtoient quotidiennement la mort…!

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L’escadron Spearhead

La dynamique qui lie notre opératrice au groupe est des plus intéressantes. Très tendue au départ elle s’orientera vers une relation d’un autre ordre au fil du récit. Je n’en dirais pas plus, mais elle porte magnifiquement l’histoire.

Une intrigue qui nous tient en haleine !

Mais qu’en est-il de l’intrigue ? Prenant place à deux endroits très distincts à la fois, Eighty-Six propose deux intrigues principales qui s’entrecoupent grâce aux interactions des personnages.

D’un côté, Léna cherche à guider au mieux ses troupes tout en se renseignant sur la situation réelle des Eighty-Six. Elle ira de surprise en surprise au fil du récit, découvrant l’atrocité que l’on réserve aux Coloratas. C’est passionnant à suivre.

De l’autre, l’escadron Spearhead survit tant bien que mal aux assauts répétés de la Légion. Les combats sont dantesques, et la mort rôde quand même autour des membres de cette escouade d’élite. Ces passages ajoutent beaucoup d’action à l’histoire, et la rendent palpitante.

Au delà de ça, Shin ou Undertaker, cache plusieurs secrets derrière son air taciturne… La réalité pourrait-elle être encore pire que ce qu’elle n’est déjà…? Vous ne serez pas au bout de vos surprises, les rebondissements sont nombreux, bien pensés et captivants !

Et visuellement ?

L’édition que nous propose Mahô fait du livre une expérience immersive. Grâce à des changements de police, des mises en pages qui sortent de l’ordinaire, on est plongé pleinement dans cet univers mecha. La lecture n’en est que plus plaisante !

Le récit s’accompagne de onze illustrations. Certaines mettant en scène les actions du récit, quand d’autres sont une sorte de fiches techniques qui présente les drones impliqués dans l’oeuvre ou d’autres éléments de l’univers. J’avoue que j’ai eu un goût de trop peu concernant les visuels. J’aurais aimé voir plus souvent les autres personnages, car c’est souvent Léna que l’on voit, ou alors les scènes du récit. Petite déception donc, mais cela n’enlève rien à la qualité des dessins de Shirabii et I-IV.

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Vladiléna Milizé, dite Léna.

EIGHTY-SIX, en résumé !

Avec les retours excellents de l’anime, j’étais curieux de découvrir le medium original, le light-novel de EIGHTY-SIX !

Je n’ai pas été déçu ! L’univers que nous propose Asato Asato est riche et complexe. Et, même s’il faut un peu de temps pour l’assimiler complètement, on prend plaisir à en découvrir toutes les facettes.

Vladiléna Milizé, dite Léna, est une opératrice. Elle dirige à distance les Juggerheads, des drones autonomes qui composent l’armée de la République de San Magnolia. Grâce à eux, elle affronte la Légion, l’armée autonome de l’Empire. Un conflit qui s’enlise depuis des années…! C’est donc dans un contexte de guerre totale que débute cette histoire.

Mais la réalité est bien plus sombre. Les Albas de la République ont ostracisé leurs confrères Coloratas. Officiellement pour leurs liens avec l’Empire, mais en réalité pour le simple fait qu’ils ont un physique qui ne correspond pas à la norme… Un raisonnement discriminant rappelant les heures les plus sombres de notre propre Histoire…

Et le vice va encore plus loin… Ces Coloratas, aussi appelés Eighty-Six, sont contraints de piloter les Juggerheads sur le champ de bataille. L’autonomie des drones de la République est factice !

Découvrant cela, Léna décidera de faire le maximum pour protéger l’escadron sous son commandement : Spearhead. Mais eux n’ont pas grand chose à faire d’elle, ils savent qu’elle ne pourra changer leur situation… Une bonne dynamique qui porte ce récit plein de tension et d’action !

Concernant les illustrations, ellessont jolies, mais il y’en en a trop peu à mon goût !

Note globale : 17/20