Pour cette nouvelle review, je vous parle de SHUT HELL de Yu Ito chez Panini Manga ! Voici mon avis sur les tomes 1 à 4 !
SHUT HELL, tomes 1 à 4 !
Pour ce qui est de l’édition, les tomes de SHUT HELL ont un certain cachet grâce à des jaquettes mattes et texturées. À l’intérieur, on trouve des pages aux couleurs vives. Huit pour les tomes 1,2 et 4, et quatre pour le tome 3. Le papier et l’impression sont de bonne qualité.
De mon point de vue, je pense aussi que les traductions des onomatopées auraient pu être mieux intégrées. En revanche, plusieurs traductions de termes spécifiques sont un apport bienvenu !
Début du XIIIe siècle. L’armée de Mongolie et celle de la dynastie tangoute des Xia occidentaux sont en guerre. Alors que Yurul, un prince mongol, se découvre une passion pour les écrits du peuple ennemi, une femme fait trembler les soldats de son armée, pourtant considérée comme la plus puissante au monde. Ils la redoutent tellement qu’ils la surnomment Shut Hell, le mauvais esprit . Tout oppose Yurul et cette femme à la force surhumaine, mais leur rencontre va les amener à s’interroger sur leur destinée …
À noter que Panini a réservé un bel accueil à l’oeuvre en proposant un tome 1 collector ! Ce dernier comprend, en plus d’une jaquette alternative et exclusive à la France, un artbook de 32 pages! Ce dernier est de bonne qualité.
Tuer ou écrire pour se souvenir..!
SHUT HELL débute dans notre monde, avec Sudo. Alors que ce lycéen se rapproche de sa camarade Suzuki, il se retrouve transporté plusieurs siècles en arrière. Pour être plus précis, il débarque au XIIIème siècle, en pleine guerre entre la Mongolie et la Chine. On découvre ainsi un affrontement sanglant entre les peuples mongol et tangoute. Le récit revêt un teinte ethnique très forte et propose aussi un pan didactique. C’est quelque chose que j’aime énormément dans ce titre.
Si la réincarnation intervient dans l’histoire, elle reste cependant assez peu exploitée pour l’instant. Et pour ce qui est de l’intrigue, elle est longue à se mettre en place. Les débuts sont assez alambiqués et cela peut décourager. Mais je vous assure que si vous lui laissez sa chance, ce titre parviendra à vous faire voyager ! L’histoire prend son envol à partir du tome 3, sous la forme d’un grand voyage vers Chengdu. Le chemin est évidemment semé d’embûches. Ces dernières sont exploitées à merveilles et permettent de très bons rebondissements !
Scénario : 3,5/5
Du point de vue graphique, SHUT HELL est éminemment sombre et violent. Le style organique de Yu Ito rend les scènes d’actions particulièrement percutantes. On a de belles scènes de batailles, où la démesure est de mise; ainsi que des duels très soignés qui dégagent une intensité à couper le souffle. Le découpage de ces confrontations est hyper dynamique et nous embarque. L’ensemble est renforcé par un trait expressif, où les ressentis des personnages nous giflent. Le dessin met également en évidence un autre aspect de cet univers : les cultures de cette partie du monde.
L’autrice représente l’importance du commerce, les échanges entre les peuples dans des décors magnifiques. Mais cela passe aussi par tout un tas de détails : des cartes, des instruments de musique, des outils. L’ensemble est très immersif et témoigne d’un travail de recherches que je salue ! Mais ce qui donne une vrai cachet à l’oeuvre à mon sens, c’est le travail sur les design des personnages. J’ai adoré le soin apporté aux vêtements, ainsi qu’aux symboliques animales : le loup, le tigre, l’aigle.
Visuels : 4,5/5
SHUT HELL est porté par des personnages forts. Tout d’abord, il y a Wuiso « Petit Moineau », la protagoniste. Au départ jeune soldate de l’armée tangoute, elle bascule dans la sauvagerie à cause de la guerre. Ainsi naît la légende de Shut Hell, guerrier sanguinaire qui hante les champs de bataille. Sa détermination a quelque chose de fascinant, et ce, même si elle justifie difficilement ces aptitudes exceptionnelles au combat. J’ai trouvé le développement un peu rapide.
Ensuite, vient Yurul. Le jeune garçon fait preuve d’une sagesse qui impressionne, fruit de son érudition. Il se pose comme le garde-fou de Shut Hell, et forme avec elle un excellent duo ! Le développement de leur relation, de leurs sentiments est bien mené. Le reste du casting est un peu plus anecdotique. L’autrice nous propose des portraits forts, mais ne les approfondit pas. Cela minimise parfois les enjeux. Petit regret aussi en ce qui concerne Sudo pour l’instant. Du côté des antagonistes, on trouve des personnages intéressants. Harabal est le plus marquant, mais Veronika m’a également fait forte impression.
Personnages : 4/5
Une des grandes forces de SHUT HELL, c’est son propos. L’oeuvre aborde la vengeance avec un axe que j’ai trouvé original : celui de la mémoire. Shut Hell souhaite venger ses amis avec l’idée que leur souvenir persistera. Le récit devient encore plus intéressant, quand cette vengeance mémorielle se confronte à l’écriture.
La conservation et la transmission de la mémoire deviennent un des enjeux principaux. Et même si l’écriture se démarque par sa non violence, l’autrice n’oublie pas de mettre en avant certaines conséquences désastreuses de son utilisation. Ainsi, de manière intelligente, ces deux « moyens » se lient.
Au delà de ça, le manga aborde d’autres problématiques. À travers sa protagoniste, l’autrice explore les limites de ce qui fait notre humanité. En la confrontant à d’autres personnages, elle remet en question les motivations. Il y a également un fort sous-texte autour des relations humaines, en particulier celles qui lient les parents et les enfants. Je suis curieux de voir ce qu’apportera la réincarnation dans le traitement ces thématiques !
Thématiques : 4,5/5
SHUT HELL, en résumé :
💎 Les points forts :
- La vengeance abordée de manière originale.
- Des personnages forts, auxquelles ont s’attache fortement.
- Un dessin noir, violent mais aussi fruit de recherches !
- Une quête dont les rebondissements nous happent !
🪨 Les points faibles :
- Un récit qui tarde à se lancer, alambiqué au départ.
Note globale : 16,5/20
Pour ceux qui sont intéressés, j’ai pu interviewer Yu ITO lors de Japan Expo 2023 ! Une belle rencontre, un bel échange : une vidéo ainsi qu’un article arriveront très bientôt sur Gaak.fr !