C’est une nouveauté qui a fait beaucoup de bruit cette année: Voici mon avis sur l’intégrale ADABANA, thriller glaçant des éditions Kana !
⚠️ Destiné à un public averti ! ⚠️
TW : viol, prostitution, inceste, prédocriminalité, meurtre, manipulations…
ADABANA : une série en 3 tomes !
Pour cette série en 3 tomes, les éditions Kana ont opté pour un grand format A5. Chaque tome comprend quelques pages couleurs. Pour ce qui est du papier, il est de bonne qualité et sans transparence. Il faudra compter 12,90€ par volume, donc 38,70€ pour l’intégrale; un prix conséquent mais ADABANA les vaut, pour peu que vous aimiez le genre !
Pour ce qui est des illustrations de couverture, je les trouve vraiment réussies. Le jeu sur les nuances de rouge ont quelque chose de très attirant, et des petits détails sordides sont comme des indices de ce qui nous attend à l’intérieur.
LA NATURE HUMAINE DANS TOUTE SA NOIRCEUR.
La tranquillité d’une petite ville japonaise, recouverte de neige, est brutalement perturbée par un meurtre odieux. Le corps démembré d’une lycéenne du nom de Mako Igarashi, est retrouvé près d’un lac. Bientôt, Mizuki Aikawa, élève au même lycée que la victime, revendique les faits auprès des forces de police locales. Cependant, alors qu’elle relate les événements, le doute s’invite progressivement dans la tête de ses avocats. Quels lourds secrets Mako et Mizuki partageaient-elle ? Voici le récit d’une lutte au coeur des ténèbres de l’âme humaine et de ses perversions. L’autrice NON réussit un tour de force en nous embarquant dans son récit à suspense fascinant de bout en bout, malgré des scènes de violence physique explicites, hyper-réalistes, aux limites du sordide, mais jamais gratuites. Âmes sensibles, passez votre chemin…
Sous chacune des jaquettes, vous retrouverez une illustration, un bonus discret mais toujours sympathique.
JUSQU’OÙ POURRIEZ-VOUS ALLER POUR VOS AMIS ?
La première chose qui m’a marqué lors de ma lecture d’ADABANA, c’est sa narration originale. En effet, le récit à une structure particulière, qui s’attache aux points de vue des différents personnages. Avec le tome 1, on fait connaissance avec Mizuki, meurtrière auto-proclamée de sa meilleure amie Mako. Les bases sont bien posées, et certains éléments ne collent pas, ils attisent notre curiosité : c’est hyper intrigant. Puis, on a droit à un long flashback centré sur Mako dans le volume 2. On découvre alors d’autres personnages, et des indices sur ce drame.
Enfin, le troisième opus met en scène la résolution de l’affaire, et constitue un bon dénouement au récit. Les multiples rebondissements peuvent donner une impression alambiquée, néanmoins, ce thriller parvient sans peine à nous garder en haleine. À la lecture, on éprouve tout un tas d’émotions, aussi intenses que variées. Le mystère est géré d’une main de maître, mais, si l’on essaie de voir un peu plus loin, le récit est somme toute assez convenu. J’ai eu un petit goût de trop peu après la dernière page, un sentiment d’inachevé ou de précipitation.
Scénario : 4/5
La grande force d’ADABANA, ce sont ses personnages, et en particulier Mizuki. NON dresse un portrait complexe de cette jeune femme. Si au départ on peut être dérangé par son manque d’affect, elle cache en fait une détermination sans faille. C’est une femme forte, prête à tout pour parvenir à ses objectifs. Elle m’impressionne autant qu’elle m’effraie ! L’autre protagoniste de l’oeuvre, c’est Mako. Son histoire m’a profondément touché (difficile qu’il en soit autrement), et sa relation avec Mizuki est tout bonnement magnifique. L’autrice a réussi à retranscrire une amitié profonde et sincère.
Et les personnages secondaires ne sont pas en reste. Les deux avocats de Mizuki ont une dynamique intéressante, et j’ai aimé la ressource dont ils ont fait preuve. Quant à Yuki Akatsuki ou l’oncle de Mako. Ils sont parfaits dans leur rôle de pires raclures que la société puisse porter. Ma seule déception concernant les personnages concerne le père de Mako. On nous introduit cet être abject, mais il n’est finalement pas exploité. Et, bien qu’il paie pour ses atrocités, on ne se sent pas vraiment concerné par son cas… L’histoire n’aurait pas été bien différente sans lui finalement.
Personnages : 4,5/5
L’autre grande force d’ADABANA, ce sont ses visuels. Tout d’abord, les character-design sont vraiment réussis. J’ai adoré le soin apporté aux vêtements des jeunes filles. Les visages sont très expressif, et les regards, qu’ils soient tristes, haineux, ou déterminés, sont vraiment intenses. NON nous propose un découpage des actions très intéressant, avec des doubles pages qui arrivent au bon moment et qui nous mettent une vraie claque graphique. En plus de cela, l’autrice joue sur les mises en scène et emploie des cadrages cinématographiques, qui rendent le tout très immersif. Une vraie réussite !
Les visuels sont crus, bruts et parfois vraiment rebutants. Si vous êtes plutôt du genre sensible, je ne vous cache pas que la lecture pourrait être difficile. Cependant, la mangaka ne franchit jamais le pas de la vulgarité, ou de l’obscène. Elle n’abuse pas non plus des images choc, et la mise en scène n’est jamais exagérée; c’est toujours nécessaire (enfin sauf pour la poitrine de l’avocate, peut-être). Les scènes violentes sont là pour servir le propos, et pas pour satisfaire les fantasmes bizarres d’un auteur ou de ses fans.
Visuels : 4,5/5
ADABANA est un thriller qui traite des thématiques sensibles et à forte teneur traumatique. Il est évidemment question de meurtre, mais aussi de bien d’autres atrocités. Le viol, les violences faites aux femmes, la prostitution infantile, l’inceste, la pédocriminalité… L’oeuvre est un condensé de tout ce qui se fait de plus noir et sombre dans la nature humaine. Mais ce n’est pas tout ! Avec le personnage de Yuki Akatsuki, l’autrice aborde la manipulation, le harcèlement et même le cyberharcèlement. Ce jeune homme populaire cache des travers évocateurs de la perversion narcissique.
La façon que l’auteur a d’évoquer tous ces évènements, aussi effroyables soient-ils, est crédible. Et si le réalisme de l’oeuvre met mal à l’aise, la justesse du traitement est fascinante. Au delà de ça, le titre est une oeuvre engagée. En nous proposant cette affaire, l’autrice met en exergue les failles du système judiciaire japonais concernant les suicides. Ce faisant, c’est une critique acerbe et sans concession de ce système qu’elle dresse. Mais ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est que dans toute cette noirceur, ce que l’on retient à la fin de cette lecture, c’est surtout la puissance de cette amitié.
Thématiques : 5/5
ADABANA, en résumé :
💎 Les points forts :
- Une amitié poignante.
- Une protagoniste forte qui suscite l’admiration.
- Un récit bien mené, qui nous tient en haleine.
- Des visuels soignés et une mise en scène cinématographique.
- Des thématiques lourdes, traitées avec beaucoup de justesse.
- Une oeuvre engagée, critique envers le système judiciaire japonais.
🪨 Les Points faibles :
- Des passages inutilement complexes.