C’était un de mes coups de coeur de la saison d’automne 2021, je vous propose mon retour sur ces douzes épisodes de Sakugan !
À l’origine, Sakugan Labyrinth Marker est un roman de Nekotarou Inui écrit en 2017 à l’occasion des sélections pour le Project Anima. C’est une collaboration entre plusieurs compagnies dans le but de créer trois séries explorant des thèmes différents. Ayant remporté le prix dans la catégorie Sci-Fi/Robots, Sakugan gagna également le droit d’avoir une adaptation en anime. Pour plus d’informations sur ce projet, c’est par ici!
L’animation de la série est produite par le studio Satelight.
Dans un futur lointain, l’humanité vit entassée dans des colonies exiguës taillées dans la roche, un monde qu’on appelle le labyrinthe. Ceux qui sortent de ces zones, les Markers, s’exposent à un monde inconnu rempli de dangers. La petite Memempu supplie son père, Gagumber, de devenir un Marker afin de retrouver la trace de sa mère disparue. Il finit par accepter et forme, avec sa fille, une curieuse équipe partie explorer le labyrinthe…
Sakugan: Voyage sous terre à la recherche des liens familiaux
Sakugan se présentait comme une sorte de road-trip géant à travers un monde souterrain labyrinthique et hostile; qui me rappelait beaucoup les aventures de Made in Abyss. Et le fort accent mis sur les ressentis et les émotions était un autre point commun avec l’oeuvre de Akihito Tsukushi. J’y ai aussi retrouvé des vibes de Deca-Dence notamment avec l’univers et les personnages. C’était un point de départ qui me plaisait beaucoup.
Cependant, la suite de l’anime m’a quelque peu refroidi. D’abord, le rythme du récit est particulier. Une bonne partie de la série s’organise comme une succession d’épisodes autonomes; dont certains sont très déconnectés parfois. Et cela laisse d’ailleurs l’impression qu’on a loupé un épisode. C’est assez frustrant.
Ensuite, le fil rouge de l’histoire se résume à la poursuite du rêve, littéralement, de Memempu. C’est une bonne idée, mais cela manque de consistance. Et hormis cet objectif, nous n’avons rien d’autre à nous mettre sous la dent concernant l’intrigue… Rien de sous-jacent, dommage.
Seuls les derniers épisodes annoncent une intrigue en bonne est due forme, mais ils arrivent vraiment trop tard… D’autant plus que ce nouveau fil rouge semble sortir de nulle part. C’est donc une histoire sympathique mais à laquelle il peut être difficile d’accrocher je pense.
Scénario: 3/5
Pour ce qui est des visuels de l’anime; personnellement j’ai beaucoup aimé les designs des personnages. Ils sont en adéquation avec les caractères des personnages et leur donne plus de consistance. L’animation a proprement parler est correcte; assez fluide et avec des mises en scènes sympathiques. Elle fait d’ailleurs preuve d’une belle ambition parfois dans ses mises en scènes. J’ai retenu quelques fulgurances, dont celles qui suivent:
Néanmoins, elle a ses limites que l’on ressent surtout lors de l’utilisation de la 3DCGI. Les monstres Kaiju qui attaquent nos protagonistes ne sont pas toujours bien intégrés. (Je cherche toujours leur utilité dans l’univers de Sakugan au passage…).
L’intégration de Big Tony, le robot foreur de notre duo (Gurren Lagann, over the top!!) est plus réussie je trouve. Petit bémol cependant puisque ses mouvements sont un peu rigides, pour ne pas dire saccadés parfois.
Animation: 4/5
Passons maintenant aux personnages! J’aimais beaucoup le duo de protagonistes au départ.
Memempu était une jeune enfant prodige de 9 ans, vive d’esprit et débrouillarde. Ce contraste entre son âge physique et sa mentalité m’avait interpellé car il impliquait un développement complexe. Malheureusement, on ne peut pas dire que les auteurs aient pris des risques; et ce contraste devient alors une incohérence, faisant de Memempu un personnage assez insupportable.
Gagumber, second membre du duo et père de Memempu était intéressant lui aussi. Ce père un peu à l’ouest, qui fait de son mieux pour éduquer sa fille mais qui échoue systématiquement. J’aimais beaucoup l’inversion des rôles, on avait l’impression que c’était Memempu qui devait s’occuper et protéger de Gagumber. Mais là encore, le récit propose des choix douteux. Il fait de ce père quelqu’un d’hors normes sans pour autant exploiter ce fait… Pourquoi l’avoir introduit ainsi du coup? Quel est l’intérêt pour le personnage, pour ses relations?
En dehors de cela, les personnages secondaires m’ont semblé anecdotiques. Lynda et Rufus ne font que passer; Yuri et Zackletu restent plus longtemps aux côtés de notre duo mais n’apportent pas grand chose. Pire encore, Zackletu vient introduire des incohérences scénaristiques. Et Meroro… S’il n’était apparu qu’une fois, pourquoi pas; mais le fait qu’il devienne récurrent est difficilement compréhensible. On se demande pourquoi il est présent.
Personnages: 3/5
Avec un tel début de review, vous vous demandez probablement ce que j’ai trouvé de bien dans cet anime… Et bien je dois dire que c’est une sorte de synergie. Les éléments pris séparément ne sont pas très engageants. Mais ils sont reliés par des thématiques qui ont su me toucher. Évidemment, ce ne sera peut-être pas votre cas et, dès lors, il vous sera difficile d’apprécier Sakugan.
J’ai apprécié le traitement de la relation entre Memempu et Gagumber; la place du père, celle de la fille, jusqu’où peut-on protéger son enfant? Même si les deux personnages ont tendance à devenir énervants, ce qui les lie m’a paru très « pur » et m’a permis de garder un attachement pour eux. Chacun se soucie de l’autre à tel point qu’il en oublie ses propres besoins. Une sorte de don de soi, totalement désintéressé avec pour unique but de protéger l’autre. Et pour moi c’est ce qui fait justement la famille. Les passages où cette abnégation est mise en exergue m’ont beaucoup plu.
C’était assez subtil et ponctuel, mais il y a aussi un message environnementaliste derrière. Il faut protéger les espaces et les espèces naturelles, et contrôler l’expansion des colonies. D’un autre côté, la nature est toute puissante et elle le rappelle; c’est peut-être là l’utilité des Kaiju ?
Sur la fin de la série, il semble également y avoir une approche de l’extrémisme et du terrorisme; malheureusement la saison ne répondra pas à ces questions… D’où l’attente d’une saison 2 qui est fortement suggérée.
Thématiques: 4/5
En résumé :
C’était l’un de mes coups de coeur en début de saison, Sakugan est désormais terminé alors c’est le moment du bilan! Si je dois faire court, je dois bien l’avouer… J’ai adoré Sakugan. Néanmoins, s’il m’a vraiment beaucoup plu, il n’en est pas moins exempt de défauts et de points faibles.
Pour ce qui est de l’histoire, c’est finalement une sorte de road-trip à travers un vaste et hostile dédale de galeries souterraines. On suit Gagumber et Memempu, à la poursuite du rêve, littéralement, de cette dernière.
L’histoire est sympathique, avec des rebondissements mais elle manque d’enjeux. Et les premiers épisodes, quasiment autonomes dans ce qu’ils racontent, n’aident pas du tout.
Qui plus est, le récit ne prend en consistance que dans les deux derniers épisodes, avec une intrigue sortie de derrière les fagots. De ce point de vue là, ce n’est donc pas exceptionnel; mais ça se laisse regarder.
En ce qui concerne l’animation, c’est correct, même la 3DCGI est plutôt bien intégrée. Je salue aussi la constance tout au long des 12 épisodes. Les OST étaient plutôt bonnes aussi. Mention spéciale pour l’opening que j’aime beaucoup.
Du point de vue des personnages, j’ai beaucoup aimé le duo principal au début. Mais il rencontre plusieurs écueil à mesure que l’histoire avance… Memempu devient insupportable, et Gagumber est bien trop désoeuvré et désabusé.
Les autres personnages étaient, pour moi, anecdotiques. Il y a bien la relation Gagumber/Zackletu qui amène une dynamique mais échoue assez lamentablement. Pas grand chose du côté de Lynda, Rufus, Meroro ou Yuri.
Pour finir, la force de Sakugan selon moi, ce sont ses thématiques. La relation père-fille, l’apprentissage du rôle de père, les désaccords mais aussi la synergie « familiale » qu’il peut y avoir; j’ajouterai aussi le message environnementaliste qui revient plusieurs fois. C’est vraiment ce pan de l’histoire qui a fini par me happer dans l’histoire; plus que l’intrigue elle-même.
J’attends tout de même la saison 2, car la fin de l’épisode 12 m’a intrigué.
Note: 14/20
Et pour ceux que ça intéresse, découvrez le premier épisode juste ici: