The Heike Story a pris fin avec son 11ème épisode: un anime que vous devez regarder? Je vous donne mon avis sur la question!
D’abord une petite présentation s’impose:
The Heike Story, ou Heike Monogatari en VO, est à l’origine une chronique poétique du XIVème siècle. Le récit raconte la lutte entre les clans Minamoto et Taira au XIIème siècle pour le contrôle du Japon et est considéré comme l’un des plus grands classiques de la littérature japonaise. Une traduction de ce récit est disponible aux éditions Verdier, sous le titre Le Dit des Heike.
Cette oeuvre a fait l’objet d’une adaptation par Eiji Yoshikawa, en 1956. À noter que ce roman est disponible aux éditions Albin Michel en France sous le titre Les chroniques des Heike. Mais aussi par Hideo Furukawa. Nous n’avons cependant pas de traduction française. Et c’est cette version qui sert de base à l’anime.
Mais ce qui nous intéresse ici, c’est l’anime. Ce dernier est disponible en intégralité sur la plateforme Wakanim.
Cette adaptation suivra Biwa, une ménestrel aux yeux vairons qui parcourt le Japon. Elle fait la rencontre de Taira no Shigemori, héritier de son clan, qui détient le pouvoir de voir les fantômes. Elle prophétise alors la chute de son clan.
The Heike Story: un pan de l’Histoire japonaise
The Heike Story, c’est l’histoire de Biwa, fille d’un biwa hōshi. (Petit point culture: littéralement « prêtre au luth », il s’agit de musiciens itinérants). Alors qu’ils voyagent ensemble, son père est victime d’un excès de zèle et assassiné par des gardes du clan Taira, aussi appelés « Heike ». Pour remédier à cet incident, le chef du clan Shigemori Taira décide d’accueillir Biwa au sein de sa famille. Ainsi, la petite grandit avec une bonne éducation, sans jamais se retrouver en difficulté.
Mais la jeune fille n’est pas qu’une joueuse de biwa… Elle possède également un oeil capable de voir l’avenir. Et oui, l’hétérochromie iridis n’est pas juste là pour être jolie! Elle apparaît également comme un moteur pour la quête de Biwa: celle de retrouver sa mère, qui possède la même particularité physique.
Si cette quête paraît simple et intéressante, je trouve qu’elle passe un peu en arrière-plan par rapport à toute la partie historique. Le point d’attache qu’elle devait être n’est finalement que très subtil, trop selon moi. Et l’impact émotionnel qu’elle devrait susciter n’en est que plus faible. Biwa est à mon sens trop spectatrice de ce qui l’entoure.
Scénario: 3/5
L’ambition principale de The Heike Story, c’était finalement de remettre au goût du jour un pan important de l’Histoire du Japon: la lutte entre les clans Minamoto et Taira pour le contrôle du Japon. De ce point de vue là, l’anime est assez fidèle à ce que l’on sait des évènements. C’est bien raconté, et assez bien ficelé pour susciter notre intérêt.
Cependant, là où le bat blesse, c’est dans le fait de rendre accessible cette Histoire à tous. Le gros reproche que je ferai à la série, c’est d’être un peu trop « nippo-centrée ». En effet, je pense que pour un japonais, les évènements relatés doivent trouver un écho dans la mémoire collective. Mais pour nous occidentaux, il est difficile de se projeter: beaucoup de noms, certains qui se ressemble, d’autres qui sont synonymes, les empereurs, des enjeux dont on n’a pas connaissance. Sur ce point, l’anime nous laisse nous débrouiller tout seul.
L’anime donne ainsi l’impression de vouloir faire plusieurs choses en même tant, sans parvenir à toutes les faire correctement. Et le format saisonniers n’aide pas, d’une semaine à l’autre, on a du mal à se raccrocher à cette histoire, déjà relativement complexe. C’est mon plus grand regret, car c’est finalement très intéressant.
Aspect historique: 3/5
Sur la forme, l’anime est quasiment parfait. Comme souvent avec le studio Science Saru, l’animation est fluide, avec des mises en scène inspirées. La colorimétrie, les teintes pastel et la direction artistique globale rappellent les estampes japonaises.
On a également de superbes scènes de conflit, des duels au sabre mais aussi des affrontements de grande envergure; et même des batailles navales avec l’exemple la très connue bataille de Dan-no-ura. Les yeux les plus aguerris trouveront de la 3D CGI, mais pour ma part, je l’ai trouvée bien intégrée et, de fait, pas dérangeante.
Le seul reproche que je ferais à cette partie visuelle, ce sont les designs des personnages. En effet, j’ai trouvé que plusieurs personnages se ressemblaient, mêmes coupes de cheveux, mêmes vêtements. Le meilleur exemple de cela, à mon avis, ce sont Kiyomori Taira et Go Shirakawa. Et si l’on ajoute cela aux difficultés liées à la partie « historique », on a vite fait de s’emmêler les pinceaux et de ne plus rien comprendre.
Animation: 4/5
Autre point de réussite de l’anime, c’est l’ambiance générale. Le Dit des Heike est à l’origine une histoire orale, contée par des biwa hōshi sous forme de chant. L’anime reprend cet aspect en incluant des passages chantés et beaucoup de musicalité dans chacun de ses épisodes. J’ai beaucoup apprécié les passages avec la joueuse de Biwa aux cheveux blancs, même si j’ai parfois eu un peu de mal à les placer par rapport au récit.
L’ensemble est très poétique, avec des passages quasiment muets où la musique est la seule chose qui parvient à nos oreilles. Visuellement, on retrouve un aspect d’estampes du Moyen-Âge, évoqué un peu plus tôt.
Mais ce que je retiendrai surtout, c’est cette bande-son de Kensuke Ushio, qui est tout bonnement magistrale. C’est une excellente alchimie entre des musiques traditionnelles, avec les instruments associés; et des sonorités plus actuelles, plus pop, parfois même rap. Cela m’a rappelé ce qu’avait fait nujabes avec Samurai Champloo. Rien que pour ça, cela mérite un coup d’oreille.
Ambiance: 5/5
The Heike Story en résumé:
The Heike Story est un anime très intéressant, surtout si l’on a des notions d’Histoire du Japon au XIIème siècle.
En revanche, si on n’a aucune connaissance de cette période, des clans principaux de l’époque; cela peut-être un peu plus compliqué. En effet, l’anime ne nous accompagne pas le moins du monde, on est lâché dans l’Histoire. Petit exemple, on ne nous explique pas formellement et dès le début que Heike = Taira; alors que la série alterne souvent entre les deux. Et à plusieurs autres moments, on se retrouve dans cette même situation. Finalement, souvent, on manque de contexte.
Et la forme de l’anime ne nous aide pas plus. D’abord, les character-design, atypiques, sont parfois source de confusion car ils sont « uniformes ». Même coupes de cheveux, même « dress-code ». Ensuite, les ellipses temporelles ne sont pas toujours évidentes et surtout… Le format saisonnier se révèle problématique. Le tout étant déjà difficile à suivre, d’une semaine à l’autre il était d’autant plus simple d’oublier des éléments « clés ».
Malgré cela, l’anime a de très belles qualités.
Une belle animation fluide, et en plus de cela atypique.
Une bande-son incroyable; à mi-chemin entre la musique traditionnelle et une musique plus pop, actuelle. Kensuke Ushio a fait un travail magistral.
Une belle histoire, riche d’enseignements et d’informations sur le Japon féodal.
Même si je dois avouer que j’ai été tenté plus d’une fois de lâcher l’anime pour le reprendre en fin de saison; je recommande de le regarder. Cependant, je vous invite à le visionner d’une seule traite maintenant qu’il est disponible dans son intégralité.