Parmi les animés du printemps 2022, Dance dance danseur m’a intrigué ! Voici mon avis sur la dernière production du studio Mappa !
Dance dance danseur est l’adaptation du seinen éponyme de l’autrice Asakura George. L’animation est produite par le studio MAPPA. Et l’anime est disponible en 11 épisodes sur Crunchyroll. Un abonnement premium est nécessaire pour le visionner.
Junpei Murao était fasciné par le ballet lorsqu’il était enfant, mais a abandonné la danse après la mort de son père. Cependant, un jour, une élève transférée dans sa classe, Miyako Godai, remarque l’amour de Junpei pour le ballet et l’invite à danser avec elle. La jeune fille le pousse à reprendre cette activité et Junpei caresse à nouveau le rêve de devenir le meilleur danseur du monde. Il espère atteindre le niveau de Danseur Noble, celui qui permet de tenir le rôle du prince dans un ballet. Mais pour en arriver là, il faut être prêt à faire des sacrifices…
Si vous voulez en savoir plus sur l’oeuvre, je vous invite à lire l’article suivant:
Oeuvre originale, trailers, équipe de production, casting…
Dance dance danseur – La passion avant le regard des autres!
Dance dance danseur est l’histoire de Junpei Murao. Ce jeune collégien nous est présenté comme un petit caïd, pratiquant de Jeet Kune Do et de football. Néanmoins, derrière cette apparence de bagarreur, il cache une passion profonde pour… Le ballet. Oui, c’est un sujet atypique. Et qui a de quoi faire sourire tant le décalage avec le personnage est grand. C’est d’ailleurs en partie pour cette raison que le jeune garçon reste discret à ce sujet. Il cache d’ailleurs si bien son jeu qu’il en vient presque à oublier cette flamme en lui.
Cependant, sa rencontre avec Miyako Godai, une élève de sa classe vient chambouler tout son être. D’abord, la jeune fille éveille en lui des sentiments; à 14 ans, c’est l’âge des premiers émois. Mais elle va surtout réveiller en lui la passion pour la danse et son don pour cette dernière. Et ça, ce fut réellement captivant, d’autant plus que l’anime nous propose une présentation très complète de la discipline !
Avec le personnage de Luo, notre protagoniste découvrira l’adversité, la rivalité; et ce, tant dans le ballet que dans l’amour. Ainsi, c’est entre danse et romance qu’on suivra les personnages; avec en toile de fond le Lac des Cygnes de Tchaïkovski.
Autodidacte, Junpei aura bien du mal à entrer dans le carcan stricte de ce genre dramatique. Il apprendra à ses dépends que malgré un talent inné, le ballet reste un art qui requiert de l’entraînement, de la pratique et de la technique. En bref… Des sacrifices. Ce sont ces sacrifices, qu’on a parfois du mal à appréhender, qui nous seront imposés au long de l’histoire. Car oui, en tant que spectateurs, nous sommes impuissants… Et c’est quelque chose qui pourra se révéler frustrant au bout de 11 épisodes.
Scénario : 4,5/5
Dance Dance Danseur se présente ainsi comme une oeuvre mettant en avant ses personnages. En particulier un triangle amoureux:
- Il y a d’abord l’impulsif Junpei Murao. Un personnage à qui la vie sourit puisqu’il est naturellement doué et qu’il réussit ce qu’il entreprend; parfois en dépit de toute logique. Une facette du personnage qui pourra en rebuter certains je pense.
- Ensuite, on découvre le mutique Luo Mori. Il est le parfait opposé de Junpei, excellent danseur, c’est aussi un bourreau de travail. Mais il se révèle aussi bien moins stable psychologiquement que notre autodidacte; une conséquence des traumatismes qu’il a vécu. Une personnalité toxique, qui n’hésite pas à menacer de se suicider pour obtenir ce qu’il veut.
- Et enfin, il y a Miyako Godai. Si au départ le personnage semblait montrer une certaine force de caractère; il finira par être relégué au rang de simple intérêt amoureux, presque un objet de convoitise. Elle ne prendra pas de décision importante. C’est une de mes déceptions.
Mention spéciale aux seiyuus, surtout Daiki Yamashita qui donne une énergie exceptionnelle à Junpei !
Pris séparément, je dois bien avouer que les personnages ont quelque chose d’ennuyant, de convenu. Néanmoins, la synergie qui apparaît entre eux leur donne une belle cohérence. Junpei découvre un nouveau modèle de masculinité avec Luo; Luo apprend à ne plus se laisser marcher dessus, et à pratiquer le ballet pour lui plutôt que pour les autres.
En ce qui concerne la romance, je dois avouer que son développement était confus, et que sa conclusion était très frustrante. C’est un point qui divisera. (Et pour ceux qui auraient entendu parler de relation incestueuse, ce n’est pas le cas selon la loi japonaise…!)
Et pour parler un peu des personnages secondaire, tous sont vraiment intéressants. Ils auraient d’ailleurs pu donner encore plus de consistance à l’oeuvre mais leur développement n’est pas assez poussé pour cela. Natsuki Oïkawa, Yasuda Misaki, vous aviez tellement de potentiel…!
Personnages : 4/5
Tous ces personnages permettent d’aborder une diversité importante de thématiques. C’est d’ailleurs assez impressionnant de voir qu’une série courte peut traiter autant de questions et de manière aussi juste.
La première, et celle qui m’a fait adhérer à l’anime, est celle de la virilité et de la masculinité toxiques. Dès le départ, la catégorisation des activités est évoquée. Les garçons font du football ou des arts martiaux; mais la danse est réservée aux filles. Et les rares garçons qui pratiquent la danse n’ont rien de viril: muscles et traits fins, silhouettes élancées. C’est une thématique que j’ai trouvé originale et qui est brillamment présentée. L’anime délivre un message simple, mais ô combien important: Il n’y a aucun mal à faire ce que l’on aime, le regard des autres ne devrait pas nous affecter.
D’autres sujets viennent s’ajouter. Il est question de la passion, du rapport au corps de l’adolescent, de l’expression de genre, de l’intimidation, du harcèlement, des abus physiques et mentaux mais aussi de racisme. Si on approfondit notre réflexion, on constate que l’anime traite de problématiques complexes au travers du sport qu’est le ballet. Parmi elles, la frustration de ceux qui travaillent dur, dépassés par les personnes naturellement douées. La projection de ses désirs, et de ses échecs, sur l’enfant. Ou encore l’opposition des puristes face à ceux qui veulent simplement s’exprimer.
Malheureusement, j’ai tout de même une petite déception par rapport à la représentation des personnages féminins dans la série. Ces dernières manquent cruellement d’autonomie, à l’image de Miyako. Et c’est vraiment dommage pour un animé qui entendait briser certaines représentations. (Natsuki aurait été bien plus intéressante, ils auraient du finir ensemble…!)
Thématiques : 4,5/5
Pour finir, j’aimerai évoquer le travail magnifique du studio MAPPA et du réalisateur Munehisa Sakai.
Bien que les designs puissent en repousser certains, ils restent parfaitement en phase avec l’anime à mon sens. Les membres fins ainsi que les longs cous soulignent la légèreté et la précision des chorégraphies. La représentation particulière des yeux des personnages en font de puissants vecteurs d’émotions.
Pour parler plus précisément de l’animation; c’est pour moi un sans-faute. Les séquences de danse, primordiales pour l’animé, sont une vraie démonstration du talent des animateurs. On a droit à des ralentis qui marquent à merveille le sentiment de temps suspendu lors d’une représentation. Des effets visuels très beaux sont utilisés pour nous transmettre toute la passion des personnages. J’ai également noté un soin particulier apporté aux pointes, aux jetés ainsi qu’aux tendus. Même la 3DCGI, que l’on remarque, est très bien intégrée !
La mise en scène des différentes chorégraphies est époustouflante; j’ai littéralement retenu ma respiration lors de mon visionnage. Il se dégage une intensité comparable à ce que peuvent nous proposer les meilleurs nekketsu. Et il en ressort un sentiment grisant que j’apprécie énormément.
L’opening et l’ending prennent tous deux un parti atypique. Le premier se présente comme un point de vue subjectif, et est du plus bel effet. Tandis que le second prend la forme d’une sorte de collage, de scrapbooking que j’ai beaucoup aimé.
Visuels : 5/5
Et pour finir, je me permets un petit aparté concernant la bande-son de l’anime… Elle est vraiment géniale !
En résumé :
Dance Dance Danseur c’est un anime atypique dès son genre: un anime de sport, une romance et surtout… Il nous parle du ballet !
On y suit Junpei Murao, un collégien un peu bourru et pratiquant le football et le jeet-kune-do. Jusqu’à sa rencontre avec Miyako Godai, qui va, en plus de susciter des sentiments, raviver sa passion oubliée pour le ballet.
Il apprendra, à ses dépends et grâce au personnage de Luo, que le talent ne suffit pas. Transmettre des émotions n’est pas la seule chose nécessaire à la pratique du ballet. Cela requiert aussi de l’apprentissage, de la pratique et de la technique.
La série aborde des thématiques originales, notamment la virilité et la masculinité toxiques. Elle déconstruit certains stéréotypes. Mais il est aussi question de harcèlement, d’intimidiation, de passion, d’acceptation de soi, des abus que peuvent subir les jeunes pratiquants… Bref, tout un tas de problématiques intéressantes !
En plus de ça, j’ai beaucoup aimé le message que fait passer la série : il n’y a aucun mal à faire ce que l’on aime ! Rien d’extravagant, mais c’est quelque chose qui me semble très important.
Dance Dance Danseur nous offre une histoire simple, mais belle et prenante. Le travail du studio Mappa est, pour moi, sans faute. L’animation est magnifique, la précision des chorégraphiques est millimétrér, et la mise en scène est époustouflante. Ajoutez à cela une belle bande-son, et vous obtener une forme parfaite pour un anime !
Les personnages, qui peuvent paraître convenus et ennuyeux séparément, démontrent finalement une alchimie très intéressante ! Mon seul regret est que les personnages secondaires n’aient pas été plus approfondis (surtout Natsuki Oïkawa…).