Pour cette critique, on parle d’un manga de boxe bien plus noir que Hajime no Ippo… Voici mon avis sur BLACK BOX de Tsutomu Takahashi !
BLACK-BOX : Entre Hajime no Ippo, Riku-Do et Ashita no Joe !
Après Sidooh, Soul Keeper et Blue Heaven chez Panini Manga, c’est chez Pika que l’on retrouve Tsutomu Takahashi ! Pour BLACK-BOX l’éditeur a misé sur des couvertures hyper immersives qui rappellent les affiches des matchs de boxe des années 70. Tout y est, les couleurs, les typographies, les surnoms… J’ai trouvé ça magnifique !
Fils de meurtrier, tueur présumé, mais surtout boxeur prêt à tout pour arriver au sommet.
Un père en prison pour meurtre, un grand frère arrêté pour le même motif : Ryoga Ishida fait partie d’une “famille de tueurs”. Malgré l’agitation des médias qui le soupçonnent d’être lui aussi un assassin, Ryoga s’accroche à son talent et aux lettres que lui envoie son père pour faire ses premiers pas en tant que boxeur professionnel. Son but ? Devenir le plus grand des champions.
La présentation vidéo sur Instagram :
Derrière les projecteurs, la noirceur des coulisses !
BLACK-BOX c’est l’histoire de Ryoga Ishida et de son ascension dans le monde de la boxe. Le premier point d’intrigue, c’est la situation familiale de ce dernier. En effet, le père de Ryoga et son frère ont été arrêtés pour meurtre. Notre protagoniste est donc le troisième membre d’une famille de tueurs. Suspecté lui aussi, il est potentiellement le seul capable de redorer le blason de son nom. On a donc une bonne dose de mystère, autour des meurtres, et autour du passé du protagoniste.
Mais le récit ne s’arrête pas à ça, et propose de construire et de développer une rivalité des plus intéressantes et marquantes. Ryoga, au fil des combats, va rencontrer Reon Shidoh, étoile montante du kick-boxing. Et c’est là la deuxième intrigue du récit. Finiront-ils par s’affronter d’égal à égal ? Qui l’emportera ? La fin du récit est plutôt bien amenée. Elle est peut-être un peu expéditive, et frustrante également. Néanmoins, elle est en parfaite adéquation avec ce qu’à construit Tsutomu Takahashi tout au long des 6 tomes.
Scénario : 4/5
Visuellement, Tsutomu Takahashi nous propose quelque chose de très abouti dans BLACK-BOX. On en a l’habitude avec cet auteur : les aplats de noir sont nombreux, profonds et contribuent à construire une atmosphère poisseuse et oppressante. J’ai beaucoup aimé sa façon de retranscrire l’ambiance, qui évoque bien plus des matchs clandestins que des combats officiels.
Il y a également un travail de grande qualité sur les regards des combattants. On y sent une vraie intensité, on ressent la force de chacun des sentiments qui animent les personnages : l’animosité, la rage ainsi que la douleur. L’auteur n’hésite pas à déformer les visages, les corps, de manière franche pour appuyer cette transmission de ressentis.
En ce qui concerne Ryoga, cela va même plus loin que ça. Le protagoniste s’entoure d’une aura noire, d’une détermination morbide et autodestructrice: c’est fascinant. Pour ce qui est du découpage, il accompagne à merveille les confrontations. Chaque coup est percutant, chaque échange est intense. Le trait rend la boxe viscérale, éminemment violente, à la limite du malsain.
Dessin : 5/5
L’un des gros points forts de BLACK BOX, à mon sens, ce sont ses personnages. Tout d’abord, il y a Ryoga Ishida. Bien loin de la droiture d’Ippo, il est plus proche d’un Joe Yabuki pour sa détermination sans faille et son caractère à fleur de peau. On peut aussi le rapprocher d’un Riku (Riku-Do) pour la violence qu’il recèle, et son histoire tragique. Entre ses propos grossiers, provocateurs et ses valeurs bien à lui, ce protagoniste, véritable anti-héros m’a beaucoup plu.
Et sa relation avec Reon Shidoh a achevé de me convaincre. Leur rivalité m’a rappelé le lien entre Joe Yabuki et Tōru Rikiishi, une de mes rivalités préférées dans les manga. Et il n’y a rien de fortuit : l’auteur y fait directement allusion ! Une relation de meilleurs ennemis, une bromance intense portée par l’amour du sport mais aussi le respect de l’autre. Reon Shidoh sera le déclencheur d’une volonté d’émancipation pour notre protagoniste, et lui-même évoluera à son contact. Les personnages secondaires sont également intéressants, en particulier Rie Kimura ou Katsuya Koyanagi pour ce qu’ils apportent à Ryoga.
Personnages : 4/5
Comme son titre l’indique, BLACK BOX est une histoire de boxe. Cependant, le titre propose une vision différente de ce que peut proposer Hajime no Ippo, référence du genre. On est bien plus proche de la boxe d’Ashita no Joe. Ce sport est dépeint comme un moyen de se sortir de la misère, de mauvaises passes. Mais la boxe a aussi une facette dangereuse. Celui qui la pratique doit s’y consacrer corps et âme. La boxe est sorte d’addiction mortifère. Ryoga parviendra-t-il à se libérer de ses chaînes ? Et qu’en sera-t-il de Reon et de ses idées noires ?
Au delà de ça, le manga propose une vision du boxeur qu’on voit trop rarement je trouve. Plus que des gens déterminés, les boxeurs sont des combattants fiers, avec un ego conséquent qui les pousse à se dépasser. Pour moi, cela fait partie de l’essence même du sport. Dans une moindre mesure, on peut trouver quelques tacles de l’auteur envers les journalistes, toujours à la recherche du sensationnalisme, mais aussi le monde de la boxe lui-même; gangréné par les histoires de gros-sous.
Thème : 4/5
Black Box, en résumé :
💎 Les points forts
- Une rivalité fascinante.
- Un récit prenant, avec de bons rebondissements.
- Une vision unique de la boxe.
- Un dessin magnétique et percutant.
- Une ambiance noire et violente.
🪨 Les points faibles
- Une histoire qui aurait mérité de s’étendre un peu plus.