Après Sidooh et Soul Keeper, c’est au tour de Blue Heaven d’avoir droit à une réédition aux éditions Panini ! Voici mon avis sur le tome 1 !
Tsutomu Takahashi est un auteur que j’apprécie beaucoup, et ce, depuis que je l’ai découvert avec Blue Heaven…! C’était il y a plusieurs années maintenant. J’en garde un bon souvenir, bien qu’un peu vague. Alors c’est avec grand plaisir que je me replonge dans ce thriller en trois tomes, à bord du joyaux des mers !
Blue Heaven : Une peur bleue !
Pour ceux qui ne connaissent pas ce thriller, la réédition de Blue Heaven est une très bonne raison pour débuter votre lecture. En revanche, pour ceux qui possèdent déjà la première édition… Rien de nouveau sous le soleil.
La couverture, d’un bleu hypnotique, fait toujours son effet !
Quand le joyau des mers, le Blue Heaven, prend le large, ses passagers s’apprêtent à vivre un incroyable voyage. Mais lorsqu’une frêle embarcation à la dérive croise la route du luxueux navire, un cas de conscience se présente. Faut-il venir en aide aux rescapés ou bien poursuivre la croisière ? La décision prise va transformer ce séjour de rêve en un véritable cauchemar…
Et si Monster s’était déroulé sur un bateau ?
L’histoire de Blue Heaven se déroule à bord d’un bateau de croisière luxueux. Si au départ tout va pour le mieux pour les passagers, la situation change dès lors que l’équipage vient en aide à un chalutier. Sur ce dernier, ils trouvent deux survivants, et les stigmates d’un massacre sanglant… Une situation initiale qui se met en place rapidement, et qui n’est pas sans rappeler celle d’une histoire d’horreur.
Néanmoins, la suite s’inscrira plutôt dans le thriller. En effet, c’est avec une tension narrative importante que l’oeuvre se poursuit. Il y a quelque chose d’inquiétant qui émane de ces deux rescapés, et cela se confirme quand l’un deux disparaît !
Le déroulement ne sort pas des sentiers battus, c’est plutôt le contraire même. Tsutomu Takahashi respecte à la lettre les codes du genres, mais a au moins le mérite de faire les choses très bien. Rien de surprenant donc, cependant cela suffit à nous emporter. Ainsi, ce premier tome est une mise en place convenue mais solide, qui nous donne assez de matière pour attendre impatiemment la suite !
Scénario : 3/5
Du point de vue des personnages, ils sont assez peu nombreux à s’illustrer dans ce premier tome. On peut citer Yukinobu Sano, ancien officier de police désormais responsable de la sécurité du navire (enfin, on suppose). Natsukawa Yoshiko se démarque également, mais reste peu développée.
En fait, c’est surtout Li Cheng Long qui va briller dans ce tome. Il est l’élément perturbateur de l’histoire, il est la menace. C’est d’ailleurs le seul personnage a bénéficier d’un réel développement. On découvre son passé, ce qui l’a amené à se retrouver sur cette embarcation. La psychologie du personnage est tout à fait compréhensible, et cela fait froid dans le dos !
Si l’auteur introduit un différend entre le commandant de bord et le propriétaire du bateau, les relations entre les personnages sont superficielles malheureusement. Néanmoins, l’auteur aura tout le loisir de se rattraper dans les deux tomes suivants; et de proposer une exploration des tréfonds de l’âme humaine et une réflexion sur la violence !
Personnages : 3,5/5
Blue Heaven fait partie des premières oeuvres de Tsutomu Takahashi. Sorti sept ans avant Sidooh, le titre présente déjà les qualités graphiques que l’on retrouve dans le récit de samouraï. Le code graphique de l’auteur était déjà bien reconnaissable, même si on sent qu’il est un peu moins maîtrisé. Le trait expressif permet tout de même une bonne mise en exergue des émotions des personnages.
Il y a également un travail très précis et soigné sur les décors. Le luxe et le faste du bateau et de ses passagers est parfaitement représenté. Les planches mettant en scène le paquebot, et l’embarcation au beau milieu de la mer sont également de belles réussites.
Et l’encrage très appuyé, foncé, les hachures ainsi que les aplats de noir contribuent à donner à l’oeuvre une aura malsaine.
En ce qui concerne le découpage, globalement l’oeuvre se lit facilement mais certains passages sont alourdis par un grand nombre de bulle de texte, ou de cases, c’est un peu dommage.
Visuels : 4,5/5
Là où Blue Heaven est une réussite en revanche, c’est dans son ambiance. Plus que des visuels violents, ou des situations effrayantes, c’est la tension narrative qui fait tout l’attrait d’un thriller. Et Tsutomu Takahashi nous montre ici qu’il sait y faire.
D’abord, il pose un cadre restreint, un huis-clos implacable : le bateau. Ce lieu en lui-même est oppressant, mais le fait qu’il soit en pleine mer ajoute un sentiment d’inexorable. Ensuite, l’auteur ajoute une dose de mystère, relevant presque du fantastique, avec les passagers du chalutier. Depuis quand dérivent-ils? Comment ont-ils survécu ? Comment expliquer les traces du massacre ? Enfin, il fait de l’un des passagers une machine à tuer, qui rit dès lors qu’il apporte la mort… On se retrouve avec un dilemme similaire à celui que rencontre le docteur Tenma dans Monster : Doit-on porter secours à tout le monde sans distinction ? Même si la personne en question est un monstre ?
Bien évidemment, le trait de l’auteur, son encrage sombre et les visuels macabres participent à cet atmosphère étouffante, angoissante.
Ambiance : 5/5
Blue Heaven, en résumé :
Blue Heaven est la première œuvre de Tsutomu Takahashi que j’ai lue. C’était il y a plusieurs années maintenant. Cette réédition de Panini est l’occasion pour moi de redécouvrir ce thriller !
Si l’oeuvre ne brille pas par son originalité, elle reste excellente dans le genre. En reprenant tous les codes du thriller, Tsutomu Takahashi nous donne de vraies sueurs froides.
Un bateau au milieu de la mer, c’est déjà un terrible huis-clos ! Mais l’histoire prend un tournant décisif lorsque l’équipage décide de porter secours à un bateau à la dérive. À bord, deux rescapés, et les traces d’un violent massacre… De quoi ajouter une bonne dose de mystère.
Mais ce mystère devient vraiment inquiétant lorsque des passagers du paquebot sont retrouvés morts… L’un des survivants est un tueur sanguinaire…! Un cas de figure qui rappelle un peu le dilemme de Tenma dans Monster.
Dès lors, le récit prend une teinte plus psychologique. Les protagonistes principaux se démènent pour stopper le massacre tout en évitant une panique générale. C’est stressant, c’est angoissant mais c’est aussi tellement prenant !
L’auteur nous fait également découvrir la psyché de son tueur, ce qui a fait de lui ce qu’il est. C’est brillamment exécuté et on a hâte de découvrir ce qu’il deviendra. A-t-il définitivement perdu toute trace d’humanité, ou reste-il encore une étincelle d’espoir?
Graphiquement, le trait de Tsutomu Takahashi se prête parfaitement à l’ambiance de ce titre. C’est noir, c’est violent, c’est malsain. Et c’est assez bluffant de voir que, même au début de sa carrière, il avait un dessin aussi puissant !