Caïd est une mini-série diffusée sur Netflix adaptée du film éponyme qui peut bien passer inaperçue. Elle a été réalisée par Nicolas Lopez et Ange Basterga en 2021. Elle met en scène un réalisateur, Franck, et son caméraman partis dans une cité du sud de la France pour y tourner un clip de rap d’un dealer bien connu là-bas, Tony. Alors que le label intime à Franck de ne garder que des images “percutantes”, quitte à véhiculer des clichés, le jeune réalisateur rêve plus grand et s’intéresse à la facette humaine de Tony, sans savoir que cela pourrait bien l’embarquer dans une guerre des gangs…
Une réalisation embarquée qui nous emmène au cœur du récit
La principale caractéristique de Caïd est sa réalisation. En effet, nous allons la regarder par le biais des multiples caméras que Franck va confier aux différents protagonistes. Ceci va donc nous offrir des plans à la première personne, des cadrages insolites mais surtout une immersion complète. Lors des courses-poursuites, on court avec eux ! Lorsque l’on doit se dissimuler pour filmer une transaction risquée, le stress nous paralysant, on y est aussi. Tout cela va conférer au récit un réalisme à la manière du projet Blair Witch, comme si tout cela s’était véritablement déroulé. Voilà ce qui va prêter à la série une puissance et l’aspect d’un témoignage frappant.
Un jeu d’acteur réaliste…
La série va donc mettre en scène des adolescents et jeunes adultes vivant depuis des années dans cette cité et nous les présenter avec leur argot, leur attitude, leurs vices… mais aussi leurs qualités, anxiétés et rêves. Des personnages principaux aux figurants, le jeu – qui souvent pour les figurants n’en est pas un, car la série a engagé des réels habitants de la cité pour compléter le casting – est efficace et les émotions, stress, colère, tristesse, que leur situation va engendrer sont très bien exprimés. Mention spéciale à Franck et Tony, les deux personnages phares les plus développés.
… parfois un peu trop ?
Ce que certains peuvent reprocher à Caïd, ça serait les “clichés sur la banlieue que la série diffuse.”… Ce à quoi je répondrai que non, ce n’en est rien. Si parfois le jeu des acteurs semble exagéré, c’est que la série a eu un petit budget et qu’elle a voulu insister sur leur vie dans la cité et son impact, quitte à parfois amplifier certaines choses. Cependant, cela reste absolument minime et le réalisme reste bien ancré. On peut sentir derrière une documentation sur comment fonctionne le trafic de drogue là-bas. Le rap, qui est quand même une toile de fond importante et un fil d’Arianne pour Tony, est aussi présent : la série nous offrira quelques sons exclusifs et qui non, ne sont pas “horribles et auto-tunés », comme le dirait notre cher boomer sur Allociné. On peut d’ailleurs saluer l’apparition du rappeur marseillais Naps.
Caïd : un plongeon dans la cité
Avec ses personnages, sa réalisation et son scénario, Caïd nous plonge donc au cœur de la vie de jeunes dans une cité. La série nous dévoile la violence qui y est trop présente, le danger, le manque d’espoir, mais nuance son propos en mettant en lumière leur facette moins connue, surtout trop absente des médias. Tony et son ami Mouss feront office de catalyseurs contrastés pour cela. D’un côté, Mouss voulant continuer le “charbon” et faire vivre le quartier de cela, quitte à rester dans cette face sombre, de l’autre Tony désirant s’en tirer et mettre fin à tout ça, exaspéré comme il est du danger, la pauvreté, la tension… Caïd revêt donc un aspect documentaire/reportage engagé tout en restant dans la fiction.
Conclusion : faut-il aller regarder Caïd sur Netflix ?
Caïd est une bonne série, bien réalisée. Sans révolutionner son genre, elle peut aider à prendre conscience de la vie dans la cité. Servie avec des épisodes courts – 10 mn environ – et un rythme haletant, avec une tension palpable, on la finit très vite et sans longueur, tout en s’attachant bien aux personnages.
À voir, donc, si on aime le rap, le stress ou simplement passer un bon moment !