Jusqu’où iriez vous pour protéger votre famille ? C’est cette simple question qui constitue l’une des thématiques fortes de l’œuvre du calendrier de l’avent d’aujourd’hui. J’ai nommé My Home Hero. Pour ma modeste contribution à ce calendrier de l’avent 2021, laissez moi donc vous introduire à ce thriller des plus originaux, je vous prie.
Pour ceux qui ne le savent pas, My Home Hero est un manga seinen écrit par Naoki Yamakawa et dessiné par Masashi Asaki. Il est prépublié dans le Weekly Young Magazine au Japon depuis 2017 par Kodansha. En France, c’est l’éditeur Kurokawa qui s’occupe de l’édition des volumes, au nombre de 13, à ce jour.
On y suit l’histoire de Tetsuo, modeste père de famille, passionné de romans policiers. Il découvre un jour des traces de coups sur sa fille, partie seule vivre avec son tout récent petit ami. Tetsuo retrouve rapidement ce « petit ami » qui s’avère être en lien avec les yakuzas. S’inquiétant pour sa fille, il le suivra, sans se douter un seul instant que cela le mènera à commettre un crime, qui changera pour toujours la vie et destinée de sa famille…. Mais par amour de sa fille, Tetsuo fait le choix de la lutte. Il devra à la fois cacher son crime aux dangereux yakuza, à la police (bien plus tard), mais aussi à sa propre fille, pour assurer son bonheur.
My Home Hero : Un récit réaliste, complexe, et haletant
My Home Hero se démarque de tout autre thriller ou histoire policière de par son concept. Nous ne suivons pas un père enquêtant sur le meurtre de sa fille pour la venger par exemple, mais au contraire, un père commettant et cachant un crime pour la protéger du danger. Si vous aimez les combats psychologiques et analytiques à la Death Note ou The Promised Neverland, vous aimerez My Home Hero.
On est très loin des stéréotypes habituels de la pègre japonaise et de la vie quotidienne japonaise. Ici, personnages comme contexte, intrigues ou thématiques, ont tous le droit à un traitement juste. Et très réaliste.
Et que dire de cette intrigue, gros point fort de l’œuvre, tout bonnement haletante, complexe et dynamique ! Elle ne s’essouffle pas et ne cesse de se renouveler. On se surprend à retenir son souffle en attendant le dénouement d’une scène ou situation critique. Même quand l’histoire semble se conclure et atteindre son paroxysme, tout redémarre finalement. Et on ne peut même pas dire que l’histoire s’allonge artificiellement, en plus ! Non, il est cohérent que l’intrigue continue, que de nouveaux problèmes viennent s’ajouter plus tard.
Tous les événements sont en plus appuyés par une narration à la première personne, aussi travaillée et littéraire que ce que l’on peut trouver dans un roman policier. Cette narration n’est pas trop lourde, et à la manière de Death Note, est surtout utile pour retranscrire les combats internes et les ressentis de Tetsuo.
Des personnages au service de l’intrigue
On vit avec le personnage principal ses émotions, ses doutes, ses remises en questions. Car oui, Tetsuo n’est pas un personnage vide, remplaçable. Il vit l’intrigue, la dirige même. Et son évolution est des plus remarquables. Je ne pensais pas un jour être autant pris de passion par l’histoire d’un père quadragénaire ! Ce qui surprend également, c’est la manière dont ses recherches pour l’écriture de ses histoires policières lui servent. En effet, ses connaissances et son sang froid lui sont d’une grande utilité pour ses prises de décisions. On se retrouve impressionnés par la manière dont Tetsuo cache intelligemment son crime, et plus précisément, le corps à l’origine de tous ses maux. Le tout étant bien évidemment une mise en abyme subtile et secondaire de notre rapport aux œuvres policières.
Les autres personnages n’ont pas à rougir non plus. Je pense notamment à la femme de Tetsuo, mère de famille psychologiquement forte, qui est autant un pilier pour Tetsuo que pour l’intrigue. On peut aussi évoquer Kyôichi, yakuza complexe qui nous offre un autre point de vue intéressant sur l’affaire.
Le tout se retrouve sublimé par le magnifique crayonné de Masashi Asaki. La couverture du premier tome donne tout de suite le ton par exemple. Le dessin sert l’histoire et les personnages, de part son réalisme, cohérent avec ce que dépeint l’intrigue. Le découpage et la mise en scène sont lisibles, simples, sans fioritures, amenant notre œil directement là où il a besoin d’être. Petit bémol à mes yeux tout de même : les character design sont assez simplistes, habituels, et aucun personnage ne se démarque plus que d’autres.
Pour conclure…
Si vous êtes amateurs d’histoires policières ET de mangas, My Home Hero est une pépite pour vous. L’intrigue est haletante, les personnages sont intéressants et vivants, et le tout s’octroie un très bon dessin et découpage de la part du dessinateur. Je vous conseille bien évidemment de vous jeter dessus, c’est le but de ce calendrier de l’avent après tout !
Si vous n’êtes pas rassasiés, vous pouvez continuer à étoffer votre culture ici, sur Gaak. Notamment en découvrant la précédente oeuvre traitée dans ce calendrier de l’avent 2021: le shojo Black Bird.