Pour ce quatrième jour du mois de décembre, nous allons parler de Reine d’Égypte, l’excellent manga qui retrace l’histoire d’Hatchepsout, l’une des premières femmes Pharaon.
Néfertiti, Cléopâtre, Nefertari, Isisnefert, Tiyi, Touya… Ces noms appartiennent à certaines des plus grandes femmes de l’histoire égyptienne. Toutes ont contribué au rayonnement de l’Egypte durant l’Antiquité et on connait pour la plupart ces noms. Pourtant, un nom mérite autant de reconnaissance : Hatchepsout.
Immersion dans l’Egypte antique
Cette dernière est l’une des premières femmes à avoir été couronnées Pharaon. Son règne coïncide avec l’une des périodes les plus fastes de l’Egypte antique. Mais étrangement, Hatchepsout est très souvent oubliée quand on parle de femmes qui ont marqué l’Histoire. Certes, tout le monde n’est pas calé en égyptologie, mais toujours est-il que son nom mérite d’être énoncé quand on parle de reine.
C’est peut-être ce qui a donné envie à Chie Inudoh de réaliser Reine d’Égypte. À travers les 9 tomes de ce manga, édité par Ki-Oon, la mangaka nous raconte l’histoire d’Hatchepsout. Ici, dès son enfance, elle rêve de devenir Pharaon et de succéder à son père, Thoutmosis 1er. Malheureusement, elle fait face à une barrière insurmontable à l’époque : elle est une fille. La tradition veut en effet que ce soit le fils ainé qui succède à son père.
Dans le cas d’Hatchepsout c’est encore pire. Elle est réduite à transmettre le pouvoir entre son père et son demi-frère Sethi, qu’elle doit épouser pour en faire le Pharaon Thoutmosis II. Un rôle attribué dès le berceau qui ne convient guère à notre héroïne.
Guerre familiale
Il faut dire que c’est dur pour elle de laisser le trône à son demi-frère Sethi parce qu’elle est une femme, alors qu’elle le dépasse dans tous les domaines, du combat à la politique. Alors quand elle devient l’épouse de Sethi, devenu le pharaon Thoutmosis II, Hatchepsout se lance dans une longue bataille pour rétablir quelque chose qui lui semble injuste.
C’est alors une véritable guerre fratricide qui démarre entre Hatchepsout, soutenue dans l’ombre par son entourage le plus proche et Thoutmosis II, qui a derrière lui la force des conservateurs les plus extrêmes et de l’élite égyptienne dans son ensemble. Une adversité redoutable pour Hatchepsout, qui la fait évoluer tout au long du manga.
Optimiste voire presque idéaliste au début de l’œuvre, Hatchepsout comprend pas à pas qu’en tant que femme, elle va devoir encore plus se salir les mains pour atteindre son but. En effet, face à elle se trouve Thoutmosis II, un pharaon aussi ambitieux qu’elle, amoureux de la guerre et impitoyable, même avec sa propre épouse. Celui-ci est d’ailleurs un très bon antagoniste. Sans être le mal absolu, il incarne à merveille l’obstacle que l’homme peut représenter pour la femme à l’époque. Son comportement vis-à-vis d’Hatchepsout est d’ailleurs l’un des moteurs de l’histoire, du début à la fin.
Mais il n’est pas le seul face à qui Hatchepsout doit faire face. Ses propres enfants, ses alliés les plus proches, voir même sa nourrice constituent des obstacles à son accession au trône. Un vrai jeu d’échec, où la moindre erreur peut être fatale.
Un poil d’histoire-fiction
Ce qui fait la force de Reine d’Égypte, c’est son histoire qui ne sort pas de nulle part. A travers son œuvre, Chie Inudoh revisite l’Égypte antique. Si l’auteure prend plusieurs libertés scénaristiques pour nous raconter l’histoire d’Hatchepsout, nous ne sommes pas non plus dans un multivers. La part de fiction ne prend pas le dessus sur l’histoire vraie d’Hatchepsout, ce qui forme un récit qui nous apprend beaucoup sur cette reine. Les difficultés que la reine rencontre tout au long du manga sont à n’en pas douter très proches de celles que la vraie Hatchepsout a rencontrées au cours de sa vie.
Mais là où Reine d’Égypte fait fort, c’est dans sa capacité à décrire des personnages dont on sait très peu de choses. Chie Inudoh a en effet réalisé un vrai travail de recherches pour donner plus de réalisme historique à tous ses personnages, même les moins importants. Cela nous donne une histoire qui se veut le plus proche de la réalité, malgré une part évidente de fiction. Mais c’est ce magnifique mix qui fait de Reine d’Égypte un excellent récit sur une femme née 1000 ans trop tôt mais qui s’est battue pour se faire une place dans l’Histoire.