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Calendrier de l’Avent – Jour 5 – Perfect world

  • Shima 

On se retrouve aujourd’hui pour parler de ce manga bouleversant qui aborde le sujet fort de l’amour malgré le handicap : le Josei Perfect World.

Résumé

Tsugumi, à 26 ans, est travaille au sein d’une entreprise de design d’intérieur. Lors d’une soirée professionnelle, elle tombe nez à nez sur son premier amour, Itsuki Ayukawa. Or, Ayukawa n’est plus exactement le même. En effet, un drame a chamboulé sa vie : un terrible accident qui lui a sectionné la moelle épinière. Cloué dans un fauteuil roulant, le jeune homme n’en est pas moins resté le même et les sentiments qu’éprouvait anciennement Tsugumi refont surface. Mais arrivera-t-elle à surmonter le handicap d’Ayukawa ?

Perfect world

Perfect World

Perfect World est un manga de Rie Aruga prépublié dès 2014 dans le Kiss de Kôdansha. Il s’agit du deuxième manga de l’auteure, mais la première à sortir en volume relié. A l’origine, Perfect World devait être un one-shot, mais sous l’engouement du public, la mangaka a décidé de sérialiser son manga. La série est terminée en 12 tomes reliés. En France, les éditions Akata publient le manga. Le 11ème et avant-dernier tome paraîtra le 10 décembre prochain.

Source

Perfect world

Un thème peu commun

Si le handicap a déjà été abordé dans certains mangas à succès, je pense notamment à A Silent Voice, j’attendais avec impatience une œuvre sur le handicap moteur. La mangaka va ici montrer les difficultés de la vie de tous les jours : se déplacer dans la rue, devoir se faire aider… Mais aussi les difficultés sociales : surmonter le regard des autres, trouver sa place dans la société… Beaucoup d’aspects de l’envers du décor de la vie d’une personne en fauteuil seront montrés, ajoutant une valeur indéniable au manga, au delà de l’histoire d’amour.

La mangaka va également aborder les soucis médicaux qui découlent du handicap moteur de Ayukawa. Ce fait m’a beaucoup intéressée car peu de gens savent toutes les contraintes médicales qu’entraîne une vie en fauteuil roulant pour un paralysé. On sent dans Perfect World la documentation poussée qu’à dû faire l’auteure et c’est très appréciable. Traiter d’un sujet si grave nécessite une dose de réalisme pour être pris au sérieux et c’est le cas ici.

Perfect world

Une relation difficile

Tsugumi et Ayukawa vont entamer une relation amoureuse qui ne sera pas sans difficultés ! Tsugumi se sent parfois totalement démunie, ne sachant que faire dans une situation où Ayukawa est en difficultés. Elle se pose également questions sans oser en faire part. Ce fait, déjà, est une difficulté pour leur relation. En effet, la communication ne peut être optimale si une des partie ne s’exprime pas. Et c’est encore pire si l’autre partie reste secrète aussi ! En effet, Ayukawa paraît fort et heureux malgré son handicap, mais il cache pourtant des périodes de douleur, d’échec, de déceptions, de renoncement et un traumatisme dû à sa précédente relation. Il cache un manque de confiance énorme, se sacrifiant pour ne pas être un poids pour l’être aimé.

Petit à petit, Tsugumi va cerner cet aspect d’Ayukawa et décider de l’épauler coûte que coûte, même si elle ignore ce qu’il peut vivre ou ressentir, elle va faire de son mieux pour le soutenir.

Cette relation peu commune va donc devoir surmonter des séries d’épreuves, la première sera de se comprendre, de s’accepter, mais également de se laisser aller d’accepter l’amour et l’aide qui en découle, mais d’abord d’accorder sa confiance. Outre les rivaux amoureux qui feront leur apparition, le cœur du manga repose sur le combat que devront mener Tsugumi et Ayukawa pour se comprendre et s’accepter.

Perfect world

Graphismes

Les graphismes sont représentatifs de l’univers Shôjo, des visages expressifs à grands yeux, mais reflétant une certaine part de réalisme. Le trait fin et les décors sont très agréables à suivre.

Perfect world

Une immersion totale

Pour ma part, j’ai pu m’identifier dès le début aux personnages. Ils ont à peu près mon âge, fin de la vingtaine. J’apprécie lire des œuvres avec des personnages adultes, il est plus aisé de s’identifier à des personnages proches de nous. De plus, pouvant moi aussi être considérée comme « handicapée », même si ce n’est pas au point de Ayukawa, j’ai pu comprendre les sentiments qu’avait ce dernier : ne pas vouloir être un poids, ne pas vouloir dire quand ça va mal, mais aussi sa volonté de se battre malgré sa situation ou encore le combat physique et moral que peut être la vie quotidienne. En même temps, j’ai aussi vécu la situation où la personne partageant ma vie souffre d’un handicap dont je ne souffre pas. J’ai du coup aussi pu m’identifier à Tsugumi, avec ses interrogations ou encore son sentiment d’impuissance.

Cette expérience, de pouvoir s’identifier et comprendre les deux personnages à travers mon vécu m’a fait énormément apprécier ce manga. Il y avait très longtemps que je n’avais pas lu un manga centré uniquement sur une histoire d’amour, mais une fois plongée dans Perfect World, je n’ai pas pu m’arrêter. J’attends la fin avec une immense impatience.

Une phrase blessante ?

Pourtant, ma lecture de Perfect World a, je dois dire, assez mal commencée ! La première phrase du manga « Et vous, pourriez-vous vivre une histoire d’amour avec une personne handicapée ? » m’a blessée. J’ai eu envie de crier qu’avant d’être handicapés, nous sommes avant tout des êtres humains, des personnes constituées de nos caractères, nos passions, de nos sentiments… J’ai trouvé cette phrase assez mal tournée, impliquant de réduire une personne à son handicap. Je sais que ce n’est pas facile de construire une relation dans cette situation, mais on ne tombe pas amoureux d’un handicapé, mais d’une personne à mon sens.

Le début du manga a continué dans ce sens, avec les collègues de Tsugumi qui en rajoutent une couche « Je ne pourrais jamais sortir avec un handicapé », puis les gens qui parlent dans le dos de Ayukawa…

Puis, j’ai réfléchi au delà de mes sentiments et je pense que cette phrase est là exprès, peut-être pour interpeller. Pour aussi montrer les difficultés sociales de ne pas être « dans la norme ». J’ai vu une vidéo il y a peu qui racontait le quotidien de personnes en fauteuil roulant au Japon. Si beaucoup d’infrastructures sont adaptées, il n’en est pas de même pour la mentalité des gens, qui, apparemment, discriminent plus les personnes souffrant de handicap qu’en France. Il n’y a qu’à voir la réaction de la famille de Tsugumi pour se rendre compte que les mentalités ne sont tout de même pas pareilles.

Conclusion

Passé ce sentiment premier, je n’ai pas pu décrocher du manga. Montrer la vie d’une personne en situation de handicap, quotidienne comme sentimentale, et tous les soucis qui en découlent avec une bonne dose de réalisme, cela m’a conquise ! Amatrices ou amateurs de romance/tranche de vie mature et réaliste, je ne peux que vous conseiller Perfect World. Ce manga m’a personnellement bouleversée et je tiens à le partager autant que possible. Cette critique a été plus personnelle que d’habitude, j’y ai évoqué ma vie et mes sentiments, mais ce manga m’a permis de vivre des émotions dont j’avais envie de vous parler. J’espère que cela ne vous aura pas dérangé !

bande annonce de Perfect World dans l’Instant Shôjo

© Rie Aruga / Kodansha Ltd.