Choujin X, c’est le nouveau manga de Sui Ishida (Tokyo Ghoul) et l’un des derniers ajouts du catalogue Glénat ! Voici mon avis sur le tome 1 !
Choujin X – tome 1 :
Pour l’édition française de Choujin X, les éditions Glénat ont repris les couvertures de l’édition japonaise. En ce qui me concerne, j’aime beaucoup le style « painting » de Sui Ishida. Et même si la couverture est simple, je la trouve très efficace. L’orbite vide du personnage, ainsi que le masque évoquant un crâne, attirent l’oeil et nous intriguent. C’est tout ce que j’attends d’une couverture personnellement.
Du côté de l’ouvrage en lui-même, c’est un beau bébé de 256 pages, avec trois pages couleur, un papier de qualité et une impression qui fait honneur au dessin de Sui Ishida. J’ai trouvé la traduction très pertinente aussi, en gardant le comique loufoque des dialogues.
Lors d’un crash aérien, des témoins ont observé l’appareil relâcher une fumée noire dans le ciel.
Des êtres appelés « choujin » auraient provoqué cet accident. Mis, de façon étrange, les dommages ont été très peu importants et pas moins de deux cents individus ont survécu à la catastrophe.
Les lycéens Tokio Kurohara et Azuma Higashi décident de se porter volontaires pour nettoyer le site du crash. Alors qu’ils rentrent chez eux, de petits malfrats s’en prennent à eux…
Mais ce n’est pas comme d’habitude. Quelque chose ne tourne pas rond…
Je tiens à préciser que je n’ai pas lu ni vu Tokyo Ghoul. Oui. Mais cela a au moins un avantage… Je ne pourrai pas comparer les deux oeuvres entre elles !
Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités…!
Choujin X débute dans un univers similaire au notre, peut-être un poil futuriste au regard des smartphones qu’utilisent les personnages. L’ensemble est assez crédible. L’autre différence, c’est évidemment la présence de Choujin. Dans ce premier tome, Sui Ishida nous en montre plusieurs, mais ne nous donne aucun détail concernant leur nature, leur origine. J’ai trouvé ça vraiment dommage, d’autant plus que c’est un élément central. Globalement, ce tome 1 souffre donc d’un gros problème : le manque de contextualisation.
Comment s’intéresser aux Choujin si on ne nous donne aucun élément sur ce qu’ils sont ? Leur différence seule ne suffit pas à susciter notre intérêt ! On a des éléments de réponse dans la partie bonus de ce tome, mais en ce qui me concerne, je pense que ces informations devraient être incluses à l’histoire.
Au delà de ça, l’univers est sombre, violent tout en proposant un humour absurde, ce qui peut rappeler Chainsaw Man. Néanmoins, dans le cas présent, ce n’est que par fulgurance (la course poursuite est un sommet). De ce fait, on a un sentiment dissonant. Comme si Sui Ishida c’était forcé à inclure de l’humour pour désamorcer la noirceur de son univers.
Univers : 2,5/5
Du point de vue scénaristique maintenant, Choujin X nous présente des débuts assez classiques. Un élément sans contexte qui nous accroche par sa violence; puis on bascule sur l’exposition. On découvre différents personnages, leurs objectifs. Très vite, Tokio, le protagoniste acquiert des pouvoirs surnaturels, il devient un Choujin. Le reste du tome se concentre ainsi sur la gestion de cette transformation. C’est assez efficace.
Il semble primordial que personne ne sache qu’il est un Choujin, mais on ne sait pas vraiment pourquoi. Qu’est-ce qu’implique le fait d’être un Choujin dans cet univers ? Est-on considéré comme une menace ? Comme une anomalie à éliminer ? Est-on traqué ? Si on pouvait mettre de côté l’absence d’explications concernant les Choujin, ce serait un début correct. Malheureusement, on ne peut pas faire sans.
En plus de tout ça, Sui Ishida nous présente tout un tas d’éléments mystérieux (personnages, organisation, artéfacts), et donc autant d’intrigues potentielles. Pour autant, il ne tranche jamais vraiment et nous laisse dans le flou complet. Et la narration à point de vue multiples vient ajouter encore un peu plus de confusion à tout cela. Cette introduction m’a perdu, et déçu aussi.
Scénario : 2,5/5
Choujin X introduit un binôme de personnages dès le départ. Tous deux sont lycéens et justiciers à leurs heures perdues. Cependant on a le solaire Azuma Higashi d’un côté, et son pendant nocturne Tokio Kurohara. Tout réussi au premier, pendant que l’on reproche au second d’être son ombre, et de ne se contenter que des miettes laissées. Une dynamique tout en contraste et en complémentarité qui est finalement assez efficace.
On fait également connaissance avec Ely, une petite fille courageuse qui finira par croiser la route de notre protagoniste. Je trouve le personnage Les portraits que dresse Sui Ishida sont travaillés et réussis, ils ont des failles, une part de fragilité qui les rend plutôt attachants. Je conçois cependant que certains trouvent Tokio ennuyant, pour son côté passif, geignard et son manque de charisme. C’est finalement une sorte de Shinji Ikari. D’autres personnages sont introduits dans ce tome, parmi lequel un certain Hoshi Sundark qui semble agir comme un justicier.
En revanche, là où j’ai vraiment eu du mal, c’est par rapport à l’antagoniste présenté dans ce tome 1. C’est une bonne chose de le présenter dès le début mais… Un méchant méchant parce qu’il est méchant… Très peu pour moi. Nari relève un peu le niveau, parce qu’elle semble obéir à des ordres, mais c’est tout.
Personnage : 3/5
Tout est à jeter dans Choujin X ? Non évidemment. Les qualités graphiques du trait de Sui Ishida relèvent un peu le niveau. Par son trait nerveux et organique, l’auteur de Tokyo Ghoul parvient à générer une ambiance vraiment intéressante. Les designs des Choujin jouent beaucoup sur la déformation des corps, offrant des visuels cauchemardesques et créant immédiatement un malaise chez le lecteur. On retrouve ce body-horror lors des combats, avec des membres brisés sous la force des coups, des os apparents, des chairs en lambeaux.
Pour rester sur les confrontations, les mises en scènes sont plutôt inspirés, avec des points de vue ambitieux parfois. Globalement, c’est un ensemble dynamique, qui met en exergue la violence des affrontements et de cet univers. J’ajouterai également que le travail sur les expressions est très soigné aussi.
Malheureusement, le découpage est confus, et l’esthétique brouillonne n’aide vraiment pas à la compréhension. J’ai parfois passé plusieurs minutes à décrypter l’action de certaines pages pour être sûr d’avoir compris. Autres bémols… Les arrières-plans, trop souvent absents. Et le fanservice. Dans mes souvenirs, Sui Ishida n’était pas aussi attaché au fait de donner des courbes généreuses à ses personnages féminins…
Dessin : 4/5
Choujin X, en résumé :
J’étais curieux de découvrir CHOUJIN X et j’avoue avoir été déçu par ce premier tome.
Le concept des Choujin, des super humains, permet d’avoir un nombre quasiment illimités de possibilités en termes de pouvoirs. Ça aurait pu être génial, ça aurait DU être génial… Malheureusement, ce tome 1 est si pauvre en information les concernant que notre intérêt pour eux est amoindri.
Au delà de ça, on a du mal à savoir où l’auteur veut nous emmener avec son récit. Il pose plein de petits éléments, qui pourraient tous mener à des intrigues par la suite, mais nous laisse dans le flou. Qui plus est, comme on ne sait rien des Choujin, on a du mal à comprendre ce que cela implique pour notre protagoniste. J’avoue avoir été perdu par rapport aux intentions de ce premier volume.
Les personnages relèvent un peu le niveau. Le binôme formé par Tokio et Azuma est vraiment intéressant. À la fois opposés et complémentaires, les personnages sont mûs par une dynamique qui les rend attachants. Ely est également plaisante à suivre. En revanche, l’antagoniste présenté ne m’a pas convaincu. C’est un méchant méchant parce qu’il est méchant. Dommage.
Du côté des visuels, les designs des Choujin sont vraiment intéressants. L’aspect organique, les déformations des corps et le jeu d’ombre proposés de Sui ISHIDA permettent de conférer un aspect horrifique (body-horror) au récit. Pour le coup, j’ai bien aimé ce point.
Malheureusement, comme pour le reste, il y a des passages très confus, avec un découpage pas toujours compréhensible.