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Pour les 80ans de Batman, Joker est-il le cadeau idéal ?

La Némésis du chevalier noir, Joker, a droit à son long métrage solo. Les studios Warner ont fait appel à Todd Philips pour conter les origines du clown prince du crime. Alors, pari réussi ? Critique sans spoiler.

Avant Joker il y a Arthur Fleck

Il y a quelques années, les studios DC Warner ont annoncé produire un film centré sur le Joker. L’un des méchants les plus emblématiques de la Pop Culture bénéficiera donc de son premier film solo. Au départ, Martin Scorsese (Les Affranchis) était évoqué pour réaliser le film, mais c’est finalement Todd Philips (Very Bad Trip) qui s’en charge. L’excellent Joaquin Phoenix campe le rôle principal et devient méconnaissable dans le rôle du clown le plus connu du monde (vas-te cacher Pennywise).

Moi, en courant aller voir Joker hier matin

Lors de l’annonce du long-métrage, j’étais ultra hypé. Puis au fur et à mesure de l’avancement, je devenais sceptique. Notamment quand Todd Philips se vantait de ne s’inspirer d’aucuns comics et de nous avoir concocté sa vision 100% originale du Joker. Finalement, le réalisateur s’est bel et bien inspiré de certaines œuvres majeures et nous a fait un véritable film Batman. Ici, nous nous concentrons donc sur Arthur Fleck. Un américain touché de plein fouet par le capitalisme, qui essaye tant bien que mal de gagner sa croûte dans une Gotham City de plus en plus encline à la violence. Celui-ci est atteint d’une sorte de syndrome de la Tourette à cause duquel il explose de rire dans les situations stressantes.

Et c’est là où Joaquin Phoenix est justement époustouflant. Ses « crises de rires » ont réellement l’air douloureuses pour le comédien. L’américain confesse justement durant une interview pour Brut avoir galéré à créer cet effet. Pour le coup, c’est réussi et on ne peut que le saluer. Je salue également DC Warner qui a eu l’audace de proposer quelque chose de différent et de montrer une vision du comics qui diffère complètement de Disney Marvel avec son MCU.

HAHAHAHAHAHAHA !!

Todd Philips a plus ou moins fait comme Christopher Nolan avec sa trilogie Batman. Prendre l’univers du comics et l’adapter de la manière la plus réaliste possible. Pas de gaz hilarant, pas d’acide qui sort d’une rose de son costume et exit la cuve d’acide qui donne le teint blanc du Joker. Le réalisateur a préféré jouer la carte de l’authenticité avec une Gotham crasseuse dans laquelle la fracture entre riches et pauvres se fait de plus en plus sentir.

Maintenant, qui rigole ?

Arthur Fleck tente de se frayer son chemin dans cette cocotte minute au bord de l’implosion. Mais les miasmes de celle-ci l’affecteront directement pour ne faire ressortir que l’immense vice qui sommeillait en lui. Même si le film est une origin story, il reste très ambigu et flou sur bon nombres de points et tant mieux. Pour beaucoup, le Joker n’a pas d’origine, Philips jouera d’ailleurs dessus jusqu’à la fin. Comme dit plus haut, le réalisateur a puisé l’inspiration dans le mythique Killing Joke d’Alan Moore qui retrace au mieux les origines du clown.

Le réalisateur a également repris une séquence de Batman Dark Knight Returns de Frank Miller et l’une des scènes les plus connues du Batverse est présente dans le film. D’autres clins d’œil sont présents mais je vous laisse les découvrir par vous-même. Hormis les comics, on peut aisément citer Taxi Driver ou La valse des pantins de Martin Scorsese. Le film fait de toute façon un hommage retentissant à l’époque de la New Hollywood et de ces artistes qui voulaient faire bouger les codes de leur époque.

Je pensais que ma vie était une tragédie, je réalise qu’elle n’était qu’une comédie

Le film Joker affirme que l’on peut faire du « Dark Comics » au cinéma et que cela marche. Celui-ci a déjà récolté plus de 240 millions de dollars en un week-end et les critiques sont unanimes quant à la qualité du projet. Certains diront que ce Joker made in Todd Philips est bien plus un film d’auteur qu’un film de super-héros. Mais en même temps, nous ne sommes pas obligé de toujours avoir des blockbusters à plusieurs millions de dollars à coup de fonds verts omniprésents pour représenter l’idéal imaginaire des comics.

DC Warner en voyant les chiffres de Joker

Le Joker est un personnage torturé et perturbé qui ne pouvait que bénéficier d’une version de ce type pour le représenter au mieux. Celui d’un homme auquel rien ne va et dont le sentiment d’impuissance face à un monde méprisant ne peut plus durer. Il va rire au nez de ce système qui se croit si parfait et ose prôner la bonne parole. Ce clown n’est finalement que l’analogie d’un environnement qui se ment à lui-même. Peut-on rire de tout ? Le Joker a décidé que oui, que la joie et l’amusement n’étaient la propriété intellectuelle de personne et de tous à la fois.

Jack Nicholson nous avait offert le Joker le plus comique de tous sous la houlette de Tim Burton. Heath Ledger, un criminel terroriste faisant l’apologie de l’anarchie sous fond d’amusement et magnifiquement mis en scène par Christopher Nolan. Un clown non pas prince mais roi du crime avec Jared Leto, hélas sous exploité et vite oublié dans les méandres de l’imaginaire de David Ayer. Avons-nous ici la version la plus complète du plus grand criminel de Gotham avec le duo Phoenix/Philips ? Je vous laisse en décider par vous même. Peut-être que tout ceci n’est qu’une vaste blague après tout.

Joaquin Phoenix en route pour un Oscar
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