Le cliché de l’histoire d’amour interdite entre un professeur et son élève. Le thème, disons-le ouvertement, a été suffisamment poncé en long, en large et en travers. Suffisamment pour que tout amateur de shojo veuille passer son chemin sans une once de culpabilité. Le Jeu de la mort de Mizuki Sora se démarque pourtant. Aussi, il serait dommage ne pas faire une pause pour suivre ce duo défendu.
Un plot étonnant
Lorsque Mikoto Ochiai grimpe, le cœur brisé, par-dessus la rambarde du toit de son lycée, elle est bien déterminée à faire le saut de l’ange. Pour autant, son plan sera vite contrarié par l’arrivée de son professeur de physique, Jin Haiba. L’enseignant accro à la nicotine apparait pour lui faire une proposition qui va faire battre son cœur d’une façon inattendue. « Avant de mourir, ça ne te dit pas d’avoir une histoire d’amour avec moi ? ». Cette phrase marque le début d’une histoire dont l’héroïne elle-même ignore s’il s’agit d’amour. Ce pourrait-il qu’il s’agisse de quelque chose de plus sombre ?
La mort en fil conducteur, l’amour comme élément perturbateur
Désespérée après son rejet par le garçon qui lui plaît, Mikoto Ochiai veut en finir avec la vie. Alors qu’elle allait lâcher prise, Jin Haiba lui déclare sa flamme. L’homme blasé et sarcastique lui présente ce qui ressemble à un défi. Celui de tomber amoureuse de lui. Dès lors, l’enseignant commence à stalker son élève avec une bienveillance de chevalier-servant. S’en suit des situations drôles, des quiproquo excitant, quelques sous-entendus audacieux et des rapprochements tendres. Le duo cherche à définir cette relation naissante. Le professeur et la lycéenne vont se découvrir et avancer pas à pas vers ce tabou sans jamais franchir la ligne rouge. En tout cas pas durant les deux premiers tomes parus chez Delcourt-Tonkam.
Un Jeu de la Mort trompeur ?
Avec le suicide comme point de départ et un titre tel que « Le jeu de la Mort », le duel psychologique était évident. D’un côté, avec l’enseignant imbibé de nicotine et de l’autre avec l’adolescente négative trop sensible pour son propre bien. Pourtant, malgré la tension, le rire est au rendez-vous tout au long de la lecture. L’histoire imaginée par Mizuki Sora pousse à utiliser ses zygomatiques sans retenu. La mangaka place ses héros dans des situations qui se prêtent normalement à la peur ou aux larmes. Ce tour de force est possible grâce aux caractères à la fois intense et désinvolte des personnages qui sont, chacun à leur façon, abîmés par la vie.
Deux et déjà en manque !
Les deux premiers tomes sont disponibles chez l’éditeur français Delcourt-Tonkam et ce n’est déjà pas assez. Au Japon, Le Jeu de la mort compte huit tomes publiés. Le moins que l’on puisse dire est qu’on est impatients de savoir ce qui va se passer entre nos deux héros.