Le premier tome m’avait bien plu, je continue donc ma lecture en vous donnant mon avis sur le tome 2 de Darwin’s Incident !
Darwin’s Incident tome 2 !
Pour cette couverture, on retrouve Charlie accompagné de Lucy. Encore une fois, c’est une composition très travaillée, avec de petits détails pertinents. On peut noter le slogan « More human than human » sur le t-shirt de Lucy, ou encore le M16 dans les mains de Charlie. La violence de l’élément est cependant adoucie par un petit oiseau, perché sur le canon du fusil d’assaut.
Charlie, un hybride mi-humain mi-chimpanzé, vient tout juste d’entrer au lycée. Ses parents adoptifs souhaitent qu’il ait une vie scolaire paisible, mais le groupe terroriste ALA, qui prône la libération des animaux, porte son attention sur lui. À l’école, sa nouvelle camarade de classe Lucy fait tout son possible pour l’aider à s’adapter à la vie au lycée. Mais un incident va tout chambouler…
Entre l’humain et l’animal, il incarne le changement !
Ce tome 2 de Darwin’s Incident débute avec Charlie en prison. Une problématique intéressante est évoquée : les droits de notre protagoniste ! En effet, n’étant ni humain, ni animal, l’humanzee se situe dans un vide juridique. On découvre ainsi un objectif de l’histoire : faire que Charlie soit reconnu comme ce qu’il est, non comme un objet. Néanmoins, cette piste d’intrigue est mise de côté assez vite, et le récit va se concentrer sur autre chose. Dommage, mais pas tant que ça.
En effet, Shun Umezawa revient sur le militantisme, en montrant ses personnages agir pour défendre ce en quoi ils pensent et croient. Ce sont alors des moments plein de tension, trépidants et plutôt rudes il faut le reconnaître, que l’on découvre. L’immersion est totale ce qui rend le récit prenant. Le final est d’ailleurs aussi surprenant que fort en émotions. La suite promet d’être palpitante !
Le fond de l’histoire se densifie. Si la dimension politique s’était déjà affichée avec le groupe qu’est l’ALA, cette fois, on se rend compte que la cause animale est au centre de la vie politique avec l’intervention de la députée Dafne M Linares. L’ensemble est bien rythmé, et tout s’enchaîne très bien. On a vraiment l’impression de suivre une série télévisée, c’est très plaisant.
Scénario : 4,5/5
Un des points qui m’avaient un peu chagrinés dans le premier tome, c’était le développement des personnages. Je dois avouer que ce deuxième tome de Darwin’s Incident m’a fait bien meilleure impression.
Charlie est égal à lui même, instinctif, pragmatique et toujours aussi attachant. En revanche, j’ai adoré découvrir le personnage de Lucy. Cette fois, elle s’impose comme un personnage à part entière, plus qu’un simple soutien pour notre Humanzee.
Pour s’opposer à notre duo, on retrouve Max, de son vrai nom Livera Feyerabend, un des dirigeants de l’ALA. Nous n’avons plus aucun doute concernant sa santé mentale… Il est complètement malade. J’ai encore en tête le passage où il aborde Lucy, la « fille aux yeux kaléidoscopiques ». Outre la référence géniale à la chanson des Beatles, c’est un manipulateur vraiment abject. Peut-être encore un peu archétypal tout de même…!
Malheureusement, le jeune Gayle en fera les frais. Aveuglé par ses convictions, et fortement influencé par Feyerabend, il commettra des choses atroces… Même si son évolution est triste, j’ai beaucoup aimé ce personnage qui souhaitait sincèrement défendre la cause animale. Il est d’ailleurs l’occasion d’introduire de nouvelles références pop culturesque, son pseudonyme étant RedPill, directement en lien avec Matrix.
Personnages : 4/5
Visuellement, Darwin’s Incident est plus que correct. On retrouve les petits défauts du tome 1 (pourquoi faire des nez de profil aussi longs ?!), mais globalement rien de très dérangeant à la lecture. La maîtrise du design de Charlie est toujours aussi impressionnante.
Dans ce tome, j’ai trouvé qu’il y avait un joli travail sur l’expressivité. Il y a évidemment le regard psychotique de Feyerabend, mais ce sont surtout sur les expressions de Gayle qui m’ont marqué. On ressent pleinement sa tristesse, sa détresse. Il y a aussi un gros travail d’ambiance, qui passe par des décors très complets et travaillés.
Le découpage accompagne très bien le récit. De belles doubles pages pour les moment très tendus, et une mise en scène plus dynamique pour les scènes d’action. Mais ce qui m’a le plus marqué, ce sont probablement les passages sans paroles. Il y avait quelque chose de très cinématographique avec ces derniers, j’ai adoré. On a donc une narration très intéressante même si, petit bémol, il arrive que les pages soient très chargées de texte.
Visuels : 4,5/5
Parmi les thématiques principales de Darwin’s Incident, il y a l’antispécisme. La défense de la cause animale se présente à nous dans sa totalité cette fois. Il n’est plus simplement question du veganisme. Pour l’instant cependant, l’auteur se contente d’exposer les choses. Il le fait de telle manière que cela nous pousse à la réflexion, mais ne nous partage pas son avis sur la question. Peut-être cela viendra-t-il ensuite, peut-être pas. Il faut admettre que le sujet est délicat.
À travers le personnage de Gayle, on peut voir une dénonciation de l’endoctrinement et de la radicalisation. Les manipulateurs jouent des convictions de certaines personnes pour leur faire accomplir des actes atroces. Par extension, l’oeuvre aborde la question du terrorisme pour défendre une cause.
Sur le sujet, le message est clair: ce n’est pas avec la violence qu’on peut parvenir à faire entendre ses convictions, bien au contraire. La façon de faire est brute, violente mais tristement proche de la réalitée. Les fusillades aux États-Unis ne sont pas une fiction, et ce parti pris de l’auteur se révèle très évocateur.
Thématiques : 4/5
Darwin’s Incident, en résumé
Le premier tome de Darwin’s Incident posait des bases solides, notamment grâce à un aspect scientifique poussé. Ce deuxième tome, vient développer l’ensemble, tout en le rendant vraiment palpitant à suivre.
J’avais émis un petit bémol par rapport aux personnages dans le premier volume, je dois dire que ce nouvel opus m’a un peu plus convaincu. Charlie et Livera Feyerabend, l’antagoniste, restent archétypaux, en revanche Lucy et Gayle ont droit à un bon traitement. Les deux parviennent à nous toucher, même si c’est de manière très différente.
Le récit poursuit son exploration de thématiques atypiques et un peu « touchy », telles que l’antispécisme, l’activisme le terrorisme… L’auteur ne nous donne pas de réponse, il ne nous donne pas son avis non plus : sans trop tomber dans le prosélytisme, l’oeuvre nous invite à la réflexion !
À la manière d’une série, les évènements s’enchaînent très bien, il y a une vraie tension narrative avec des rebondissements plaisants à suivre. Je dois même avouer que, sur sa fin, ce tome m’a agréablement surpris. Je ne pensais pas que cela irait si loin, mais finalement… C’était une suite réaliste (tristement réaliste pour tout dire).
Ce côté « cinématographique » se retrouve également dans le visuel du manga.
En effet, grâce à un découpage bien pensé, et une belle mise en scène ; le manga propose une narration très efficace. Je noterai également le joli travail sur les expressions des personnages, cela permet de nous immerger pleinement dans tous ces combats, ces luttes qui prennent aux tripes.