Je continue ma plongée dans l’univers horrifique de Junji Ito avec la lecture de l’anthologie FRAGMENTS D’HORREUR, aux éditions Mangetsu !
FRAGMENTS D’HORREUR, anthologie :
Pour ce nouveau recueil, les éditions Mangetsu continuent de proposer des ouvrages de qualité. Comme pour Zone Fantôme, on retrouve une couverture rigide, mate avec un vernis sélectif du plus bel effet. La jaquette reprend celle de l’édition japonaise, avec une version « Junji-itoesque » du tableau Le Cri d’Edvard Munch. Si une analyse plus poussée de cette illustration vous intéresse, je vous invite à lire celle de Morolian, présente dans le volume. Elle est très complète !
Un homme volage prisonnier de son futon, une maison classée au patrimoine national dont l’antique charpente semble habitée par un esprit lascif, un cheveu de sorcière tranchant comme une guillotine ensanglantée ou encore une femme obsédée depuis l’enfance par les scalpels et les éviscérations…
Au menu :
- Le futon
- La charpente possédée
- Tomio et le col ensanglanté
- Doux adieux
- Miss scalpel
- L’oiseau noir
- Magami Nanakuse
- La chuchoteuse
Chronologiquement, ce recueil marque le retour de Junji Ito dans le manga d’horreur. En effet, il est paru après 8 ans de disette horrifique. En postface, l’auteur s’inquiète : « j’espère avoir retrouvé la flamme, sans en être tout à fait certain… »
Retour maladroit au manga d’horreur ?
Globalement, FRAGMENTS D’HORREUR est du pur Junji Ito. On y retrouve cette essence si particulière, celle qui donne tout son charme à l’œuvre du maître. Des concepts parfois anodins, parfois absurdes, qui, poussés à l’extrême deviennent effrayants.
Avec tous ces fragments, c’est un panorama de nos cauchemars que dresse le mangaka. Chacune de ces huit histoires à un rythme qui lui est propre, et c’est quelque chose que j’ai beaucoup apprécié. Malheureusement, et comme souvent, les chutes de ces récits peuvent frustrer, voire décevoir.
Scénario : 4/5
Du point de vue graphique, FRAGMENTS D’HORREUR m’a un peu moins convaincu que mes précédentes lectures. J’ai eu comme l’impression que l’artiste ne maîtrisait plus totalement son trait (passage au numérique?). C’est moins détaillé, moins précis.
Cependant, on retrouve les qualités de l’artiste. Les designs des personnages sont très bons, sans tomber dans l’hypersexualisation. Les compositions restent très intéressantes, et on retrouve ces pleines pages à couper le souffle. De plus, le découpage est toujours très bien calibré, et permet de créer l’horreur.
Visuels : 4/5
FRAGMENTS D’HORREUR n’aura jamais aussi bien porté son titre. Junji Ito nous propose une revisite complète de l’horreur, en abordant plusieurs de ces sous-genres. On retrouvera ainsi du body-horror, de l’horreur psychologique, de l’absurde, des histoires de fantômes aussi.
Cependant l’ensemble m’a semblé un peu fade et parfois maladroit, comme si l’auteur manquait d’assurance concernant le ton à adopter. Surréalisme ? Caustique ? Ironique ? C’est dommage. La nouvelle la plus réussie de ce point de vue, bien que l’histoire soit convenue, est La Chuchoteuse.
Horreur : 3/5
Ces FRAGMENTS D’HORREUR, aussi différents soient-ils, sont pourtant liés par des thématiques communes. La plus évidente est celle de la puissance féminine. Certains y verront de la misogynie, car la femme est le monstre. Mais je pense que cela va plus loin.
Dans les différents récits, Junji Ito oppose ces femmes fortes, séductrices, dangereuses à des hommes lâches et volages. Ces derniers ne sont pas des victimes ! Cependant, je serai d’accord pour dire que le traitement est assez maladroit, notamment pour ce qui est de la transidentité dans Magami Nanakuse.
Thématiques : 3/5
FRAGMENTS D’HORREUR, en résumé :
💎 Les points forts :
- Les histoires sont diverses et variées.
- Le dessin est de grande qualité.
- L’horreur est présente sous de multiples formes.
🪨 Les points faibles :
- Des maladresses à plusieurs niveaux.