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Hina Matsuri, l’occasion de célébrer les filles au Japon !

  • Emma 
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Aujourd’hui, je vous emmène une nouvelle fois avec moi au pays du soleil levant pour vous faire découvrir la fête des jeunes filles, plus connue au Japon sous le nom de « hina matsuri » (雛祭り, la « fête des poupées »).

couple impérial lors du hina matsuri Japon
Couple impérial (内裏雛, dairibina) assis au sommet du hinadan (ひな壇) (Flickr : M K)

Une présentation s’impose…

Le 3 mars célèbre les jeunes filles au Japon. Ce jour-là, la coutume veut que les familles des petites filles disposent dans leur maison un autel de poupées appelées « hina ningyô » (雛人形). Celles-ci auraient le pouvoir de dissiper le malheur et d’assurer le bonheur et la bonne santé des filles du foyer. Les poupées utilisées à l’occasion de la fête sont généralement achetées à la naissance de la petite fille ou se transmettent de génération en génération.

Hina matsuri ne fait pas exception à la règle. Comme les autres fêtes japonaises, son déroulement très codifié repose sur une tradition ancestrale. Avant le 3 mars, les familles décorent leur maison en disposant des poupées sur un présentoir. Le 3 mars, elles le décorent de fleurs de pêcher et y déposent des offrandes. Ensuite, la famille se rassemble afin de déguster des plats préparés pour l’occasion (雛料理, hina ryôri, « nourriture pour la fête des poupées »). Les filles mettent leur plus beau kimono à manches longues avant d’aller prier au sanctuaire et de recevoir des cadeaux pour l’occasion.

A noter que les Japonais ont pour coutume de ranger les poupées le soir de la fête pour assurer aux filles du foyer un mariage sans encombre.

Retour aux origines

La fête des filles était anciennement la « fête des fleurs de pêcher » (桃の節句, momo no sekku). Le choix de la fleur de pêcher n’est pas anodin. Symbole du changement de saison, cette fleur fleurit généralement au début du mois de mars. Elle chasserait également les mauvais esprits et symboliserait la longévité.

Hina matsuri faisait à l’origine partie des cinq fêtes traditionnelles (五節句, gosekku) pratiquées par la cour impériale japonaise depuis l’époque de Nara (奈良時代, Narajidai, 710-794). Selon la croyance, les dates aux chiffres impairs et identiques seraient des portes-bonheur. Ainsi, c’est tout naturellement que cinq dates portes-bonheur sont devenues des fêtes japonaises encore pratiquées aujourd’hui :

  • 1er janvier (01/01) : le Nouvel An (お正月, o-shôgatsu)
  • 3 mars (03/03) : la fête des poupées (雛祭り, hina matsuri)
  • 5 mai (05/05) : le jour des enfants (子供の日, kodomo no hi)
  • 7 juillet (07/07) : la fête des étoiles (七夕, tanabata)
  • 9 septembre (09/09) : la fête des chrysanthèmes (菊の節句, kiku no sekku)

Durant l’ère Heian (平安時代, Heian-jidai, 794-1185), seuls les nobles de la cour de Kyoto avaient l’habitude d’offrir des poupées représentant les membres de la cour impériale. Ce n’est qu’au XVIIIème siècle durant l’ère Edo (江戸時代, Edo-jidai, 1868-1912) que la fête a commencé à se répandre progressivement au sein de la population japonaise.

Place aux poupées

A l’occasion du hina matsuri, les familles exposent des poupées représentant l’empereur et l’impératrice accompagnées des membres de la cour de l’ère Heian. La croyance veut que les poupées dévient et absorbent les malheurs du foyer.

Attention, les hina ningyô (雛人形, poupées destinées au hina matsuri) ne sont pas de simples jouets. En réalité, elles n’en sont pas du tout. Il s’agit au contraire d’un objet de luxe, de véritables objets d’arts, comme le montrent très bien Gojo Wakana et son grand-père dans My Dress-Up Darling.

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Sajuna Inui, admirant le travail de Gojo et son grand-père dans My Dress Up Darling.

A l’origine confectionnées en bois, elles sont aujourd’hui fabriquées à la main en porcelaine et portent des costumes en soie brodés. Les coiffures et les vêtements varient d’ailleurs selon les régions, la mode et les fabricants. De plus, leur coût est particulièrement élevé. De ce fait, les collections des familles varient en fonction de leurs revenus. Durant l’ère Edo, les poupées et leurs accessoires faisaient même partie de la dot des jeunes filles et représentaient la richesse de la famille.

Bien que la plupart fasse le choix de ne posséder que quelques poupées voire même uniquement le couple impérial, certains au contraire peuvent compter jusqu’à 15 poupées. A la place des poupées, certains japonais symbolisent le couple impérial en utilisant des kokeshi (こけし, poupée traditionnelle en bois) ou des origami (折り紙, papier plié).

Le couple impérial mis à l’honneur

Les poupées symbolisent les prières de la famille pour la santé et la longévité des jeunes filles du foyer. Elles sont disposées sur des marches recouvertes d’un tapis de feutre rouge (段掛, dankake) appelées « hinadan » (ひな壇) décorées de fleurs de pêcher. Le style le plus simple comporte 3 rangées :

  • Le couple impérial placé au sommet (内裏雛, dairibina, « poupées du palais ») sur deux tatamis colorés appelés « ungenberi » (繧繝縁). Placés entre deux lanternes devant un paravent richement décoré, l’empereur porte un chapeau traditionnel tandis que l’impératrice tient un éventail. Des vases de fleurs de pêcher sont placés entre les deux figurines.
  • Les « trois dames de la cour » sur la seconde marche (三人官女, sannin kanjo)
  • Les « cinq musiciens » sur la dernière marche (五人囃子, gonin bayashi) composés d’un narrateur, d’un flûtiste et de trois joueurs de tambours

Le présentoir complet comporte en réalité 15 poupées disposées sur 7 rangs. Aux trois marches présentées ci-dessus s’ajoutent :

  • Deux gardes du corps (随身, Zuijin)
  • Trois fonctionnaires du palais (仕丁, Shicho) ou guerriers
  • Des accessoires et coffrets de l’époque Heian sur les marches inférieures

L’ensemble de l’autel s’appelle « hina kazari » (雛飾り, littéralement « décoration du festival des filles »). Aussitôt la journée terminée, les familles rangent les poupées dans des boîtes en carton ou en verre pour les protéger jusqu’à l’année suivante.

Autour du présentoir pendent des poupées appelées « tsurushibina » (つるし雛, décoration de poupées suspendues). Selon leur représentation, elles symbolisent la santé, la sécurité et la prospérité.

Nagashi bina, des poupées à la dérive…

Une autre tradition veut que des poupées de paille ou de papier soient disposées dans des petits paniers d’osier avant d’être portées par le courant, emportant avec elles les mauvais esprits et les malheurs. Cette coutume appelée « nagashi bina » (littéralement « poupées flottantes ») vient d’un rituel de purification shinto datant de l’Antiquité.

Choisissez votre couple impérial !

Au Japon, en février et en mars, les lieux publics exposent des poupées miniatures pour l’occasion. Plusieurs franchises ont d’ailleurs l’habitude de revêtir leurs personnages aux couleurs du hina matsuri. Alors, saurez-vous les reconnaître ?

De moins en moins célébrée par les familles japonaises, hina matsuri tend à disparaître. Heureusement, il reste encore de fervents pratiquants de cette fête ce qui lui promet encore de belles années devant elle !

Sources : Nippon ; Vivre à Tokyo ; Kanpai ; Ambassade du Japon en France ; Univers du Japon