Nous sommes au Japon ! Au XIX siècle, lors de l’Empire du Japon. Un moment crucial où le Japon se retrouve tiraillé entre ses traditions et se moderniser. Ce choix crée des conflits dans l’archipel Nippon. Jules Brunet, un soldat français, va se retrouver à lutter avec les samouraïs lors de la guerre de Boshin !
Les débuts de Brunet :
L’histoire commence à Belfort dans l’est de la France, le 2 janvier 1838. C’est à cette date que né Jules Brunet, fils d’un vétérinaire militaire. Dès son plus jeune âge, il souhaite servir son pays. A 19 ans, il rentre à polytechnique et ensuite il sera affecté à l’artillerie.
L’expédition mexicaine de 1861 est son premier fait d’arme. Une guerre qui devait servir à instaurer au Mexique un empire mexicain dirigé par un empereur catholique. Cette volonté vient de Napoléon III qui souhaite empêcher les protestants de diriger le Mexique.
Jules est de retour en France en 1867 et après avoir fait ses preuves au Mexique, il est affecté à une nouvelle expédition : le Japon. Un Japon en pleine transformation qui pratiquait le Sakoku durant l’ère Edo. Le sakoku est la politique isolationniste japonaise instaurée lors de la période Edo par Iemitsu Tokugawa, shogun de la dynastie des Tokugawa. (Un peu comme dans One Piece avec Wano Kuni).
La colonisation du Japon
A ce moment là, les occidentaux cherchent à s’étendre un peu partout dans le monde; et ils ont eut un très bon flair étant donné que le Japon n’avait pas encore été colonisé et pour certains il était temps d’y aller.
Et ça commence par les américains qui envoient une expédition en 1853 dirigé par Matthew Perry qui débarque avec une immense flotte dans la baie de Tokyo. Une fois arrivé, il commence à vendre des navires de guerre dernière génération et surtout des canons. En échange, il fait signer aux japonais un accord autorisant les américains à utiliser leurs ports. Un accord signé sous la contrainte par Tokugawa Yoshinobu, le shogun de l’époque.
A ce moment là, c’est la fin de l’ère Edo et ce sont bientôt les français, les anglais et les russes qui vont se mettre à utiliser les ports japonais forçant le Japon à s’ouvrir au reste du monde. Le Japon se retrouve tiraillé entre les traditions et la modernité quand débarque Jules Burnet en 1867. Il participe à une expédition menée par le capitaine Chanoine. Cette fois-ci à l’initiative de Napoléon III qui répond à une demande du Shogun qui veut former une armée française.
A l’époque, l’armée française avait la réputation d’être l’une des meilleures au monde. Et Brunet fait partie de ses officiers choisis pour former les soldats du Shogun. Et très vite, il tombe amoureux du Japon. Il se sent proche des japonais et sympathise avec des samouraïs.
Les coutumes japonaises, fascination de Brunet
Les samouraïs sont des guerriers à l’époque du Japon féodal et doivent servir un daimyo. Il existe aussi des samouraïs errants nommées ronin. On les forme dès leur plus jeune âge à l’art de la guerre et doivent respecter un code d’honneur strict : le Bushido. L’honneur est quelque chose de très important dans la société japonaise et encore plus chez les samouraïs. A cette époque, les samouraïs sont de moins en moins utiles à une époque où le Japon vit une longue période de paix.
Brunet est fasciné par ces hommes et leur histoire. Son éloquence, sa carrure, 1m85, et son talent pour l’aquarelle font qu’il s’intègre plus que les autres officiers français auprès des samouraïs. Seulement, la politique au Japon va très vite dégénérer. Tout bascule lorsque l’empereur Meiji, qui n’avait qu’un rôle symbolique, craint un coup d’état en voyant le Shogun moderniser son armée,. Le monarque va alors monter une coalition avec d’autres daimyos pour renverser le Shogun.
Pendant des siècles, deux chefs dirigeaient le Japon; et chacun avait un rôle spécifique. Les deux postes étaient complémentaires. D’un seul coup, on balaye des siècles de tradition et forcément les japonais prennent mal cette décision. Le Japon plonge en ce début d’année 1868 dans une guerre civile : la guerre de Boshin
La Guerre de Boshin :
Les hostilités éclatent en janvier 1868 et opposent d’un côté l’empereur qui se présente comme « réformateur » et de l’autre le camp du Shogun qui souhaite conserver la tradition et le rôle du shogun et des samouraïs. La France, dans un premier temps, va se ranger du côté du Shogun. Rapidement, la situation tournera mal pour le shogunat. Ils perdent à la bataille de Toba Fushimi.
L’armée impériale est moins nombreuse mais bien mieux équipée que celle du shogunat. Le shogun se réfugie et se barricade à Edo, l’ancien nom de Tokyo. Il se retrouve rapidement encerclé par l’armée impériale étant donné que le shogun a refusé d’appliquer le plan de l’ambassadeur français Leon Roches pour défendre la ville. Cet affrontement est finalement perdu et le shogun est obligé d’abdiquer. Une défaite importante pour le camp du Shogun.
Défaite et démission
L’empereur Napoléon déclare alors le retrait de la France dans le conflit et par la même, sa neutralité. Les membres de l’expédition rentrent, sauf Brunet. Il ne souhaite pas abandonner les samouraïs qui le considèrent comme l’un des leurs. Brunet prend de gros risques puisqu’il peut être considéré comme déserteur et risque la condamnation à mort. Le jeune soldat français décide alors de donner sa démission mais on lui refusera.
Il va trouver un terrain d’entente avec ses supérieurs. Pour pouvoir respecter le choix de Brunet, ils décident de lui donner 1 an de congé sans solde. Pendant 1 an, il est considéré comme un civil et n’a plus de lien avec l’armée française.
Jules Brunet se retrouve de nouveau à la tête des samouraïs mais ça ne va pas mieux. Depuis la défaite de la guerre de Boshin, les forces shogunales sont peu à peu repoussées vers le Nord. Depuis, le départ du shogun, c’est l’amiral Enomoto Takeaki qui dirige ce qu’il reste de l’armée du shogun. Ils se réfugient sur l’île d’Hokkaido tout au Nord du Japon et fondent, le 25 décembre 1868, la république d’Ezo.
Le début d’un nouveau Régime: La république d’Ezo
Une république indépendante du reste du Japon naît alors. Elle représente tout ce qu’il reste du Shogunat et des derniers samouraïs. Brunet est nommé conseiller du ministre de la guerre au sein de la nouvelle république d’Ezo.
Il va se dépêcher de renforcer les défenses de l’île et pour cela il va construire des fortifications dont le style se rapproche de Vauban au service de Louis XIV. C’est quelque chose d’assez surprenant à voir au Japon car ce type de fortifications est tout ce qu’il y a de plus français.
Même s’ils ont une grande résistance, les samouraïs sont contraints de se rendre le 30 Juin 1869. C’est la fin du shogunat, la fin de la république d’Ezo qui n’aura duré que 6 mois et la fin de l’ère Edo. C’est l’ère Meiji qui débute, et cela fera très mal aux traditions japonaises.
Satsuma, la fin des samouraïs
Les samouraïs ont perdu leurs privilèges et disparaîtront peu à peu. Ils vont s’illustrer une toute dernière fois pendant la rébellion de Satsuma en 1877. Une révolte qui échouera et qui se soldera par la disparition des derniers samouraïs.
Sans combattre directement à leurs côtés, il les a simplement formés, Brunet aura été parmi les derniers à servir aux côtés des samouraïs. La pays du Soleil rentrera alors pleinement dans l’ère de l’industrialisation guidé par l’empereur Meiji. Jules Brunet parvient à fuir avec ses hommes après la défaite d’Ezo et réussit à rentrer en France.
Le retour en France :
Notre jeune soldat rentre en France, il devient l’objet d’une querelle diplomatique. L’empereur du Japon veut qu’il soit ramené au Japon pour être jugé. Néanmoins, la France, consciente de la bravoure dont a fait preuve le capitaine Brunet, va mettre sur pied une stratégie.
Ils disent à l’empereur qu’ils ont bien gagné la guerre mais qu’ils s’occuperont de Brunet. La France fait donc croire que le soldat a été révoqué alors qu’il a juste reçu un blâme pour ingérence. Il sera par la suite plus ou moins pardonné par le Japon puisqu’il sera élevé au grade de commandeur de l’ordre militaire du soleil levant en 1881. Et en 1895, il atteint le grade de grand officier du trésor du Mikado.
2 médailles qu’on ne remet pas à un ennemi. La preuve que les japonais, au fil du temps, ont finit par lui témoigner du respect et ce malgré le fait qu’il ait choisi le camp des perdants. Jules Brunet continue sa carrière dans l’armée et participe en 1870 à la guerre franco-prussienne.
La Guerre Franco-Prussienne
Jules Brunet y sera fait prisonnier. Et malheureusement, cette guerre sera une grande humiliation pour la France. L’empire Prussien va déferler sur les Champs-Elysées et ils s’octroiera l’Alsace et la Moselle. Plus tard, Brunet sera libéré avant de participer, aux côtés de l’armée, à la répression sanglante pendant la Commune de Paris en 1871. Notre soldat va continuer sa carrière en tant que général jusqu’à sa retraite et meurt chez lui le 12 août 1911 à l’âge de 73 ans.
En conclusion:
Ainsi, Jules Brunet aura été le témoin, mais aussi un acteur de l’une des périodes les plus fascinantes de l’histoire du Japon. Et son histoire est assez remarquable. Il a su faire place d’un grand sens du devoir et d’un courage en démissionnant de l’armée pour s’engager dans une guerre que tous savaient perdue d’avance.
Source : Wikipédia, Ministère de la Défense