Aller au contenu
Accueil » Critiques » La série Paranormal (ما وراء الطبيعة) de Netflix surestimée ?

La série Paranormal (ما وراء الطبيعة) de Netflix surestimée ?

  • Caym 

La série Paranormal (ما وراء الطبيعة) de Netflix est-elle surestimée ?

Commençons avec un peu d’histoire !

En Égypte, le septième art n’est pas un apport de décolonisations comme certains le pensent.

Le cinéma égyptien a longtemps existé et ce, depuis plus de 90 ans. Il a dominé le monde arabe. Chaque année, des dizaines de films et des séries dramatiques et comiques passionnantes sont produites. C’est dire!

©Laila, 1er film égyptien sortie en 1927

Cependant, après son âge d’or, de 1940 à 1960, les critiques ont affirmés que leurs productions cinématographiques ont perdu de leur attrait au fil des années.

Mais avec l’avènement des services de streaming VOD, beaucoup espéraient voir un second souffle frapper cette industrie. Et pourquoi ne pas faire connaître le cinéma égyptien à un nouveau public, un public large qui va au-delà du Moyen-Orient ?

La remontada des productions égyptiennes avec Netflix ?

Aujourd’hui, le géant Netflix est venu dans cette optique de redonner à l’industrie de l’audiovisuel égyptien sa vivacité d’antan.

Grâce à l’ambition et la conviction d’Ahmed Sharkawi, le responsable du contenu arabe de la plateforme pour l’Afrique, ils donnèrent naissance à « Paranormal« .

©Netflix/Ahmed Sharakwi

Paranormal

Une mini-série compilée en 6 épisodes d’environ 60 minutes, sortie le 5 novembre dernier dans neuf langues dont l’arabe.

Adapté de la fresque littéraire éponyme d’Ahmed Khaled Towfik, décédé en 2018, Ma waraa Al Tabiaa (Paranormal) compte 81 romans à son actif et a été vendu à 15 millions d’exemplaires dans le monde.

Paranormal
©Ahmed Khaled Towfik/Paranormal

Synopsis

Nous suivons le Dr.Refaat, un hématologue un brin cynique qui traverse une période de doute quand les convictions scientifiques de toute une vie sont soudainement remises en question. L’histoire commence en 1969, quand Refaat Ismail, quadragénaire commence à faire l’expérience d’une série d’événements paranormaux. Il sera accompagné de sa collègue universitaire, Maggie, une ravissantescientifique écossaise dont il est amoureux depuis le collège. Ensemble, ils vont découvrir l’univers du paranormal et tenter de sauver leurs proches de terribles dangers qui les guettent.

Comme vous pouvez le voir, le pitch de base n’a rien de révolutionnaire, le plus intéressant reste plus ou moins son exécution et sa construction autour de son personnage principal, le docteur Refaat.

Une production 100% égyptienne ?

Sinon, la série se veut être « une production 100% égyptienne ». Le réalisateur Amr Salama avait déclaré vouloir en faire une adaptation de qualité sans perdre le caractère égyptien. On est bien d’accord que la série se déroule fin des années soixante. Les années soixante dans l’histoire en Égypte ont été marquées par une politique de développement de l’industrie et de l’économie locale menée par le président Gamal Abdel Nasser. Il s’agit particulièrement d’une période post-coloniale pendant laquelle la population intègrera les codes occidentaux en les adaptant à leur mode de vie traditionnel. Le voile refait surface plus tard à partir des débuts des années quatre-vingt en signe de contestation contre la vision occidentalisée de la société du président Anouar el-Sadate. Ainsi, la touche occidentale devrait logiquement y être et à ma grande surprise, il s’avère que c’est le cas. Le ton, l’ambiance, les décors, c’est réussi de ce côté.

Mystères et rythme soutenus !

Dans Paranormal, chaque épisode délivre un mystère, un mythe et une légende que notre protagoniste, le docteur Refaat Ismaïl, devra découvrir et résoudre. Pour le rythme, mise a part le premier épisode qui est hyper chiant, les autres épisodes se digèrent vite et pourtant ils font presque tous 60 minutes. Donc si vous arrivez à passer rien que le premier épisode, vous êtes bon.

Paranormal
©Netflix

Les Personnages

Pour ce qui est des personnages, on n’en retiendra que trois ou quatre maximum, le héros inclus. Refaat Ismaïl est un vieux sénile à l’humour désabusé sarcastique que l’on ne peut qu’apprécier lorsqu’il commente les choses que seul le spectateur peut entendre. Physiquement parlant, il semble avoir la septantaine alors qu’il vient tout juste de fêter ses quarante printemps, je vous jure. Cependant sa vie quotidienne est présentée comme une preuve que « la loi de Murphy » est bien réelle. En effet, le Dr. Refaat est malchanceux de toute sortes de façons. Des tasses de café qui se renversent toute seule aux soudaines coupures de courant. Il porte la poisse à son paroxysme !

La loi de Murphy

La vraie histoire de la « loi de Murphy » remonte à 1947 où Edward A. Murphy, un ingénieur de l’U.S. Air Force participait à une expérience menée sur un chariot propulsé par une fusée de 16 instruments d’accélération. Un de ses collègues a malencontreusement commis l’erreur de mal les installer. Murphy a réagi et lui a dit :

« S’il y a plus d’une façon de faire quelque chose, et que l’une d’elles conduit à un désastre, alors il y aura quelqu’un pour le faire de cette façon. »

Edward A. Murphy

Beaucoup se sont lancés depuis à appliquer cet adage de manière ironique à leur vie de tous les jours.

Refaat, bon personnage mais choix d’acteur contestable ?

Refaat, lui, enclin au scepticisme face aux phénomènes paranormaux, va s’appuyer ainsi sur ce principe, et le développer ironiquement avec une multitude de règles qu’il va créer et classer chacune comme « Loi de Refaat » afin de s’auto-convaincre de « l’inexistence du paranormal ».

Ce personnage a tout pour plaire, comme il peut ne pas plaire à tout le monde. Certains pourraient lui reprocher son comportement et sa personnalité qui ne collent pas avec sa petite personne. D’autres comme moi, peuvent lui reprocher la façon dont il est interprété par « Ahmed Amin », qui nous a livré une performance assez médiocre. J’avais vraiment du mal à le prendre au sérieux. Il m’a donné l’impression d’éprouver d’énormes difficultés à jouer ce rôle plus « sérieusement » et plus « vrai » quoi.

À mon avis, la raison à cela est toute simple. C’est probablement dû au fait que ce « comédien » ne faisait par le passé que des comédies et des sketches. Cela lui a permis certes, d’une part, de devenir une célébrité reconnue parmi les égyptiens et dans le monde arabe, mais d’autre part, l’influencer de manière négative au point de ne plus pouvoir faire quoi que ce soit d’autre de bon hors de ce qu’il a habitude de nous offrir. Paranormal est sa première vraie expérience dans le cinéma.

Du gâchis comme pas possible. La comédienne Razane Jammal (Maggie Macklliop) ou encore Aya Samaha (Howaida) ont délivrées une meilleure performance. Mention spéciale à Reem Abdelakder pour sa interprétation de Shiraz et également à la grande Sama Ibrahim pour son rôle de Raefaa Ismaïl. Les autres ont été soit inintéressant, soit présents à l’écran juste pour être présents. Il y a d’autres personnages beaucoup plus importants et intéressants dans les romans qui n’ont pas été introduits dans la série. Mais… Peut-être qu’ils prévoient de les introduire plus tard si jamais il y a d’autres saisons.

Très bonne bande-son mais les effets spéciaux…foireux

Le compositeur Khaled Kammar nous balance des musiques qui s’accompagnent irréprochablement à l’atmosphère de tension, de mystère et d’horreur que nous offre la série.

On dit que la musique renforce l’impact émotionnel des images. En effet, elle ne prend pas le spectateur par la main mais par les sentiments pour l’emmener dans des zones encore plus troubles de son affect. La musique va donc venir travailler à la fois l’aspect sentimental, le suspense et la tension si il en est demandé. Dans Paranormal, les comopositions de Kemmar viennent justement comme un appuie et un soutien aux mystères, à la complexité des situations, aux engrenages et aux rouages auxquels Refaat et son entourage traversent au fil de l’histoire.

De plus, on ressent bien la grande influence de John Carptener (Halloween), ou encore de Wojciech Killar (Dracula) qu’ils ont eu sur ce musicien egyptien. Un coup de coeur.

Du coté des effets speciaux, on s’en passera. C’est raté, on se retrouve avec des FX bas de gammes qui manquent vraiment de crédiblité. Cette invraisemblance pourrait à certains niveaux ejecter le spectateur et par conséquant, au lieu de le faire impliquer dans la situation, tue toute sa captivité et son immersion dedans.

Succés mérité au final ?

Bien que la première saison n’ait peut-être pas été parfaite à certains égards, elle a définitivement établi une base solide pour de nouvelle saisons qui pourront compenser ses défauts. Et on l’espère car pour une oeuvre litteraire d’une telle ampleur, 6 episodes, c’était vraiment pas suffisant. Le réalisateur n’a clairement pas rendu justice à l’oeuvre original, cependant, il a réussi à donner l’envie au spectateur de s’y intéresser plus à travers la plume d’Ahmed Khaled Twofik.

L’avis de Shima sur Paranormal

Je me suis penchée sur Paranormal par curiosité et ai dévoré les six épisodes dans la journée. Contrairement à Caym, je n’ai pas trouvé le premier épisode ennuyant. Je n’avais aucune idée d’où je mettais les pieds. L’histoire de cet homme de science qui veut se convaincre que tout est explicable, dans un contexte où, spectateurs, nous nous doutons que le paranormal fera son apparition est très intéressante de mon point de vue. C’est certain que c’est un épisode d’introduction, le rythme n’est pas très soutenu, mais le concept m’a conquise. Après ce premier épisode, je voulais voir la suite, très intriguée !

Je ne connais pas du tout les romans d’origine, je ne pourrai donc m’appuyer que sur la série. Paranormal nous propose un mystère qui s’étale sur l’ensemble de la saison. Chaque épisode verra un mystère supplémentaire à résoudre. Concept très classique dans les séries fantastiques. Ma préférence va clairement au premier et au dernier épisode. Le mystère principal m’intéressait plus que les autres énigmes que l’on a pu voir dans les autres aventures. Peut-être à cause du format ? Une heure pour résoudre un mystère qui prend tout un roman n’est peut-être pas assez ?

J’ai apprécié la série, mais je ne garde que deux épisodes qui m’ont vraiment plu. Le reste était divertissant, mais ne m’a pas transcendé.

Je retiens par contre que musicalement, la série est qualitative. La B.O. est très bonne et colle parfaitement à l’ambiance mystérieuse de l’œuvre.

Grande lectrice, je pense me pencher un jour sur les romans, pour me faire une vraie idée des aventures du docteur Refaat.

En conclusion, Paranormal est une série sympathique, qui m’a fait découvrir une autre facette de l’univers égyptien. Relativement courte, si vous avez le temps, penchez-vous sur cette série, rien que culturellement, vous pourrez découvrir une œuvre intéressante. Et qui sait, peut-être vous laisserez-vous emporter par les mystères entourant le docteur Refaat ?

Étiquettes: