Le Livre des Sorcières est une nouveauté disponible chez Glénat qui sera terminée en 3 tomes. Les deux premiers sont d’ores et déjà disponible depuis le 2 Mars 2022 au prix de 10,75€.
Une histoire peuplée de légendes et folklore
Nous suivons Jean Wier, jeune médecin mais pas que… Il est envoyé par son duc dans un village où une attaque de loup-garou aurait eu lieu. Les habitants sur place sont effrayés, et le père d’une jeune fille attaquée par ce fameux lycanthrope se lance dans une chasse à l’homme. Une fois son « coupable » trouvé, un homme qu’il a trouvé au lit avec sa fille, il veut que ce dernier soit puni. Comment Jean va-t-il défendre ce jeune homme, peut-être accusé par erreur car le père le déteste? Personne ne l’entend dans ce sens dans le village bien sûr, une fois le bouc émissaire désigné, tous s’acharnent sur lui.
» Seul le bûcher attend les possédées «
Nous allons pouvoir connaître le passé de Jean, ses motivations pour devenir médecin et ses croyances, quelques peu hérétiques du point de vue des autres habitants. Nous rencontrerons aussi le maître de Jean, qui a lui aussi une réputation au sein de la société. Entre récit historique, conte horrifique et enquête policière, les thèmes de la société de l’époque du Moyen Age sont mis en avant dans cette histoire. On voit à quel point les personnes qui sont un peu en retrait dans la société sont tout de suite cataloguées comme serviteurs de Satan. Comment faire pour que la graine de la peur, qui est surtout due à l’ignorance, ne germe pas dans l’esprit de la population?
Ce qui est le plus intéressant je trouve est que ce médecin, Jean Wier, est un personnage historique. C’était un médecin et opposant à la chasse aux sorcière. C’est son histoire qui est contée dans ce magnifique seinen, tout en explorant le Moyen Age avec ses sorcières, ses loups-garous, la peste et le combat sans fin contre l’obscurantisme.
Note histoire 6/7
Des personnages uniques et attachants
Jean Wier est le personnage principal de cette histoire, mais plusieurs autres personnages vont venir s’articuler tout autour de lui. Il va tout d’abord y avoir une jeune fille, leur rencontre le marquera à tout jamais. Puis viendra la rencontre avec son maître, qui va le former à la médecine et à l’ouverture d’esprit.
Malheureusement, je trouve que les autres personnages sont moins développés et que cela aurait pu apporter un peu plus à l’histoire !
Note personnages 3/6
Des dessins épurés
Parlons d’abord des magnifiques couvertures sur ce manga. On comprend facilement l’utilisation des herbes et fleurs sur les couvertures. En effet, à l’époque les médecins utilisaient diverses plantes pour soigner les malades. On a également le bon à corne et la balance sur la première couverture, très adaptée pour le diable j’imagine, et évidemment la justice ! De plus, les couvertures ont une texture très agréable au toucher.
Les dessins au sein du manga sont très épurés avec des traits fins. Le style est minimaliste mais ce n’est pas pour autant que les dessins ne sont pas détaillés. Nous avons droit à de très beaux paysages dans des champs ou des forêts. L’utilisation des cases noircies pour montrer les émotions des sentiments sont superbement réalisées.
Note dessins 6/7
En conclusion, j’ai adoré la lecture de ces deux premiers tomes ! L’histoire et les dessins m’ont totalement séduite. J’attends avec impatience la sortie du troisième tome pour découvrir la fin de cette histoire. En espérant que Jean arrivera à son but, après autant de défaites personnelles.
Note totale 15/20
Petite Pérégrination de Shima
Le concept de ce manga m’intéressait beaucoup : La lutte contre l’obscurantisme et la naissance en quelque sorte de l’esprit critique. Jean Wier, l’un des fondateurs historique de la psychiatrie dans un livre qui parle de sorcières, il n’en fallait pas plus pour m’intéresser !
Une construction qui m’a laissée un peu sur ma faim
Cependant, la construction du manga m’a un peu laissée sur ma faim. Nous découvrons Jean, adulte, devant traiter un cas de lycanthropie. Bien vite on devine en même temps que le docteur que le cas n’est pas ce qu’il semble être. Un événement étrange surgira… Et là, jusqu’à la fin du tome 2, la mangaka nous plonge dans des flash-back de la vie de Jean. Ils sont intéressants, mais je gardais cette première histoire en tête en espérant en avoir le fin mot, mais un autre flash-back faisait son apparition. Je me doute que c’est un procédé d’écriture qui nous donnera la résolution à la fin du 3ème tome, pour tenir le lecteur en haleine et donner un enjeu à lire la vie passée de Jean, mais j’ai été un peu frustrée.
Science et religion
L’un des partis pris du manga est de lutter contre l’obscurantisme en expliquant notamment la sorcellerie par la médecine : notamment les femmes et leurs humeurs propices à la mélancolie. Seulement, n’oublions pas l’époque et la religion omniprésente.
Même si le manga essaye de rationnaliser la sorcellerie, on nous présente tout de même les sorcières comme étant sous le pouvoir du diable, car celui-ci peut facilement leur parler quand elles souffrent de mélancolie. Pour être franche, je ne m’attendais pas à autant de « bondieuseries ». Je m’attendais à une histoire où la médecine explique en partie la condition de ces dites sorcières. Je n’avais tout simplement pas pensé à l’époque et au contexte religieux omniprésent. Cet aspect est cependant impératif pour montrer qu’une manière de penser différente fera facilement de vous un hérétique.
Concernant les dessins, c’est très propre. Ebishi Maki maîtrise son trait. Le rendu est clair et les décors nous immergent bien dans l’époque.
Même si j’ai un peu moins apprécié que ce que j’espérai, ça ne m’empêchera pas de lire le 3ème tome pour connaître la suite et fin des aventures de Jean.