Le péché originel de Takopi est un manga qui a bouleversé le public japonais… Voici mon avis sur les tomes 1 et 2 !
Le péché originel de Takopi : une intégrale en deux tomes !
C’est la première série de Taizan5, et c’est une oeuvre qui a secoué la planète manga dès ses premiers chapitres… C’est donc logiquement que les éditions Pika ont soigné la sortie de ce titre !
En ce qui me concerne, j’ai reçu un kit presse qui comprenait les deux tomes du manga, des cartes « polaroids » à l’effigie des personnages, un dossier presse reprenant le design de « l’happy-reil » ainsi qu’un t-shirt.
Tout le bonheur de l’univers suffira-t-il face à la détresse d’une enfant ?
Takopi est un petit extraterrestre arrivé tout droit de la planète Happy, pour répandre la joie sur Terre ! Sauf que la première personne à lui tendre la main est Shizuka, une fillette au visage infiniment triste… Aussitôt, Takopi se donne pour mission de lui rendre le sourire à l’aide de ses fantastiques “happy gadgets” ! Mais le petit alien est loin d’imaginer la noirceur de l’environnement dans lequel évolue l’écolière. L’innocence et la bonne volonté de Takopi vont peu à peu l’entraîner dans une situation inextricable… Jusqu’à ce que le pire se produise.
Attention : même si Le péché de Takopi est un shonen, ce n’est un titre à ne pas mettre entre toutes les mains !
TW : Suicide, maltraitance, harcèlement, meurtre.
Chef d’oeuvre ou non ?
Le péché originel de Takopi, c’est l’histoire de Nweinu-kf, un extraterrestre ressemblant à un poulpe. Originaire de la planète Happy, il voyage à travers l’espace pour apporter le bonheur. Arrivé sur Terre, il fait la rencontre de Shizuka, une jeune fille au visage marqué par la tristesse… Notre alien se met alors en quête de lui redonner le sourire ! Mais en apprenant à connaître la jeune fille, il va se heurter à tout ce que l’humanité à de pire. La situation de Shizuka émeut, elle prend aux tripes tant et si bien qu’on se retrouve rapidement impliqué dans le récit.
Le scénario ne présente évidemment pas de longueur du fait du format court, et nous offre plusieurs surprises. Avec le tome 2 par exemple, la narration devient multiple et densifie l’ensemble. Cependant j’aurais tout de même aimé un tome supplémentaire pour bien développer l’ensemble. Cela aurait peut-être permis au retournement de situation final d’être plus clair et surtout plus marquant pour le lecteur. Ou alors, il aurait fallu faire le choix de la simplicité quant à l’intrigue. J’avoue avoir du m’y reprendre à deux fois pour bien saisir ce qu’il s’était passé, et, au final, ne pas avoir ressenti grand chose…! C’est vraiment dommage…!
Scénario : 3,5/5
Cependant, Le péché originel de Takopi parvient tout de même à nous émouvoir grâce à ses personnages. Que ce soit Shizuka, Marina ou Azuma, tous ont un passé très dur, empreint de violence et de douleur. Pour autant, le titre ne tombe pas dans le pathos et est véritablement parvenu à susciter mon empathie. Le seul bémol que je pourrais exprimer, c’est que les réactions des enfants (ils n’ont même pas 10 ans !) sont invraissemblables. Mettre en scène des lycéens m’aurait paru plus crédible, mais peut-être aurait-on perdu en empathie…
En ce qui concerne Takopi, j’ai trouvé l’idée très intéressante : l’alien est l’incarnation parfaite de l’étranger. Il n’est pas en mesure de comprendre la situation de Shizuka ou celle de Marina car il n’est pas humain, il n’a ni les codes, ni les règles sociales. On peut assimiler le Happien à ceux qui veulent aider une personne en détresse (famille, ami etc…) mais qui ne parviennent pas à l’écouter, à la comprendre. Ce n’est pas volontaire, mais cela fait plus de mal que de bien. Malheureusement, le concept est mal exploité à mon sens. La niaiserie du Happien casse le rythme du récit, la tension scénaristique, et finit par exaspérer car on ne constate pas vraiment d’évolution dans ses réflexions.
Personnages : 4/5
Visuellement, Le péché originel de Takopi à quelque chose de « brut ». J’y ai vu plusieurs défauts : d’anatomie, de proportions, de perspectives, de découpage parfois. Néanmoins, il y a quelque chose de vrai, de sincère qui se dégage du trait de l’auteur. L’encrage, très sombre, parfois presque « sale » rend parfaitement compte de la noirceur ambiante, ou du caractère malsain de certaines situations. Il y a d’ailleurs un contraste bien pensé entre ces détails presque macabres et les diverses apparences des personnages, en particulier de Takopi. Dans une certaine mesure, cela peut rappeler le style d’Inio Asano avec Bonne Nuit Punpun (avec moins de précisions et de détails tout de même).
Mais la plus grande force du dessin, je pense, c’est le travail sur les expressions des personnages. La tristesse, la haine, le désespoir, la joie, la délivrance ou même l’absence de ressenti… L’auteur maîtrise le sujet et propose un large panel d’émotions. Le travail sur les regards est impressionnant et fait mouche lorsqu’il s’agit de venir chercher nos sentiments. Néanmoins, j’ai trouvé que l’auteur abusait un peu trop des gros plans sur les visages, et des larmes. Habituellement, cela crée des moments forts, mais c’est tellement récurrent ici que l’on perd l’aspect marquant.
Visuels : 3,5/5
Quoi qu’il en soit, Le péché originel de Takopi se veut porteur de messages, d’une vision de l’auteur. Et c’est surtout pour cela qu’il n’est pas à mettre entre toutes les mains ! Plusieurs problématiques sociétales sont abordées, et la plupart sont très rudes. Il est ainsi question d’intimidation, de harcèlement scolaire, de pression sociale. Mais aussi des violences domestiques, des parents toxiques, défaillants et des répercussions que cela peu avoir sur l’enfant, et sur son développement personnel. L’oeuvre évoque également les idées noires, les pulsions meurtrières et les tendances suicidaires.
Cependant, j’ai trouvé que le récit versait trop souvent dans l’exagération autour de ses thématiques. Elles font partie de celles qui peuvent résonner en n’importe qui, et sont bien assez fortes pour qu’on n’ait pas besoin d’insister dessus. Pour finir, et comme on peut l’attendre d’une telle histoire, le dénouement est ambigu, et vous surprendra à coup sûr selon moi. Malheureusement, ce ne sera peut-être pas de la bonne manière… En ce qui me concerne, la morale finale que nous donne l’oeuvre ne m’a pas vraiment convaincu… Mais elle plaira à d’autres je pense ! Le manga reste une belle surprise, qui mérite d’être lue !
Thématiques : 4/5
En résumé :
LE PÉCHÉ ORIGINEL DE TAKOPI a ému le Japon, et ce n’est pas totalement démérité à mon sens Le récit de Taizan5 est poignant à bien des égards.
Il met en scène des personnages aux histoires vraiment difficiles, empreintes de violences physique et psychologique. Au milieu de ces derniers, Takopi contraste. Par son design simpliste et comique, mais aussi par sa candeur. Le décalage est important, et peut déstabiliser (voire exaspérer je le reconnais).
Le récit est prenant, avec des rebondissements assez imprévisibles. Malheureusement, l’ensemble est parfois un peu confus. Je me dis qu’un tome supplémentaire aurait pu être intéressant pour développer l’ensemble.
Au delà de ça, le titre se démarque parce qu’il est porteur de messages importants. Les violences domestiques et leurs conséquences sur les enfants, le harcèlement scolaire et d’autres probématiques sociétales sont abordées de manière frontale. Peut-être trop parfois. J’ai trouvé que l’auteur exagérait un peu trop sur cela.
Visuellement, la force de l’oeuvre réside dans l’expressivité des personnages. L’auteur montre une certaine maîtrise pour ce qui est de représenter les ressentis et les émotions de ses personnages. Son trait brut et d’un noir intense confère une atmosphère presque macabre au récit. Néanmoins, on peut noter plusieurs maladresses.
Le manga n’est donc pas exempt de défauts, mais il reste une lecture qui vaut le détour. Une chose est sure, Taizan5 est un auteur à suivre et sa série actuelle, The Ichinose Family’s Deadly Sins, mérite toute votre attention !