Romance, yuri, esprits et légendes… Voici mon avis sur le one-shot Contes merveilleux du printemps de Monday Recover chez Mahō !
Après avoir lu (et fortement apprécié) 9 Lives Man, j’étais curieux de découvrir une nouvelle oeuvre de Monday Recover. C’est chose faite avec ce one shot !
Contes merveilleux du printemps : les apparences sont trompeuses ?
Ce one-shot est une adaptation en manga d’un recueil de l’autrice taïwanaise Shuang-tzu Yang.
La couverture choisie est vraiment jolie. Avec son côté aspect, elle attire l’oeil et promet quelque chose d’assez doux et coloré. On perçoit déjà la teinte yuri du titre, de manière plutôt subtile. Le tome est bien fourni, avec 240 pages, dont une couleur. C’est une belle édition, avec un papier épais et une impression de qualité. Pour 7,40€, c’est un très bel ouvrage.
Huit femmes. Huit destins… Huit amours?
Est-ce l’amour qui fait éclore les fleurs du printemps ?
Ces pétales d’amour s’envoleront-ils loin au vent ?
Ô toi, mon être magique, laisse-moi espérer un futur à tes côtés.
Car ce court printemps en ta compagnie m’a enivrée d’une trace parfumée.
Il était une fois deux femmes…
Contes merveilleux du printemps est un one-shot qui comprend quatre histoires. Chacune d’elle met en scène un duo de femmes qui éprouvent des sentiments réciproques, souvent amoureux, mais qui n’ont jamais vraiment leur place dans le contexte où elles se trouvent. C’est à la fois frustrant, mais aussi terriblement prenant. La tension amoureuse nous pousse à la lecture, les situations vécues sont dramatiques. Et il y a toujours une dose de mystère qui nous tient en haleine. À chaque fois, on veut savoir comment l’histoire se terminera. Et bien souvent, on est surpris !
J’ai cependant eu un peu de mal à me retrouver dans certaines histoires. D’abord dans les chronologies. On a le droit à des flashbacks, des flashforwards, mais le résultat n’en est que plus confus. J’avoue avoir eu du mal à saisir les différentes temporalités à la première lecture.
De plus, j’ai cru voir en la famille Lin un dénominateur commun à chacun des récits. Mais j’ai beau avoir retourné ça dans tous les sens… Je n’ai pas trouvé de lien tangible, si ce n’est la faculté de voir les esprits. Était-ce une fausse piste ? Pourquoi avoir l’avoir mentionné ? N’ai-je pas assez cherché ? Quel était le projet ? Je n’ai pas la réponse, et j’avoue que ça m’a un peu perdu.
Enfin, hormis les duos principaux qui sont intéressants à suivre, les autres personnages font office de figuration. Il n’y a jamais de réel développement les concernant.
Scénario : 3/5
Visuellement, Contes merveilleux du printemps est doux. Le trait fin de Monday Recover, ses mises en scènes recherchées, ainsi que sa maîtrise des expressions, accompagnent à merveille les moments d’amour suspendus ou les phases éthérées mettant en scène des esprits. Cela confère une atmosphère vraiment poétique.
Et l’autrice sait adapter son dessin lorsqu’il faut le faire plus rude. Parce que oui, la couverture du one-shot est « mensongère » ! Il y a un contraste important entre sa douceur innocente et colorée et le propos complexe et les visuels parfois sombres de l’œuvre.
Malheureusement, j’aurais quelques reproches à faire. D’abord, il y a les designs qui sont trop similaires, ce qui fait qu’on les confond. Cela a contribué à me perdre entre les deux premières histoires : les protagonistes se ressemblent beaucoup !
Et ensuite, certaines planches m’ont paru moins travaillées que d’autres, avec des visages à l’anatomie et aux proportions hasardeuses. Et pour d’autres planches, le découpage et la construction étaient confus. J’ai parfois dû m’y reprendre à plusieurs fois pour bien saisir ce que voulait montrer l’auteur. C’est dommage parce que cela nous sort un peu de notre lecture.
Visuels : 3/5
Le point fort des Contes merveilleux du printemps, ce sont les romances qui sont mises en scènes. Comme il s’agit d’un yuri, ce sont évidemment des amours lesbiens que l’on découvre. Tous sont contrariés, et s’accompagnent d’une dimension tragique. Mais chacun apporte son lot de problématiques.
Selon l’histoire, il est ainsi question de pression sociale, de mariage arrangé. Mais surtout du regard des autres et des sentiments que l’on peut refouler car ils ne sont pas conformes à un modèle inculqué. Les questionnements des protagonistes sont décrits avec justesse et contibuent à rendre les histoires intéressantes.
Autant de thématiques complexes, qu’il pourrait être difficile de traiter. Mais le one-shot ne se trompe pas sur ce point, et aborde tout cela avec la sensibilité propre aux histoires taïwanaises et chinoises. L’ensemble du recueil est touchant, poignant, parce qu’il sonne relativement vrai.
Je dois cependant avouer qu’une des histoires a quelques peu fait tiquer mon esprit d’occidental… En effet, elle met en scène une relation entre une mineure et une majeure. Qui plus est, il s’agit de la concubine de son père… Il y avait une dimension que j’ai trouvé un peu malsaine, incestueuse dans cette histoire en particulier.
Romance : 4/5
Jusque là, Contes merveilleux du printemps a tout d’une romance yuri classique. Mais l’œuvre tire son épingle du jeu en ajoutant une dimension fantastique. En plus d’amour, il est donc toujours question d’esprits, de yōkai. Plusieurs personnages peuvent voir les esprits, converser avec. C’est un peu plus subtil dans la dernière histoire, où les yōkai ne sont qu’une toile de fond, un sujet qui permet le rapprochement des deux jeunes femmes.
Dans la plupart des cas, le monde des esprits est une échappatoire à une société, un contexte, hostile à l’amour des protagonistes. C’est un refuge pour elles, et une bouffée d’air frais pour le lecteur. J’ai trouvé l’idée intéressante, et assez bien exploitée, en plus d’être atypique.
Sur chacune des histoires plane une aura mystique, onirique. Le mystère, ce que l’on ne comprend pas totalement, confère à la lecture une dimension hors du temps. De la même manière que le sentiment amoureux peut donner cette impression. En cela, les deux thèmes, amour et esprit, se marient à la perfection. Les enjeux « spirituels » et romantiques se rejoignent dans un ensemble très poétique.
Évidemment, cela apporte aussi un côté sombre, presque glauque parfois. Les thématiques vont alors au delà de l’amour. Si on s’intéresse à ce qui est écrit entre les lignes, l’autrice aborde le deuil ou le souvenir.
Esprits : 5/5
Contes merveilleux du printemps, en résumé :
J’étais vraiment content de retrouver Monday Recover avec Contes merveilleux du Printemps
Si cela vous intéresse, le one-shot est également disponible à la lecture sur Mangas.io