Pour cette nouvelle review, on va parler d’une oeuvre culte: Eden d’Hiroki Endo! En particulier des deux premiers tomes, chez Panini Manga!
Eden, de retour dans nos librairies!
Parmi les récentes réimpressions des éditions Panini, il y a eu Sidooh évidemment, mais aussi Eden! Une bonne occasion pour nous faire (re)découvrir l’oeuvre!
D’ailleurs, l’éditeur met le paquet puisqu’il nous propose une édition Perfect; tomes doubles avec des pages couleurs magnifiques. Par rapport à l’édition initiale, il y aura donc deux fois moins de tomes et une traduction revisitée!
On peut également noter un vernis sélectif du plus bel effet.
La Terre, dans un futur proche. Un terrible virus d’origine inconnue a décimé 15% de la population, bouleversant l’ordre mondial. Isolés du monde extérieur, Hannah et Enoa, deux adolescents immunisés, cherchent à créer leur propre Eden. Maisils croisent bientôt la route d’individus prêts à tout pour assouvir leur soif de pouvoir, et se retrouvent entraînés malgré eux dans le chaos auquel ils tentaient d’échapper.
Un futur plus que proche…!
Le début d’Eden ce fait en deux temps. D’abord un prologue d’un peu plus de 100 pages et ensuite débute l’histoire en elle-même.
Ce prologue pose des bases solides: le contexte de l’histoire, l’épidémie, les symptômes et les personnages. Ce prélude m’a charmé, vraiment. L’histoire s’annonce vraiment dense et terriblement documentée et cohérente. La suite du premier tome et le deuxième répondent parfaitement aux attentes. L’histoire prend de l’ampleur et, personnellement, j’ai été frappé par l’aspect actuel de l’oeuvre… qui pourtant est sortie en 1997!
Les personnages développés ont des caractères plutôt complexes, des objectifs bien définis et bien évidemment leurs problématiques. L’auteur parvient assez aisément, je trouve, à nous faire apprécier les divers personnages.
Le seul reproche que je peux émettre, c’est que la lecture peut s’avérer complexe. Il y a tellement d’informations et d’éléments qu’il est parfois nécessaire de faire une pause pour tout ingérer. Je conseillerai donc de prendre son temps pour découvrir l’oeuvre, quitte à la lire en plusieurs fois!
Scénario: 4/5
Concernant le dessin, difficile de trouver quelque chose à redire. Le trait de Hiroki Endo est agréable, plutôt fin; un trait « à l’ancienne ». Les arrières plans foisonnent de détails, donnant parfois une sensation de vertige. Personnellement, ça m’a beaucoup rappelé Akira sur ce point. Ça ne plaira pas à tout le monde, mais il faut quand même souligner une certaine maîtrise!
Les scènes d’actions sont bien dynamiques, les bâtiments explosent, les corps se déchirent, les tripes se répandent: graphiquement ça envoie quand il le faut!
Petit bémol cependant, certaines pages m’ont semblé un peu trop riches en texte, ce qui à mon sens rend la lecture un peu lourde (d’autant plus que les notions sont parfois complexes).
Dessin: 4/5
Parmi les points que j’ai le plus apprécié, il y a l’univers que nous présente l’auteur. Au cours de prologue, on découvre quelque chose d’assez futuriste (bien qu’assez proche de notre époque actuelle, l’oeuvre à presque 25 ans tout de même!).
Mais les ravages de l’épidémie ne laissent que des ruines et des vestiges de cette apogée humaine. L’auteur n’hésite par ailleurs pas à agrémenter ses planches de paysages et de décors avec des passages contemplatifs (comme-ci dessous). Si vous êtes fans de récits post-apocalyptiques, je pense que vous trouverez quelques scènes rappelant des références du genre.
Et au delà du côté visuel, j’ai été impressionné par toute la documentation sous-jacente, les notions qu’Hiroki convoquent sont parfois très pointues. Parler d’endocytose et d’exocytose dès le prologue: y’a pas à dire, c’est couillu!
Univers: 5/5
Mais je pense que l’un des points les plus attrayants de l’oeuvre, c’est toute la réflexion qu’elle peut engendrer chez le lecteur. Hiroki Endo nous propose sa vision, parfois très tranchée sur tout un tas de thèmes; ce qui ne manque pas de nous faire cogiter également!
Dès le prologue, on a droit à une petite réflexion sur la sexualité et la religion. Par la suite, l’auteur met en scène des manigances politiques, de quoi alimenter une critique des puissants. Évidemment, la guerre, ses belligérants et les victimes auront un rôle de choix dans l’argumentaire de l’auteur.
Mais les thèmes sur lesquels ils appuiera le plus avec ces deux tomes sont la condition humaine, quelque chose d’assez classique dans les oeuvres post-apocalyptiques; et surtout les croyances et la religion, envers lesquelles l’auteur se montre particulièrement incisif. Pas étonnant avec une oeuvre qui s’intitule Eden…!
Réflexion: 5/5
Le résumé sur Eden:
Je l’avoue, je ne m’étais jamais intéressé à Eden. Pour cause, je n’en avais même jamais entendu parler. Et pourtant, je reconnais volontiers que je passais à côté de quelque chose. Quelle surprise (ce prologue, wow) ! Un univers dense, tellement cohérent et étrangement contemporain. En effet, l’épidémie de closure virus rappelle la panique vécu au début de la crise sanitaire. Visionnaire pour une série sortie… En 1997! Eh oui, l’oeuvre est plus vieille que moi: double claque.
Côté scénario, c’est très touffu aussi. À l’épidémie se superposent des guerres, de territoires mais aussi d’idéologies. L’auteur nous abreuve de beaucoup de données, de concepts aussi et cela lui permet de traiter tout un tas de thématiques: religieuses, politiques et bien d’autres. On sent les inspirations d’Evangelion dont l’auteur est un fan assumé. Amateurs de lectures complexes et riches: vous mangerez bien! Je pense cependant que ça paraîtra un peu indigeste pour certains; et ce malgré toute la maestria de l’auteur en ce qui concerne le fait d’apporter ces informations.
En ce qui concerne le dessin, c’est propre et très clair malgré des planches très chargées parfois. L’univers visuel post-apocalyptique est très travaillé et rappellera bien évidemment Akira aux connaisseurs.
Avec un début aussi qualitatif, j’ai hâte de découvrir la suite de l’oeuvre, qui, on peut le dire, est vraiment sous-côtée! Merci Panini de lui avoir laissé une nouvelle chance!