L’amitié fille garçon, mirage ou réalité ? Mamoru Aoi nous propose sa vision avec Lovely Friendzone! Et voici mon avis sur ce tome 1 !
Entrons (volontairement) dans la friendzone…!
Pour ce premier tome de Lovely Friendzone, Koi no Hajimari en VO, les éditions Kana ont décidé de modifier les couleurs de la jaquette. Un choix que je suis bien incapable d’expliquer, mais que je trouve dommage… La couverture originale était si bien !
Alors qu’elle passe son temps à rêver du jour où elle aura enfin un petit ami, Hacchi fait la connaissance de Mizuno, un des beaux gosses du club de foot. Elle ignore pourquoi, mais ce garçon qu’elle admire tant semble la traiter d’une manière particulière… La jeune fille n’a aucune expérience en amour, et là, entre les espoirs et les doutes, autant dire que c’est le chaos dans sa tête ! Comment son coeur peut-il s’emballer à ce point alors qu’ils sont censés n’être que des amis ? Un pas après l’autre, la jeune lycéenne va vite découvrir la complexité de l’amour !
Un pas après l’autre, cette jeune lycéenne va vite découvrir la complexité de l’amour
Du point de vue de l’édition, on est sur quelque chose de standard. Il n’y a pas de page couleur et le papier est un peu fin à mon goût.
Lovely Friendzone, ami et plus si affinité ?
Je ne vais pas le cacher, l’histoire que nous propose Lovely Friendzone est des plus convenues. Le postulat de base est celui d’un shōjo romance classique, où une lycéenne en mal d’amour est attirée par le beau gosse du lycée.
S’en suivent tout un tas d’événements qui les amènent sans cesse à se rencontrer. Tant et si bien qu’il n’y a aucun chapitre où ils sont séparés ; ou on ne suit qu’un des deux protagonistes. C’est un peu dommage à mon sens, ça ne laisse que peu de place au développement.
En ce qui concerne les évènements en question, il n’y a rien de très original dans les péripéties. On suit des situations assez génériques dans le genre. Les rendez-vous entre amis qui finissent en tête à tête, les situations accidentelles cocasses, les faux espoirs au cours d’une discussion… Petit à petit, Hacchi se rend compte de ses sentiments: est-ce de l’amour ? de l’amitié ?
Une chose est sûre, Mizuno la considère comme une amie: elle est friendzonée! Cherchera-t-elle à en sortir ? Ou se contentera-t-elle de cette situation?
Le récit est plutôt bien mené, exécuté, on finit par se prendre au jeu car les situations résonnent et cela reste plaisant à suivre. Ce n’est pas parce que c’est classique que c’est mauvais non plus..! Et puis, on n’en demande pas vraiment plus pour un titre détente!
Scénario: 3,5/5
En ce qui concerne les personnages maintenant, Lovely Friendzone nous présente deux protagonistes archétypaux en apparence. Hacchi n’a rien de remarquable, elle n’est pas spécialement populaire. Mizuno est son opposé, il attire les regards, il est populaire. Mais ce premier tome nous permet de découvrir le vrai visage de ces personnages.
Hacchi, bien qu’elle ne présente pas de particularité, est une jeune femme entière. Elle est franche, presque un peu bourrue je dirais. Et finalement c’est ce qui fait sa force et sa singularité à mon sens.
Mizuno, malgré sa réputation de mâle alpha, est en réalité très peu à l’aise avec les gens, en particulier les jeunes femmes. Cause ou conséquence, le jeune homme est maladroit, dans ses actes comme dans ses paroles, souvent ambiguës. C’est peut-être un peu classique encore une fois; le beau gosse est finalement un gentil garçon dépassé, néanmoins je trouve que c’est bien exécuté et que ça donne un sens particulier à la relation de nos deux protagonistes.
En revanche, les personnages secondaires sont vraiment anecdotiques. Hormis quelques occurrences par-ci par-là; ils n’interviennent pas dans l’intrigue. Les quelques lignes de dialogues qu’ils peuvent avoir ont toujours le même sens. Ce sont parfois des répétitions mots pour mots… Bref, pas grand chose à tirer de ce côté là.
Personnages: 3,5/5
En ce qui concerne les visuels, Lovely Friendzone nous propose un trait expressif, mignon parfois à la limite du poétique. Cela contribue à donner une atmosphère très douce, feel good à la lecture. Je trouve qu’il y a un beau travail sur les cheveux et les vêtements (hormis les trames, je n’y arriverai pas à m’y faire…).
Malheureusement, d’une page à l’autre, le dessin passe de bon à très médiocre. Les proportions sont aléatoires et toutes les expressions ne bénéficient pas du même soin. Globalement, c’est un rendu un peu « vite fait ».
Plusieurs cases ne possèdent pas d’arrière-plans, on a des fonds blancs. Je comprends que cela puisse permettre de mettre en exergue une émotion, un ressenti du personnage. Mais cela doit être fait avec parcimonie à mon sens, sur une double page par exemple. Malheureusement, cela revient souvent dans le tome et accentue l’aspect bâclé…
En sachant que Mamoru Aoi est une autrice expérimenté (une dizaine d’années de carrière!), j’avoue avoir été un peu surpris.
Dessin: 2,5/5
En revanche, là où Lovely Friendzone se démarque, c’est surtout dans son thème principal ! J’ai trouvé cela très original d’aborder la relation entre Hacchi et Mizuno sous l’angle de l’amitié et de la friendzone. (Si vous ne savez pas à quoi cela fait référence, c’est tout simplement une situation un peu trouble entre deux personnes, l’une étant amoureuse, l’autre la considérant comme un.e ami.e). La question persistante tout au long de la lecture est de savoir si le manga restera sur ce fil ou s’il basculera d’un côté: amour ou amitié ?
Et cette problématique générale permet de traiter plusieurs thématiques que j’ai trouvé innovantes.
D’abord, c’est la position d’Hacchi par rapport aux normes sociales et au regard des autres. Si Hacchi ressent l’envie d’avoir un petit copain, n’est-ce pas par obligation de se conformer à la norme ? Est-ce que Mizuno pourrait être ce petit copain ?
Ensuite, c’est la question de l’amitié fille-garçon. Est-elle possible ou est-elle toujours intéressée ? Pour Mizuno, c’est une nouveauté. Pour la première fois, il a un autre rapport à la gente féminine que la séduction. Il est maladroit, ses propos sont ambigu… Bref, il a tout à apprendre et c’est intéressant; d’autant plus quand c’est Hacchi en face.
Cependant, je tenais à souligner la présence de dialogues maladroits, voire carrément inappropriés: caricature adolescente, grossophobie. Je n’imputerai pas cela à la traduction, le travail d’Aline Kukor étant très en phase avec le manga; mais plutôt à l’écriture du manga. Une tentative un peu ratée, à mon sens, de raconter la vie adolescente.
D’ailleurs, c’est d’autant plus surprenant que ces dialogues arrivent dès les premières pages. Petit bémol pour ça donc, parce que ça met mal à l’aise.
Thèmes: 4/5
Lovely Friendzone, en résumé:
Lovely Friendzone, c’est une histoire qui se présente comme une romance très classique. Hacchi rêve d’être en couple, et qui d’autre que le beau Mizuno du club de foot pour devenir son petit ami ? Hacchi n’est pas populaire, et assez discrète. Et Mizuno est la coqueluche de la gente lycéenne et semble inaccessible…
Encore une énième mièvrerie ? Pas vraiment ! D’abord, les deux protagonistes se révèlent au cours de ce premier tome. Ils sont plus complexes et originaux qu’ils le laissaient paraître. Hacchi est quelqu’un de très franc, une personnalité entière loin des clichés de mijaurée. Mizuno cache, derrière son physique, une très grande maladresse et des difficultés relationnelles avec le genre opposé..!
Et ensuite, il y a ce thème central de la friendzone. C’est un parti pris atypique pour une romance, qui permet d’aborder des problématiques qui sortent de l’ordinaire. Le rapport aux normes sociales, le regard des autres, et évidemment l’amitié mixte. C’est donc finalement plus plaisant et intéressant que prévu !
Malheureusement, j’ai quelques reproches à faire à ce tome 1. Certains dialogues sont maladroits, à la limite inappropriés même, et mettent mal à l’aise (grossophobie). La tentative de présenter des discussions adolescentes est ratée pour moi.
Et enfin, le dessin… En sachant que Mamoru Aoi a presque une décennie de carrière derrière elle, je m’attendais à un style abouti, à une certaine maîtrise. Mais je dois dire que ce tome 1 ressemblait plutôt à la première oeuvre d’une carrière. Les dessins sont hésitants, parfois hasardeux et, s’il y a bien quelques fulgurances poétiques et émotionnelles, le rendu donne l’impression d’être bâclé. Une déception…