Je poursuis ma lecture de Sidooh, l’oeuvre de Tsutomu Takahashi avec cette fois la lecture du troisième tome! Shotaro parviendra-t-il à survivre à son exécution?
Sidooh: Tome 3 !
Pour ce nouveau tome, c’est Gentaro, le cadet de la fratrie qui est mis à l’honneur. Je ne l’avais pas reconnu au départ, mais c’est bel et bien lui! Là colorisation nous induit un peu en erreur je pense. On imagine que Gentaro est blond, mais cette illustration indique qu’il est plutôt châtain en réalité.
Shotaro affronte Asaji au cours d’un combat à mort organisé dans le cadre de la cérémonie des coeurs purs. Face au champion du Dorentaï, le jeune garçon doit compenser son manque d’entraînement par sa volonté de survivre…
La voie du samouraï: larmes, sang et volonté
Ce tome reprend là où nous laissait le tome 2; on retrouve Shotaro en difficulté face à son adversaire. Tout semble jouer en sa défaveur… Mais le plus important dans un combat à mort: c’est la volonté de vivre! Encore une fois, l’auteur malmène son protagoniste et nous avec! Il y a une tension insoutenable dans la première partie de ce tome. Ce qui n’est évidemment pas pour me déplaire! Il est, à mon sens, impossible de prévoir ce qui se passera, et c’est plus qu’appréciable.
Pour la deuxième partie du tome, on a droit à une ellipse temporelle, qui nous emmène quelques années plus tard et qui introduit une nouvelle intrigue. Le récit se place alors en 1853 et on découvre l’arrivée des américains au Japon. Le scénario prend une tournure plus historique, plus réaliste, plus politique aussi. Ce qui contraste plutôt pas mal avec cette atmosphère quasi fantastique de la résidence des Coeurs Purs. La guerre s’annonce entre les partisans des américains et de l’ouverture du pays et les nationalistes conservateurs: l’histoire s’apprête à prendre de l’ampleur!
On s’apprête donc à suivre les deux frères Sho et Gen, ainsi qu’Asakura et d’autres, au milieu de cette guerre civile! Cela annonce de bonnes choses pour la suite! Même si je regrette déjà l’atmosphère oppressante de la secte. Je trouve également le changement un peu brutal; d’où une note mitigée sur ce point.
Scénario: 3/5
En ce qui concerne le dessin, Tsutomu Takahashi reste constant et nous propose encore une fois un tome très graphique. L’encrage est sombre, très marqué. Il joue beaucoup avec la luminosité pour donner des atmosphères plus pesantes notamment. J’admire vraiment cette maîtrise!
Les scènes d’action sont explosives, percutantes et on ressent toute la force, la puissance des coups. Je noterai également le soin apporté aux expressions, aux visages qui permettent de rendre compte de toute l’étendue des sentiments des personnages.
Le seul reproche que je pourrais faire, c’est que parfois, cela reste un peu brouillon; comme un aspect d’inachevé. Je trouve ça un peu dommage.
Esthétique: 4/5
Je l’ai un peu abordé en parlant du dessin, l’ambiance de Sidooh est assez incroyable. Rares sont les séries qui m’ont donné ce sentiment de malaise. Comme dans le tome 2, on retrouve les foules en transe, les jeux macabres, tout un tas de vices et de pensées malsaines. Et toujours en fond, cette organisation sectaire que sont les Coeurs Purs.
La deuxième partie du tome s’éloigne un peu de cette atmosphère dérangeante mais reste très sombre. Aussi bien au sens propre que figuré d’ailleurs. Des assassinats, des complots, des trahisons: toute la bassesse humaine. C’est une réalité bien amère qui nous est présentée mais c’est fait avec beaucoup de talent. On pressent également que la suite s’annonce tout aussi pesante que ce que l’on a déjà pu voir!
Ambiance: 5/5
Et pour finir, j’aimerai aborder la vision du samourai que nous dresse Tsutomu Takahashi. Évidemment, la volonté de vivre, de survivre est primordiale. Mais ce portrait à quelque chose de différent de ce que l’on retrouve habituellement. Pour ma part, j’ai trouvé qu’il sonnait bien plus juste d’ailleurs.
On est loin du guerrier qui n’a pour ligne de conduite que l’honneur et la loyauté. On est loin aussi de cette image du sabreur calme et posé, à l’aura quasiment spirituelle. Non, Sidooh est bien plus pessimiste que ça (ou réaliste?). Certes le samourai est loyal, il a quelques notions d’honneur aussi; mais surtout, ce qui l’anime, et qui anime Shotaro et Gentaro, c’est la volonté de survivre! Alors au diable l’honneur et la dignité quand il s’agit de rester en vie!
Dans ce monde corrompu et, disons-le, pourri jusqu’à la moelle; nos deux frères ne peuvent se raccrocher qu’à ce désir ardent de vivre. Et si j’ai bien lu ce que Takahashi proposait, c’est là que réside la voie du samourai selon lui.
Esprit samourai: 5/5
Le mot de la fin sur ce tome 3 de Sidooh!
Le tome 2 nous laissait tout aussi démunis que le protagoniste Shotaro, alors évidemment, j’étais impatient de découvrir l’issue du combat qui l’opposait au champion des Coeurs Purs, Asaji. La confrontation ne déçoit pas, Tsutomu Takahashi met le paquet sur l’action, sur la violence graphique comme il a pu le faire auparavant. l’atmosphère est toujours aussi sombre, oppressante dans cette première partie de tome.
La deuxième moitié du tome est moins glauque, malsaine, et met l’accent sur des évènements historiques. Je me demande où cela nous mènera, mais cela a au moins le mérite de relancer l’intrigue et d’introduire de nouveaux personnages!
Là où ce tome de Sidooh fait mouche à mon sens, c’est dans sa description, sa vision du samouraï. Exit l’honneur, la droiture. Ici le samouraï se bat pour sa survie, c’est son envie de vivre qui le fait tenir et qui le pousse à se dépasser, à s’imposer. En cela, on est assez proche de l’esprit nekketsu. À ceci près que la mort semble bien plus proche qu’à l’accoutumée dans ce genre. Le moindre faux-pas peut être fatal alors au diable les scrupules, tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins.