Après le tome 3 qui annonçait du changement, voyons donc ce que nous réserve Tsutomu Takahashi avec ce nouveau tome de Sidooh!
Place à de nouveaux personnages et une nouvelle intrigue!
Pour illustrer ce tome 4, c’est un nouveau personnage que l’on découvre: Mozu, la dernière membre du Byakurentaï le bataillon blanc à apparaître! La charte graphique reste la même que pour les 3 tomes précédents, un choix de Panini Manga que j’estime pertinent.
Shotaro, Gentaro et leurs compagnons se rendent au port de Yokohama où le gouvernement a entrepris de commercer avec les État-Unis. Leur objectif: débarasser le pays des envahisseurs occidentaux et des traîtres qui ont pactisé avec eux.
Sidooh: vers de nouveaux horizons!
La fin du tome 3, nous annonçait une nouvelle intrigue et introduisait de nouveau personnages! Un excellent point selon moi… Mais?
Parmi le Byakurentai, groupe d’élite des Coeurs Purs mandatés par Rugi, on découvre Ino Kennosuke, Samejima Tasuke et Mozu. De nouveaux visages qui apportent un peu plus de consistance encore à l’histoire. Tous ont évidemment leurs particularités, aussi bien sur le plan de leur caractère que sur celui de leurs compétences. J’avoue avoir une préférence pour Mozu. Seul personnage féminin du groupe, elle possède une aura particulière, en charisme et en puissance. Néanmoins les deux autres ne sont pas en reste, notamment quand on voit de quoi ils sont capables.
Le reproche que j’aurais à faire sur ce point, c’est que Takahashi ne présente jamais très clairement ces nouveaux personnages, on a donc parfois du mal à les identifier. Et c’est d’autant plus vrai que son style de dessin, et d’encrage nous perd parfois, faisant qu’on ne reconnaît pas toujours les personnages.
Personnages: 3/5
Le conflit qui couvait durant le tome 3, entre les nationalistes et les partisans des américains arrive peu à peu au premier plan durant ce tome. On découvre Yokohama, ville portuaire qui prend son essor grâce au commerce international. En effet, historiquement, c’est par ce port qu’ont transité les bateaux américains lors de l’ouverture du Japon au XIXème siècle.
Cela ne fait plus aucun doute désormais, Sidooh est bien plus que l’histoire de deux jeunes frères souhaitant devenir samouraï. C’est également une relecture de l’Histoire du Japon. Je dois dire que je ne m’y attendais pas vraiment lorsque j’avais lu les premiers tomes, mais ce n’est pas déplaisant!
Au fil du tome, on suit donc notre groupe d’assassin dans sa mission: infiltrer les bateaux ennemis et les détruire. Mais le Bakufu (Shogunat) est partout et la tâche s’annonce ardue. Ainsi, le récit passe sur quelque chose de plus « délicat » que ce à quoi il nous avait habitué. Un changement de rythme assez intéressant et selon moi pertinent.
Scénario: 4/5
Évidemment, si le récit change, il en va de même pour l’ambiance. L’atmosphère, qui était globalement sombre, presque morbide jusque là, reprend des couleurs si j’ose dire. Les décors sont bien plus lumineux, moins oppressants et dérangeants. J’ai eu l’impression que Tsutomu Takahashi souhaitait nous montrer Yokohama à travers la vision des enfants que sont Gentaro et Shotaro. Une sorte d’émerveillement lié à la découverte, avec un soupçon d’innocence.
Néanmoins, on sent bien que ça ne sera pas le cas longtemps et que l’ambiance si particulière des premiers reviendra très rapidement. Eh oui, bien qu’ils soient des enfants, Gentaro et Shotaro n’en restent pas moins des assassins rodés. Et par plusieurs fois, l’innocence de l’enfance est remplacée par une maturité presque effrayante.
J’ai vraiment apprécié cette dualité, tout en finesse et en subtilité!
Mais j’ai hâte de retrouver ce qui m’avait accroché dans les premiers tomes: cette vision pessimiste, fataliste avec vraiment quelque chose de captivant.
Ambiance: 4/5
Encore une fois, la vision du samouraï très particulière de Tsutomu Takahashi s’enrichit, se complexifie. Dans cette époque de transition, les samouraï voient leur place dans la société s’effacer peu à peu. Mais pour nos jeunes frères, qui ont cet idéal fantasmé du samouraï, il est hors de question de renoncer à la voie du sabre.
Celui qui incarne le plus cet état d’esprit, c’est le frère cadet: Gentaro. Le fait qu’il soit le plus jeune de la fratrie permet à l’auteur de le rendre plus influençable, plus manipulable. Par petites touches, on découvre que le jeune garçon ne suit plus vraiment son idéal, mais plutôt la cause qu’on lui a inculqué. Il reprend les concepts de la secte des Coeurs Purs, il qualifie les étrangers de démons. Il fait preuve d’une animosité très puissante à l’égard des « envahisseurs » qui paraît disproportionnée compte tenu du fait qu’il n’a jamais été confronté à ces personnes.
Et, beaucoup plus inquiétant, il a soif de combat, sa lame réclame le sang des ennemis.
Le tout se fait en opposition à Shotaro, l’aîné, qui est bien plus mesuré et réfléchi que son cadet. Cela menant, irrémédiablement, à des conflits entre les deux frères. Les prémisses d’une future divergence d’opinion sur la voie à suivre? Je n’en suis pas sûr mais c’est une hypothèse que j’émets.
Une chose est certaine: l’esprit samouraï perdure grâce aux deux jeunes garçons et je suis impatient de découvrir la suite.
Esprit samourai: 5/5
Tsutomu Takahashi: vers quoi nous emmènes-tu?
Ce tome 4 de Sidooh est plutôt intéressant, dans la mesure où il s’éloigne un peu de l’atmosphère des premiers tomes. La violence est moins systématique et on découvre un peu plus l’univers de l’histoire, notamment sur le plan du contexte politique. Tsutomu Takahashi prend d’ailleurs le parti de nous présenter cela au travers des yeux d’enfants de nos deux protagonistes. J’ai beaucoup aimé ce contraste entre leur vision d’enfant et leur « statut » de samouraï.
De nouveaux personnages sont introduits, mais j’ai trouvé cela un peu maladroit dans la mesure où on a du mal à mettre des noms sur les visages. Et c’est d’autant plus compliqué car le trait et l’encrage de l’auteur mène parfois à la confusion entre les personnages. C’est, selon moi, le plus gros reproche que je puisse faire à ce tome. (Reproche que j’avais déjà fait dans le tome 1 me semble-t-il).
Au delà de ça, j’ai apprécié le développement de Gentaro au fil de ce tome. Le jeune garçon semble s’éloigner de la voie du samouraï, en la confondant avec celle d’un tueur sans pitié. Influencé par les idéaux de la secte des Coeurs Purs, il perd pieds peu à peu sans s’en rendre compte.
Mais peut-être est-ce là la vision du samouraï que veut nous faire passer l’auteur? Affaire à suivre, mais je sens que ce qui arrive sera mémorable.