On est de retour à l’académie Rakshasa pour la suite de Tōgen Anki ! Oni contre Momotarō ! Voici mon avis sur les tome 3 et 4 !
Si vous ne connaissez pas la série, je vous présente les deux premiers tomes juste ici:
Tōgen Anki, sang pour sang violent !
La légende du sang maudit : bénédiction ou malédiction ?
Pour ces deux nouveaux tomes, ce sont Jin Gokasaki ainsi que Kuina Sazanami et Rokuro Kiriyama qui s’illustrent en couverture des tomes 3 et 4 respectivement.
Encore une fois, je trouve les couvertures vraiment magnifiques. Celle du tome 3 traduit très bien tout l’aspect sanglant et gore que peut présenter Tōgen Anki. Mais j’ai une préférence pour la couverture du tome 4. Les personnages de Kuina et Rokuro étaient géniaux, et je trouve qu’ils sont subtilement mis en valeur ici.
Le combat opposant le légendaire Momotarō et les Oni n’est pas terminé !
Une légende raconte qu’un enfant extrêmement fort serait né d’une pêche et baptisé Momotarō. Lorsqu’il devint assez grand et puissant, ce valeureux guerrier aurait chassé les Oni qui pillaient les villages. Ce héros n’est pas une légende… tout comme les Oni… Leurs descendants sont encore parmi nous et la bataille opposant le clan Momotarō au clan des Oni fait rage !
Après quelques efforts, Shiki parvient à libérer son hémocorrosion lors de la partie d’Onigokko organisée par le professeur Mudano. Alors que la ligne d’arrivée semble à portée de main, un appel urgent les convoque tous à la branche de Kyoto de l’Agence Oni. Que découvriront Shiki et ses nouveaux camarades une fois sur place ?
Tōgen Anki : Du sang, de la bagarre mais pas que !
Pour ce troisième tome de Tōgen Anki, on retrouve les étudiants de Rakshasa dont la première épreuve d’examen a tourné court. En effet, l’Agence des Oni de Kyoto subit des attaques répétées des Momotarō; et nos nouvelles recrues doivent leur venir en soutien. On découvre alors un pan du champ de bataille bien trop souvent oublié je trouve: l’arrière ! Kyōya Oiranzaka est le maître des lieux, il organise les soins des blessés et la protection des civils. C’est un passage que j’ai trouvé assez original, et très appréciable.
Cependant rien ne va se passer comme prévu. Les Momotarō attaquent et c’est un véritable carnage. Le récit prend alors une tournure surprenante.
De chapitre en chapitre, l’auteur balaie tout ce que l’on avait pu imaginer au départ. Des personnages aux des concepts ; tout ce que l’on tenait pour acquis est remis en question. C’est une dynamique que l’on retrouve aussi dans l’opposition entre les Oni et les Momotarō. Qui est dans le bien ? Qui est dans le mal ? N’est-ce pas seulement deux camps s’affrontant pour leur survie ? Ainsi, c’est finalement un tome assez original dans son déroulement !
Dans le tome 3 comme dans le tome 4, Yura Urushibara continue de développer son univers. Il nous présente de nouveaux pouvoirs, nous les explique. Mais ce que je retiendrai surtout, c’est qu’il nous dévoile une partie des origines de Shiki. Je dois avouer que, même si c’était un peu classique, c’était très efficace pour me tenir en haleine.
Ainsi, malgré ces quelques clichés, cette suite se révèle pleine de surprises, et pleine de belles promesses ! J’espère cependant que l’auteur ne s’enfermera pas dans un manichéisme tout de même, avec des faux gentils et des faux méchants.
Scénario : 4/5
Du point de vue graphique, Tōgen Anki avait posé des bases intéressantes. On retrouve le trait nerveux des deux premiers tomes. Le découpage est dynamique et les poses moins rigides. Cela fait que les séquences d’actions, et la lecture, sont plus fluides.
Encore une fois, j’ai vraiment adoré les rendus des hémocorrosions des Oni ou encore ceux des germes des Momotarō. Les visuels sont variés, avec toujours un aspect organique, et certains montrent un vrai travail de recherche de la part de l’auteur.
Un des points forts de Yura Urushibara, c’est qu’il sait rendre grisant ce qu’il nous montre. Cela passe surtout par des mises en scène : contre-plongées, poses « badass ». Mais les designs des personnages aident également beaucoup. Sincèrement… Il y en a un bon paquet qui respirent la classe ! Par ailleurs, on a même droit à des passages qui frôlent l’horrifique; un peu dans le style d’Horikoshi quand il représentent le sourire de Shigaraki…! Une polyvalence appréciable.
Mais si du côté des expressions, il y a du mieux; je garde toujours le bémol en ce qui concerne les personnages féminins. Il reste encore du chemin en ce qui concerne l’anatomie et les proportions des personnages féminins.
Globalement, les tomes 3 et 4 nous présentent des très belles planches; avec un sacré supplément d’hémoglobine ! J’avoue prendre de plus en plus de plaisir à lire l’oeuvre !
Dessin : 3,5/5
Là où les tomes 3 et 4 de Tōgen Anki m’ont le plus surpris, c’est dans les personnages qu’ils construisent.
D’abord, il y a Kyōya Oiranzaka qui m’a fait forte impression. Médecin responsable de l’arrière du champ de bataille, j’ai beaucoup aimé sa dévotion à la cause Oni. Et j’admets que l’originalité de ses capacités ainsi que son caractère de playboy ont achevé de me convaincre.
En même temps que lui, on en apprend un peu plus Jin Gokasaki. On connaissait déjà son hémocorrosion, mais connaître son passé et le voir se déchaîner était vraiment plaisant. On découvre aussi Ikari Yaoroshi, qui a un pouvoir pour le moins original !
Ensuite, on fait connaissance avec des duos. Bien évidemment, il y a celui des Momotarō Yomogi et Tsubakiri. Le décalage entre leurs tenues très « classes » et les atrocités dont ils sont capables les rend vraiment effrayants. Ce sont des monstres de puissance !
Du côté des Oni, ce sont Kuina Sazanami et Rukuro Kiriyama que l’on nous présente. Je ne vais pas y aller par quatre chemins… Ce sont mes chouchous ! J’ai adoré ces personnages, leur histoire, leur pouvoir… Tout !
J’avoue avoir été déçu du personnage de Mudano. Il paraissait si fort dans les deux premiers tomes ! Cependant j’apprécie le fait que l’auteur prenne le risque de le déconstruire de cette façon. C’est une petite touche atypique.
Au delà de ça, le fait que tous les personnages soient mis en avant est vraiment génial. Se détacher de son protagoniste principal, c’est un risque supplémentaire, mais l’auteur s’en sort admirablement. Il passe juste assez de temps sur leur passé, leurs motivations pour qu’on s’attache à eux.
Personnages : 4,5/5
Avec ces deux tomes, Tōgen Anki prend donc le pari de nous faire suivre d’autres personnages que Shiki. L’auteur fait le nécessaire pour qu’on s’attache à eux et s’engage alors sur une voie encore plus risquée. Il fait tout simplement mourir plusieurs personnages.
C’est osé, c’est soudain, mais c’est selon moi diablement pertinent ! En procédant de cette façon, Yura Urushibara pose les limites de son univers. Oui, les Onis sont forts, mais non, ils ne sont ni invincibles ni immortels. Intrinsèquement, cela génère une tension, une urgence qui nous tient en haleine.
Il suffit d’un faux pas pour que tout le monde y laisse sa peau. Ce faisant, chacune des confrontations que l’auteur nous donne à voir s’appesantit d’un enjeu considérable: la survie. Le récit revient alors à une base primordiale, un élément que tout le monde peut comprendre car il relève de l’instinct. Ainsi, de manière presque inconsciente, on s’implique plus profondément encore dans l’oeuvre. Et les actions faites, les phrases dites, nous font encore plus vibrer.
L’univers de l’oeuvre est cruel. Les parents meurent, laissant des enfants orphelins comme Mei. Je le reconnais la relation entre la petite fille et Shiki m’a vraiment touché. Notre Oni, qui jusque là était un peu désinvolte, devient étonnamment sérieux. En se faisant protecteur de l’enfant, il gagne un objectif et une certaine maturité. « Protéger les innocents », c’est peut-être une motivation clichée, mais elle reste puissante et efficace. Et elle l’est encore plus lorsqu’elle est combinée à des situations d’injustice.
Ce qui en résulte, ce sont des séquences fortes en émotions. Si au début, on est plein de frustration, on le sait, la suite n’en sera que plus grisante. Même si on sait que Shiki réussira, on veut le voir de nos propres yeux. Notre sang, comme celui de Shiki, bout… C’est ça la tension du nekketsu.
Le manga fait mouche lorsqu’il s’agit de embarquer dans son histoire: c’est un véritable page-turner. Chaque case appelle la suivante, on en veut toujours plus. C’en est presque addictif. Et cela reste vrai, même s’il y a des idées et des mécaniques convenues au cours des tomes 3 et 4.
Tension : 4/5
Tōgen Anki, en résumé :
J’avais beaucoup aimé l’univers sanglant et violent présenté dans les deux premiers tomes, et c’est avec plaisir que je l’ai retrouvé dans les tomes 3 et 4.
Avec ces deux nouveaux tomes, l’histoire prend un tournant inattendu. On délaisse l’examen des nouveaux élèves pour entrer dans le vif du sujet : la lutte contre les Momotarō. J’avoue avoir été agréablement surpris par un bon nombre d’événements. L’auteur prend des risques et c’est vraiment appréciable. (Même si parfois, ça pique un peu le kokoro).
Les personnages introduits dans ces deux tomes m’ont beaucoup plu, particulièrement Kuina et Rukuro (cover du tome 4). La complémentarité entre les deux était bien construite et, de fait, je n’ai pas pu m’empêcher de m’attacher à eux. Par ailleurs, les autres personnages ne sont pas en reste (Kyōya, le GOAT).
L’auteur prend le temps de développer ses personnages secondaires, rendant son récit très vivant. Et même s’il délaisse un peu Shiki en faisant cela, il rééquilibre le tout en lui donnant des moments forts émotionnellement.
Graphiquement, on retrouve les scènes impressionnantes des deux premiers tomes. L’hémoglobine continue d’éclabousser, de tâcher les vêtements et les pages. Et il y a de l’amélioration sur la fluidité des actions et des poses. En revanche, l’anatomie des personnages féminins est toujours problématique..!
Je retiendrai de ces deux tomes une tension considérable, bien mise en scène par l’auteur. Des moments frustrants, des moments de désarroi aussi, qui mènent à des dénouements grisants.