Pour cette nouvelle critique, je vous parle d‘une des dernières nouveautés des éditions Kana! Voici mon avis sur le tome 1 de New Normal !
New Normal, tome 1
Côté édition, cette nouvelle série s’inscrit dans les standards. Le papier est sans transparence, l’impression est de qualité. C’est tout à fait correct !
Pour ce qui est de la jaquette, l’éditeur est resté sur l’illustration d’origine. Le logo titre est assez discret, on peut cependant noter la présence du symbole de danger biologique, inversé, mais qui évoque évidemment la menace de la santé humaine.
« Juste avant notre naissance, une maladie infectieuse a bouleversé notre monde. »
Dans un futur proche, la norme est désormais de recouvrir son visage d’un masque dans tout espace public. Natsuki et Hata, deux lycéens attirés par ce qu’avait à offrir la société avant la pandémie, se rapprochent après avoir découvert fortuitement l’ultime « secret » que constitue le visage de l’autre.
Suivez l’histoire de leur « nouveau quotidien », parsemé de normes et de morales créées de toutes pièces pour un nouveau monde.
Et si voir le visage d’une autre personne devenait impossible ?
En guise de couverture, on retrouve des gros plans, sur la bouche de Natsuki ainsi que sur ses vêtements.
Pour ceux que ça intéresse, Natchuu vous présente l’oeuvre en vidéo !
L’amour sans visage et avec gestes barrières !
New Normal est un manga qui se déroule dans un contexte post-pandémie. Au vu des masques et des règles strictes de distanciations sociales, il est évident que l’oeuvre trouve ses origines dans la crise sanitaire qui frappa et frappe encore le monde. Titre écrit en réaction à l’actualité, et grossissant exagérément le trait, le manga de Akito Aihara aborde donc des problématiques contemporaines. Avec les règles de distanciation sociale, qu’on nous rappelle à de nombreuses reprises dans ce tome 1, une relation amoureuse semble peu propice… Et pourtant, c’est à travers ce prisme original que l’auteur mène son histoire.
Il joue ainsi avec les codes de deux genres : la romance et le récit d’anticipation. C’est maîtrisé et assez prenant je dois dire ! Le mystère entretenu autour du monde extérieur laisse présager de futures révélations qui chambouleront l’ensemble. Je comprends l’intérêt scénaristique de garder cela pour la suite. Cela stimule la curiosité, et nous tient en haleine. Ce volume termine sur un cliffhanger qui amorce une situation dramatique. Mais j’ai trouvé que c’était trop léger pour me projeter réellement: le protagoniste n’a pas d’objectif..! Après ce tome 1… On ne sait pas ce que va nous raconter l’histoire !
Scénario : 3,5/5
Visuellement, New Normal m’a beaucoup plu. Le trait de Akito Aihara est fin, et le travail sur les expressions des personnages est superbe. C’est un exercice difficile de faire passer les ressentis des personnages par le simple regard, surtout en dessin ! Et pourtant, l’auteur le maîtrise parfaitement. Conjugué aux mises en scènes et au découpage, cela rend à merveille la dimension désormais « tabou » du bas du visage. On retrouve aussi de belles compositions, inspirées, qui permettent de mettre en exergue les fortes émotions de manière presque poétique.
Quand les arrières-plans sont là, ils sont plutôt correct bien que rudimentaires. Malheureusement ils sont trop souvent absents. J’aurais aimé plus d’aperçus de ce monde. Découvrir les conséquences de cette crise sanitaire sur les infrastructures, sur les paysages. Cela peut paraître bête, mais on n’a pas vraiment l’impression que les personnages sont dans une enclave, et pourtant… C’est le cas ! Il aurait aussi pu être intéressant d’avoir un visuel du monde extérieur, sans le décrire précisément, une sorte de vue fantasmée. Cela aurait permis une meilleure immersion je pense, et de rendre l’atmosphère plus oppressante et angoissante encore.
Visuels : 3,5/5
Pour ce qui est des personnages de New Normal, j’ai trouvé que c’était très pertinent de faire vivre l’histoire à des adolescents. En effet, c’est la période de la vie qui est la plus propice à la remise en cause des règles établies, de l’autorité. C’est d’autant plus judicieux qu’ici, les règles ont été mises en place avant la naissance des personnages; elles encadrent donc quelque chose qu’ils n’ont pas vécu et perdent de leur sens à leurs yeux. On suit donc Haruto Hata, un lycéen banal qui vit ses premiers émois, avec des préoccupations de son âge. En ce qui me concerne, je l’ai trouvé un peu insipide : il est trop ordinaire… C’est dommage.
Heureusement, le casting féminin rattrape un peu le coup ! J’aime beaucoup Emi Natsuki. Je trouve sa fascination pour le monde d’avant, à travers les films notamment, porteuse pour le récit. Malheureusement, pour l’instant, cela n‘est pas développé. Erika Hinata apporte aussi beaucoup d’énergie dans le récit, mais elle cristallise peut-être un des défauts de la caractérisation : les réactions sont excessives parfois. L’oeuvre propose ainsi un triangle amoureux, assez classique et qui, je trouve, n’apporte pas grand chose. En revanche, j’ai noté une sorte de deuxième triangle entre Hata, Natsuki et le mystérieux et nostalgique Sagara. Je le trouve plus intéressant, notamment parce qu’il permettrait d’apporter un lien entre nos adolescents et le monde extérieur.
Personnages : 3/5
La grande force de New Normal d’après moi, c’est l’ambiance très particulière qu’il propose. J’ai particulièrement apprécié le travail fait pour faire de la bouche un tabou ultime dans cet univers. Elle est sexualisée, devient un symbole d’érotisme grâce à plein de petits détails amusants. Cela passe aussi par des dialogues cocasses et un grand nombre de sous-entendus. Ce n’est pas toujours subtile je le reconnais, et cela pourrait même paraître malsain pour certains. Mais à titre personnel, je doute que ce soit un fantasme de l’auteur : c’est simplement une idée poussée à l’extrême pour aborder les problématiques qu’elle génère.
Pour compenser cette « absence » de bouche, l’auteur met l’accent sur les regards, sur les odeurs. Il parvient avec brio à nous faire ressentir cette redécouverte des sens. De plus, le fait qu’elle soit couplée à la découverte de l’autre pour nos adolescents rend l’ensemble vibrant. Néanmoins, l’oeuvre ne tombe pas dans la romance à l’eau de rose : la crainte de la pandémie est encore bien présente. Et cela, l’auteur nous le fait comprendre par la présence de plusieurs indices. Le fait que ce soit des subtilités, rend leur découverte un peu plus glaçante encore. Des manifestations, des excès de zèle… C’est une atmosphère avec un arrière-plan anxiogène que l’on découvre, et qui promet des thématiques intéressantes !
Ambiance : 5/5
New Normal, en résumé :
💎 Les points forts :
- Un mélange maîtrisé entre romance et récit d’anticipation.
- Une idée poussée à l’extrême et bien exploitée.
- Des problématiques contemporaines et intéressantes.
- Un dessin fin qui sert à merveille le récit.
- Des relations entre les personnages prometteuses.
- Un humour qui joue bien avec lefanservice.
🪨 Les points faibles :
- Hata manque de caractère et d’objectif.
- Un tome 1 qui oublie un peu son intrigue.