J’aurais mis un peu de temps à l’écrire, mais voici mon avis sur la série Notre jeunesse en orbite de Mitsuo Iso sur Netflix !
En novembre 2020, on apprenait que Mitsuo Iso serait de retour pour un nouvel anime ! Après le chef d’oeuvre Denno Coil, l’animateur et réalisateur nous propose The Orbital Children, traduit par Notre jeunesse en orbite sur Netflix.
Année 2045, l’internet et l’intelligence artificielle font partie du quotidien des gens. L’histoire nous entraîne aux côtés d’adolescents qui doivent se débrouiller seuls suite à un grave accident dans la station spatiale. Ils utilisent leurs compétences pour tenter de réparer leur vaisseau et trouver un moyen de rentrer chez eux.
Si vous souhaitez plus d’informations, je vous invite à lire l’article qui y est consacré.
Notre jeunesse en orbite: et si on était né sur la Lune ?
Notre jeunesse en orbite nous emmène plusieurs d’années dans le futur, à bord d’Anshin, un hôtel spatial. L’Humain s’est installé sur la Lune et, de fait, s’y est développé. Certains enfants y sont même nés: c’est le cas de Touya, le streamer aux 100 millions d’abonnés. Dès les premiers instants, l’anime plante des bases et un décor solides. Les concepts utilisés et ceux créés sont parfaitement en adéquation. Tant et si bien que le film est étrangement crédible, comme s’il était une prédiction de notre futur. Du côté de l’univers donc, c’est très réussi selon moi !
En ce qui concerne l’intrigue, je dois reconnaître qu’elle était pleine de belles promesses. Elle partait sur une base de récit catastrophe dans l’espace. Les résidents de la station spatiale doivent survivre après qu’une comète les a percuté. Mais était-ce seulement le fruit du hasard ? Plusieurs choses amènent à penser le contraire… La tension dramatique est là, on est tenu en haleine sur plusieurs épisodes.
Malheureusement, l’intrigue s’empêtre rapidement dans ce qu’elle pouvait proposer. Et avec le format (trop) court de 6 épisodes, elle finit par invoquer des prophéties, des Deus Ex Machina fumeux pour résoudre plusieurs éléments. Finalement, on perd de vue les enjeux.
Je soulignerai quand même une fin en apothéose, un véritable mindfuck comme on en fait peu. Notre jeunesse en orbite aurait pu être génial, mais avec 6 épisodes de plus pour prendre le temps de développer toute l’histoire.
Scénario : 3,5/5
Quand je dis que Notre jeunesse en orbite était plein de promesses, c’est notamment du point de vue de ses thématiques. Avec une série de science fiction, on s’attend évidemment à voir des sujets très actuels, voire futuristes, traités. C’est effectivement le cas! L’anime aborde notre rapport à la technologie (même si certaines choses hérisseront le poil de experts), la question des influenceurs, les relations humaines et finalement le racisme. Mais également le déterminisme, la foi religieuse… Et s’il y a une thématique principale à mon sens, c’est celle du progrès. Il est notamment question d’intelligence artificielle et du progrès humain. L’un comme l’autre doivent-ils être limités pour assurer un bon développement de l’Humain et rester dans des principes éthiques?
Cependant, avec ces ambitions, démesurées pour seulement 6 épisodes, la série part loin, très loin. On a peu de réponses, beaucoup de dialogues qui n’apportent pas grand chose. C’est à la limite du cryptique… Cela devient tellement complexe que notre cerveau déconnecte et que tout ce que pourrait apporter l’oeuvre nous passe au dessus. Si vous cherchez un simple divertissement, je suis au regret de vous dire que la série n’est pas faite pour vous
En revanche, si on prend le temps de s’y pencher sérieusement, de réfléchir, la série nous amène à nous questionner sur des sujets intéressants. Malheureusement le format court, encore une fois, ne permet pas de proposer un vrai raisonnement sur ces questions.
Thématiques : 4/5
En ce qui concerne les visuels, je dois bien reconnaître que l’esthétique que propose Notre jeunesse en orbite est assez aboutie. Pour une première production, le studio Production +h rend une belle copie !
Les character-design sont très réussis. J’ai beaucoup aimé la gestion des expressions faciales des personnages. Globalement, c’est assez coloré et certains plans jouent parfois sur la ressemblance avec les images de publicités; on n’est pas loin de la critique des placements de produits..!
Et pour revenir sur les concepts utilisés, la gestion visuelle de l’apesanteur est très bien maîtrisée je trouve. On a même droit à des séquences « technologiques » très inspirées, à travers les réseaux et les ondes. De même, les gadgets, les outils ont quelque chose d’authentique, qui les rend très crédible. Le « gant smartphone » est juste incroyable. JE. LE. VEUX.
Mais l’animation n’est pas toujours à la hauteur des ambitions. Personnellement, je l’ai trouvée bien trop proche des standards saisonnier compte tenu du format (6 épisodes, mais il s’agit normalement de 2 films!). L’utilisation de la CGI reste hasardeuse. Parfois elle s’intègre bien, parfois pas du tout. Pourquoi utiliser des modèles 3D pour animer des personnages qui pourraient être animés en 2D ?
Le reproche majeur que je ferai serait le manque de dynamisme. On n’a aucun sakuga malgré tout le potentiel qu’il pouvait y avoir, et finalement, on ressent une lenteur dans l’action.
Pour parler un peu de la bande-son quand même, personnellement je l’ai trouvée très pertinente. Elle sied parfaitement à l’ambiance catastrophe et s’intègre très bien au reste des éléments de science-fiction.
Forme (Visuel et bande-son) : 4/5
Pour terminer sur un point un peu plus positif, Notre jeunesse en orbite nous propose un casting plutôt correct. Chaque personnage apporte son lot de problématiques, sa pierre à l’édifice qu’est le scénario. J’ai trouvé le développement de Touya et Taiyo plutôt cohérent et crédible. On ne les apprécie pas forcément au départ mais petit à petit, ils deviennent attachants. Notamment au travers de la relation qu’ils ont avec leur robot. Comme s’ils étaient plus proches des robots que des humains…! Il leur faut du temps pour se dévoiler mais finalement ils parviennent à nous toucher pleinement.
Certains reprocheront à Mina d’être trop superficielle, de manquer de personnalité et de n’être caractérisée que par sa situation d’influenceuse. À cela je répondrai que c’est peut-être ce qui nous attend si l’on suit sa voie, non ? Une sorte de critique de cette nouvelle façon de consommer, d’être. Et puis il faut dire que le personnage désamorce bien la tension en apportant juste ce qu’il faut de situations comiques.
Malheureusement, encore une fois le temps joue contre l’anime… Le format trop condensé ne permet pas de donner un véritable traitement aux personnages secondaires. Même si on prend plaisir à les suivre, on peine à s’attacher à certains d’entre eux, et finalement l’émotion qui pourrait être suggérée par les revirements de situations: retrouvailles, trahisons etc… n’est pas toujours aussi intense qu’escomptée. Et c’est d’autant plus frustrant que certaines sont vraiment très chargées en émotion! Mais je vous laisserai découvrir cela par vous-même!
Personnages : 4/5
Finalement, est-ce qu’on embarque à bord ?
Notre jeunesse en orbite est au départ prévu comme un diptyque de films, mais pour la diffusion, Netflix a préféré en faire une série de 6 épisodes.
J’ai apprécié plusieurs choses dans cette série. Son univers déjà. L’association entre le réel et les concepts créés est crédible et donne une impression de prédiction de notre futur. C’est troublant d’authenticité.
Ensuite, j’ai trouvé les visuels intéressants. Les designs de personnages, les arrières plans « publicitaires » ou encore l’animation de l’apesanteur ; tout était bien calibré et permettait une réelle immersion. (Malgré une 3D hasardeuse).
Et enfin, j’ai adoré les thématiques abordées par la série. Elle questionne notre rapport à la technologie, la notion de progrès, nos croyances aussi. Mais ce n’est pas tout, il est question de déterminisme, d’intelligence artificielle et de plusieurs autres problématiques très actuelles.
Mais le gros problème de The Orbital Children, c’est son format… C’est beaucoup trop court ! En 6 épisodes, 3h environ, on n’a pas le temps d’apprécier l’univers ou de réfléchir sur les thématiques. L’intrigue et le développement des personnages en pâtissent.
C’était au départ prometteur, il y avait de la tension, une dynamique entre le duo Touya et Taiyo. Mais le manque de temps force à condenser tout ce qui était prévu. On se retrouve avec des prophéties, des Deus Ex Machina et des révélations qui n’ont que peu d’effet sur nous car il n’y a plus d’enjeux. C’est vraiment dommage, la série avait le potentiel d’être géniale !
Et si je devais donner un dernier conseil… Allez regarder Denno Coil, l’autre série de Mitsuo Iso, là c’est un chef d’œuvre !