On ne le présente plus… Ranking of Kings a fait couler beaucoup d’encre depuis la sortie de son adaptation en anime en octobre dernier. Mais combien d’entre vous connaissent réellement l’œuvre originale ? Disponible en librairie depuis le 7 avril dernier chez Ki-oon, j’ai voulu donner sa chance au travail du mangaka Sôsuke Tôka. Mais que vaut l’œuvre de ce – pas si jeune – nouveau mangaka très prometteur ?
Sôsuke Tôka, un succès inattendu
Comme le rappelle Ki-oon, Sôsuke Tôka est « à l’image de son héros : courageux, volontaire et persévérant ». A 41 ans, après avoir quitté son emploi, il décide de poursuivre ses rêves et de créer son propre manga : c’est là que naît Bojji. Les aventures de Bojji sont racontées sur Internet. Après des débuts difficiles, c’est lors de sa participation au prix « Tsugi ni kuru manga (catégorie web) » en 2018 que le jeune prince attire enfin l’attention des lecteurs japonais. Sans s’y attendre, le récit de Tôka rassemble tout à coup plus de 15 millions de fans. Aujourd’hui, il est publié en ligne dans le magazine Manga Hack de l’éditeur Enterbrain.
Ranking of kings : Synopsis
Le royaume de Bosse est en péril. Son fondateur, connu pour sa force herculéenne, est gravement malade, et l’héritier, le jeune prince Bojji, est loin d’avoir le profil pour prendre sa place… Sourd et muet, d’une faiblesse telle qu’il est incapable de manier l’épée, il est la cible de toutes les moqueries, du chevalier au paysan ! S’il accède au trône, le pays est promis à la déchéance dans le classement des rois, dont le principal critère est la puissance des souverains. De ce point de vue, c’est le prince cadet, Daida, qui remporte le soutien populaire…
Pourtant, Bojji arbore un éternel sourire. Même quand une mystérieuse ombre lui ordonne de lui donner ses vêtements, il s’exécute avec plaisir ! Car, pour la première fois de sa vie, le garçon trouve un partenaire de conversation. Cet étrange voleur comprend ses paroles… Bojji lui dévoile alors son rêve : devenir le meilleur roi du monde !
Dessin 16/20
Lire Ranking of Kings, c’est tourner les pages d’un véritable conte pour enfants. Mais ne vous y méprenez pas, loin du simple conte, suivre les aventures de Bojji c’est plonger dans un univers bien plus sombre qu’il n’y paraît. Car pour devenir le meilleur roi du monde, Bojji devra surmonter bien des épreuves.
Des dessins à la hauteur de l’anime ?
Le côté enfantin et mignon du style graphique ne fait que donner à l’œuvre une approche d’autant plus intéressante et intrigante. Très épurés et tout en rondeur, les dessins ont de quoi en rebuter plus d’un au premier coup d’œil. Loin de ce que les fans ont découvert dans l’anime, Sôsuke Tôka nous propose ici un style bien plus déroutant avec des lignes plutôt fragiles et des décors parfois simplistes. Ce sont ces erreurs de perspective et d’anatomie ainsi que le manque de cohérence de certains traits des personnages entre les chapitres qui auraient pu m’empêcher de lire ce manga. Et ça aurait été bien dommage ! En effet, les dessins n’enlèvent rien au plaisir de la lecture. Au contraire, ils transmettent parfaitement les émotions des personnages. Et de l’émotion, il y en a… !
Les designs des personnages sont très intéressants. Leurs traits laissent bien transparaître leur caractère et leur rôle dans l’histoire. Le plus incroyable : on voit le progrès du mangaka en quelques chapitres seulement.
En bref, la lecture est très agréable. Elle propose un bon complément et une expérience différente de celle du visionnage de l’anime. Alors on ne critique pas les dessins et on laisse sa chance au génie de Tôka.
Scénario 17/20
Comme beaucoup d’entre vous, ma découverte de l’histoire du jeune Bojji s’est faite à travers l’adaptation anime. Que je le veuille ou non, ma lecture a forcément été influencée par ma connaissance de l’histoire dans sa globalité. Toutefois, je ne parlerai pas du scénario global mais seulement de ce que l’on découvre dans ce premier tome – pas d’inquiétudes, il n’y aura pas de spoil !
Honnêtement, si je ne m’étais pas laissée tenter par l’anime – poussée par la trend – je ne suis pas certaine que ce manga aurait attiré mon attention. Mais les bonnes critiques et l’engouement autour du jeune prince ont éveillé ma curiosité. Je devais moi aussi donner sa chance à Bojji.
Bojji, un héros hors normes
Dès les premières pages, le lecteur découvre le classement des rois – auquel le nom du manga fait référence. Le sujet est impose directement la compétition et la performance au cœur du récit. Les variables du classement sont claires : au-delà du nombre de chevaliers, de la prospérité des terres et de l’importance accordée au peuple, ce qui compte c’est avant tout la force et le courage du souverain lui-même. Ce critère est justement ce qui fait défaut au jeune Bojji. Comment un petit prince sourd, muet, et faible peut-il prétendre au trône de son père, le roi Bosse ? Car présenté dès les premières pages comme « le prince des nuls », Bojji a peu de chance de s’imposer dans ce classement, encore moins face à son frère cadet Daida.
Mais le scénario, à première vue assez simple, est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Le classement des rois n’est pour moi qu’un prétexte au déroulement de l’histoire, car ce qui nous intéresse vraiment c’est le traitement du personnage de Bojji. Son handicap est évidemment au cœur du scénario. Il explique l’isolement du jeune héros, l’incompréhension de son entourage et la tendance de ses proches à le sous estimer. Car au-delà de son handicap, c’est le fatalisme des autres personnages qui ne croient pas en ses capacités qui font qu’il n’a pas le droit au chapitre. Isolé des conversations, la violence symbolique subie par le jeune garçon face à ses proches persuadés qu’il ne peut pas lire sur les lèvres ne cesse de renforcer sa solitude et sa souffrance. Pourtant, loin d’être « muet », c’est un Bojji avenant et chaleureux qui tente de communiquer avec son nouveau compagnon, Ombre.
En bref, la thématique du handicap est tout à fait intéressante et bien trop rare dans ce genre de récit. Cependant, elle reste un peu reléguée au second plan dans l’anime, avec quelques incohérences parfois, à voir si le manga propose exactement le même traitement.
Ranking of Kings, le début d’un long apprentissage
Comment Bojji peut-il devenir le meilleur roi du monde alors que son entourage fait barrière à son accès au trône ? La rencontre de Bojji avec Ombre marque le début d’un récit d’apprentissage tant pour l’un que pour l’autre. Derrière son sourire de façade, se cache un personnage en quête de reconnaissance et d’affection. En encaissant les coups sans jamais les rendre, Bojji est un personnage qui a développé de nombreuses vertus. Bienveillance, empathie, gentillesse, persévérance… Il est vraisemblablement le plus digne de monter sur le trône. Cependant, il ne possède pas ce qu’on attend de lui : la force. Mais sa résistance aux violences physiques et psychologiques n’est-elle pas en réalité une force de caractère qui surpasse toutes les forces physiques ?
Condamné à posséder un corps faible et fragile, Bojji devra redoubler d’effort pour s’élever au rang de roi. Déterminé à se dépasser, le manga nous emmène suivre le long périple de Bojji pour prouver qu’il a bel et bien l’étoffe d’un roi !
Personnages 18/20
La richesse du récit ne se limite pas à Bojji. En me basant sur l’adaptation anime, je peux déjà dire que chaque personnage connaîtra une vraie évolution. Dès le premier tome, on en apprend davantage sur la construction du royaume, l’ancien roi, la jeunesse de Bojji et les raisons de sa constitution fragile.
L’atout du récit est qu’il a peu de personnages, juste assez pour garder de la cohérence et donner de la profondeur. Personnellement, j’ai une petite préférence pour Hiling. Petit coup de cœur également pour le duo Bojji/Ombre encore peu développé à ce stade mais qui, nous le savons, nous réserve encore son lot d’émotions.
Entre soutien et trahison, chaque personnage aura son rôle à jouer dans le chemin que devra parcourir Bojji pour s’élever au rang de roi.
Ranking of Kings : alors plutôt manga ou anime ?
En résumé, Ranking of Kings c’est une bonne histoire, de bons personnages, une belle aventure… Plus de temps à perdre, c’est le manga du moment.
Vous avez déjà vu l’anime ? Pas de problème, il offre une nouvelle expérience qui n’empêchera en rien d’apprécier les aventures du jeune prince déterminé à monter sur le trône.
Alors, qu’attendez-vous pour donner sa chance à Bojji ?
Note globale : 17/20
Avis de Monsieur Sark
Dessin 16/20
Ce manga sorti en animé avant d’être en manga chez nous, a fait peur à beaucoup par son dessin. Et bien moi j’adore, il est idéal pour ce manga. Rappelons nous que nous sommes dans une épopée type conte de fée. Quelque chose qu’on pourrait lire aux enfants le soir. Un nouveau « Petit Poucet ».
Le dessin est très adapté à ce monde. Il est simple, mais pourtant bien construit, et il n’y a pas de faute sur les expressions ou les intentions des personnages. La scène d’action « du combat des princes », par exemple, je l’ai trouvé très dynamique et adaptée à la situation. Le dessin est bien, pour cette œuvre. Bien entendu, sans le contexte, on pourrait être bloqué par ce dessin. Et justement, ouvrez les yeux, et prenez en plein la vue. Au bout de 10 pages vous aurez l’impression d’avoir toujours vu ce dessin. Un dessin doux, pour une belle histoire. Ce qui ne vous empêchera pas de sortir les mouchoirs.
Scénario 20/20
L’histoire, bah oui forcément si on parle de Ranking of Kings c’est surtout pour son histoire. Pour le savourer, posez vous, respirez, et mettez vous dans la peau d’un enfant à qui on raconte une belle histoire. Nous sommes sur un prince qui rêve de devenir le meilleur roi du monde. Seulement il est très faible physiquement il ne peut même pas tenir une dague. Et en plus, il est sourd et muet. Vous me direz qu’il part avec de lourds handicaps, et bien oui et non. Il possède un grand cœur, une grande force de caractère et un courage incomparable. Avec un petit bonus que vous verrez plus tard. Il a tout ce qu’il faut pour grandir, et devenir le roi de ses rêves.
Nous allons suivre ses aventures, grandir avec lui, partager ses joies, mais surtout ses peines. Clairement c’est une histoire qui rend souvent triste. L’histoire est très bien construite, comme un conte. Nous avons un héros que nous suivons, et plein de péripéties autour de lui, ponctuées de flashback. C’est raconté avec beaucoup de tendresse et de poésie. Sans oublier le côté action de la quête. Vraiment pour moi pour l’instant c’est un sans faute.
Personnages 18/20
Une bonne histoire c’est aussi des bons personnages. Et là tel un Game of Thrones au pays des contes de fée, nous avons un panel de bons clients comme on dit. Un père roi, puissant, craint et aimé de tous. Une mère tant aimée qui malheureusement est partie trop tôt. Une belle mère complexe et bipolaire qui favorise son fils. Le deuxième prince qui lui aussi veut le trône, mais lui bien entendu, est violent, cruel et déterminé à tout écraser pour prendre le trône. Autour gravite une Cour, perfide et pleine de manipulateurs, un maître d’arme versatile, et un garde du corps malveillant. Clairement le petit Bojji n’est pas bien entouré.
Seul il ne l’est rapidement plus, et trouve un allié, un compère, un pote. Et on sent très vite qu’ensemble ils vont vivre de grandes aventures. Chaque personnage de cette aventure est très bien construit, et surtout plein de mystère. On se doute bien que le jeu politique sera central, et que les trahisons vont vous briser le cœur. Le personnage central de Bojji est vraiment intéressant, il est empli de mystère, et on en apprend un peu plus à chaque page. Et surtout on a vraiment envie que les choses soient belles pour lui, ce qui n’est clairement pas le cas pour le moment.
En résumé
Pour moi c’est un manga qui va faire parler. Le scénario et le découpage du dessin unique, déjà. Mais surtout l’histoire, l’histoire avec un grand H. Dès la première page vous vous retrouvez pris, vous êtes accroché directement au héros et vous voulez savoir. Pourquoi ? Comment ? Quand ? Vous voulez tout savoir. L’auteur distille petit à petit les informations, qui nous font aimer ou détester les personnages. Tout de suite vous êtes emporté par le flot des émotions et de l’intrigue. C’est une vraie bonne aventure.