Les frères Sanpei Shirato et Tetsuji Okamoto, à qui l’on doit la saga Kamui Den sont décédés. En hommage, revenons sur leur oeuvre.
L’annonce a été faite par l’éditeur Shogakukan ce lundi 25 octobre. Sanpei Shirato, de son vrai nom Noburu Okamoto et Tetsuji Okamoto se sont tous deux éteints. Les deux mangaka de légende sont partis de suite de pneumonies (d’aspiration et interstitielle), respectivement le 8 et le 12 octobre.
Source: Twitter Big Comic
Sanpei Shirato, le papa de Kamui Den!
Sanpei Shirato est né en 1932. Le contexte politique de l’époque, les violences policières, et le décès de Takiji Kobayashi feront qu’il grandira dans un climat d’extrême-gauche. Il débuta sa carrière en 1950 avec le kamishibai.
Point culture: Le kamishibai est un art japonais, qui consiste en une sorte de pièce de théâtre sur papier. Les artistes racontent des histoires en faisant défiler des illustrations devant le spectateur.
Sanpei Shirato se distingue notamment des autres artistes par sa capacité à découper les scènes d’action pour les rendre plus intense. Vous l’aurez compris, c’était un des maîtres du dynamisme!
Pour vous dire, en 1967, Nagisa Oshima est parvenu à faire un film en filmant et montant simplement les cases du manga Ninja Bugeicho (1957), le premier titre de Shirato.
Certains le considèrent aussi comme l’un des maîtres fondateurs du gekiga, le manga à destination des adultes. Il a également été une source d’inspiration pour de nombreux auteurs à succès (en particulier des auteurs de shonen).
Une chose est sûre, il est l’un des acteurs majeurs qui a contribué à donner plus de maturité au manga, en proposant des thématiques politiques et sombres.
C’est en 1964 qu’il publiera ce qui sera l’oeuvre de sa vie… Kamui Den.
Kamui Den est un manga seinen paru dans le magazine Garo des éditions Seirindo. La publication de l’oeuvre se fit de 1964 à 1971 et compte en tout et pour tout 21 tomes. A noter que le magazine, dans lequel l’auteur était énormément impliqué, a disparu en 2002.
Entre 1965 et 1967 il publia également Kamui Gaiden Daiichi-bu (La Légende de Kamui Den) en parallèle dans le Weekly Shōnen Sunday de Shogakukan. Cette série de deux tomes eu par ailleurs droit à des adaptations, en film mais aussi en anime.
Par la suite, l’auteur repris son oeuvre de 1982 à 1987, sous le titre Kamui Gaiden Daini-bu (La légende de Kamui-Den 2) dans le Big Comic de Shogakukan. Cette série compte 17 volumes.
À l’époque d’Edo, les destins de trois jeunes garçons vont se croiser. Kamui est un enfant de hinin, la classe des « non humains », il s’engage dans la voie des ninjas. Mais en quête de liberté il va s’enfuir de son clan et devenir un nukenin, un ninja déserteur, traqué et menacé de mort. Shôsuke est issu d’une famille de serviteurs et veut devenir agriculteur. Quant à Ryûnoshin, il est fils de guerrier et souhaite venger sa famille qui a été assassinée par un seigneur. Shôsuke provoquera une révolte et sera le seul épargné, Ryûnoshin deviendra rônin, un samouraï sans maître. Tous vont devoir grandir en surmontant les difficultés et en se heurtant au système d’une époque féodale.
Kamui Den est une ode au libre-arbitre, un plaidoyer pour la lutte des classes. En quelques mots, Kamui Den est le fruit de son époque.
Et pour le petit funfact, il est une des inspirations majeures de Katsuhiro Otomo, Riyoko Ikeda et de Masashi Kishimoto!
Tetsuji Okamoto, la relève de Kamui Den
En plus d’être frères, les deux mangaka ont la particularité d’avoir travaillé sur la même oeuvre! Eh oui, entre 1988 et 2000, Tatsuki Okamoto a repris la publication de Kamui Den avec Daini-bu, littéralement Kamui Den: Deuxième partie. (Presque comme la série de 1982, oui oui)
On pouvait retrouver cette suite dans le magazine Big Comic de l’éditeur Shogakukan. Elle compte 22 tomes.
Nos pensées vont évidemment à leur famille et à leur proche. Le manga a perdu deux de ses légendes.