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Shichi-go-san, la traditionnelle fête des enfants

  • Emma 

Aujourd’hui, l’équipe Gaak vous emmène au pays du soleil levant pour un nouveau format consacré à la culture et aux traditions japonaises ! On commence avec shichi-go-san (七五三 , littéralement « sept-cinq-trois »), l’une des trois fêtes qui célèbrent les enfants. Mettez vos plus beaux vêtements, c’est bientôt l’heure d’aller au sanctuaire !

Shichi-go-san, une fête pour célébrer les enfants

Le 15 novembre, les Japonais célèbrent shichi-go-san, une fête dédiée aux enfants de 3 ans, aux garçons de 5 ans et aux filles de 7 ans. À cette occasion, les parents ont pour habitude de se rendre dans les sanctuaires shintô ou les temples bouddhistes. Cette visite du sanctuaire s’appelle shichi-go-san mode (七五三詣で). Ils y remercient les divinités et prient pour la bonne santé de leurs enfants.

En réalité, le 15 novembre n’est qu’une date indicative. Shichi-go-san se tient généralement le week-end ou un jour férié de novembre pour s’adapter au mieux aux périodes de congés des parents. Les familles peuvent donc se rendre au temple dès la fin du mois d’octobre jusqu’à la fin du mois de novembre. Certains temples acceptent même les visites en dehors de la période traditionnelle.

Shichi-go-san : Kannushi et famille
Photographie : Sasha Popovic (Source : Flickr)

Une tradition ancestrale

La coutume apparaît pour la première fois durant l’ère Heian (794-1185) parmi les nobles de la Cour, avant de se diffuser dans toute la société japonaise sous l’ère Edo (1603-1868). Durant l’ère Heian, de nombreuses maladies menaçaient les enfants. Leur taux de mortalité était extrêmement élevé. Ils étaient donc naturellement placés sous la protection des dieux en tant « qu’enfants des divinités ». Si un enfant venait à mourir avant ses 7 ans, il n’y avait ni rapport aux autorités, ni funérailles et le corps était inhumé dans une tombe séparée du reste de la famille. C’est seulement après avoir atteint l’âge de 7 ans que les enfants devenaient des membres à part entière de la société. Ainsi, l’année de leur septième anniversaire constituait pour eux une seconde naissance.

Après la restauration Meiji (1868), les gens prennent l’habitude de se rendre au temple bouddhiste ou au sanctuaire shintô. La tradition prend la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. La date du 15 novembre est officialisée sous Meiji (1868-1912) et le nom « shichi-go-san » est adopté.

Pourquoi seulement les enfants de 3, 5 et 7 ans ?

Il n’y a jamais de hasard dans les traditions ancestrales. Selon la pensée chinoise, les chiffres impairs seraient des chiffres porte-bonheur. De plus, shichi-go-san regroupe différentes cérémonies de l’époque Edo qui célèbrent le passage des trois années. Ce sont trois rites de passage essentiels dans la vie d’un enfant.

À l’époque Edo, les familles avaient l’habitude de raser les cheveux des garçons et des filles jusqu’à l’âge de 3 ans, année à laquelle on laissait pousser les cheveux pour la première fois. À 5 ans, les garçons commençaient à porter le hakama (袴), une sorte de pantalon large plissé. Quant aux jeunes filles, elles portaient leur premier obi (帯) à l’âge de 7 ans. Jusque-là, un simple cordon maintenait leur kimono. La tradition shichi-go-san s’enracine ainsi dans ces trois moments clés de la vie d’un enfant japonais.

Une fête contemporaine aux allures traditionnelles

La tradition du shichi-go-san n’a rien perdu de son éclat d’antan ! Elle est toujours très populaire aujourd’hui et pratiquée par une grande partie de la population. Les familles ont l’habitude de se rendre au sanctuaire ou au temple pour présenter une offrande aux divinités.

La cérémonie suit plusieurs étapes très codifiées. Le prêtre shinto (ou kannushi, 神主) fait d’abord une purification rituelle des enfants et de leur famille qui les accompagne. Ensuite, il énumère le nom de chaque enfant et offre une branche de sakaki (榊) ornée de bandelettes de papier dite tamagushi (玉串). Après l’offrande, les miko (巫女, les prêtresses) exécutent une danse traditionnelle appelée kagura (神楽)  tout en faisant tinter des clochettes. Elles distribuent enfin des cadeaux aux enfants. Cette cérémonie est très chère et peut coûter jusqu’à 10 000 yens par enfant soit environ 75€. Les parents versent l’argent sous forme d’offrande au temple dans une enveloppe au nom de l’enfant appelée hatsuhoryo (初穂料).

Les familles peuvent choisir de se rendre elles-mêmes au sanctuaire afin de réciter une prière ritualisée appelée norito (祝詞) afin de recevoir la purification des divinités. Elles peuvent aussi déposer des pièces de monnaie dans le saisen-bako (賽銭箱, la boite à offrandes) en faisant le vœu de voir leurs enfants grandir en bonne santé.

Savoir s’habiller pour l’occasion

Pour célébrer shichi-go-san, toute la famille se met sur son 31. Les enfants portent un kimono ainsi qu’une petite veste appelée hifu (被布). Les garçons portent un haori (羽織), une longue veste traditionnelle, ainsi que le hakama. Plus rarement, on peut les voir porter un costume trois pièces à l’européenne. Enfin, les petites filles portent un kimono avec un obi comme le veut la tradition. Leurs cheveux sont relevés en chignon et décorés de peignes ou de fleurs. Elles portent souvent des zôri (草履) aux pieds. Généralement, les familles louent les costumes pour la journée et s’offrent un shooting photo exceptionnel pour pouvoir ensuite les envoyer à la famille et garder un souvenir de cette célébration unique.

Une fête ne serait rien sans cadeaux

Différents cadeaux sont offerts aux enfants. Les miko offrent des chitose-ame (千歳飴, littéralement « bonbons de mille ans ») dans des petits sachets aux couleurs du sanctuaire. Ce sont les friandises phares de la journée. Ce petit bâtonnet de sucre d’orge est généralement de couleur rouge ou blanche. L’ornement de la grue et de la tortue (tsurukame, 鶴亀) symbolise la longévité. Quant au motif du pin, du bambou et du prunier (shochikubai, 松竹梅), il sert de porte-bonheur. Les enfants peuvent recevoir d’autres cadeaux comme des omamori (御守, des amulettes offrant chance et protection). Ils reçoivent aussi des hamaya (破魔矢, littéralement des « flèches tueuses de démons »), des flèches décoratives pour leur porter bonheur.

Sources : Nippon ; Kanpai ; Japan Experience