Pour la critique du jour, on parle de la dernière nouveauté des éditions Kana dans la série des manga français : SILENCE !
SILENCE, tome 1 :
Pour la sortie de ce nouveau titre, les éditions Kana avait mis le paquet ! D’ailleurs avez très probablement entendu parler de SILENCE, ou vu des images du manga. L’heure est donc venue d’en parler !
Côté édition, l’ouvrage est dans les standards de gamme. La jaquette se pare d’un joli vernis sélectif.
“Notre folklore est rempli de monstres qui apparaissent une fois la nuit tombée. Depuis que le soleil a disparu derrière de mystérieux nuages, notre monde est plongé dans une obscurité permanente. Nos moyens de subsistance se raréfient à l’extérieur. Les créatures prolifèrent et nous chassent. Notre seule chance de survivre : se cacher et rester… en silence.”
On peut noter la présence d’une illustration enfantine en guise de couverture, sous la jaquette et dont elle reprend la composition. En fin de tome, l’auteur nous gratifie de quelques bonus: des anecdotes de conception, des précisions quant à ses inspirations etc… Un petit plus agréable !
Un manga qui va faire du bruit ?
SILENCE se déroule dans un univers post-apocalyptique, couvert de neige, plongé dans l’obscurité et où les humains vivent cachés. Ils sont contraints d’agir sans bruit, sous peine d’être la cible de monstres surpuissants. L’ensemble est bien construit et m’a paru très cohérent. Cette vie recluse est source de problématiques uniques, en termes de nourriture par exemple. Mais aussi et surtout de communication. Et en guise de solution, Yoann Vornière a opté pour la langue des signes. Un pari audacieux mais réussi, qui donne une belle originalité au titre.
Présenté par l’intermédiaire de récits, et de légendes, c’est un univers plutôt attractif. L’ambiance générale, que je rapprocherai de The Promised Neverland, est également une des forces du titre. J’ai particulièrement apprécié les références au folklore français, à la Petite Souris ou à son homologue verte. Ma préférence ira cependant au Warabouc, une créature issue de ma Meuse natale. J’aurais cependant apprécié un peu plus d’informations quant au bestiaire, pourquoi pas au travers de discussion, ou même de dessins des enfants.
Univers : 4,5/5
L’introduction de SILENCE se veut relativement efficace. On est tout de suite plongé dans l’action, avec des protagonistes confrontés au danger. Néanmoins, j’ai trouvé que cela manquait un peu de subtilité, dans le sens où il n’y a pas de réelle surprise. C’est d’ailleurs un reproche que je ferai à l’ébauche de schéma narratif qui se dessine. C’est trop convenu à mon goût. Avec les éléments dont on dispose, il semblerait qu’on ait affaire à un récit initiatique comme on a déjà pu en lire beaucoup. Le premier titre qui me vient en tête, c’est évidemment Radiant.
Je me suis cependant laissé prendre par le rythme effréné et les nombreux rebondissements qui composent ce premier tome. Le manque de nourriture, la menace constante des monstres: Yoann Vornière crée une belle tension dans son récit en appuyant également sur l’urgence de la situation. Et le fait de mettre en scène son histoire à la manière d’un récit horrifique est une très bonne idée ! La dose de mystère, autour de certains personnages ainsi que celle qui auréole Haut-Fort, est un autre point qui nous pousse à vouloir la suite.
Scénario : 3/5
SILENCE, c’est donc l’histoire d’une population qui vit en autarcie. On suit en particulier un de ces membres : Lame. Un jeune homme naïf, qui a grandit bercé de légendes et qui souhaite le meilleur pour son peuple. En ce qui me concerne, j’ai eu du mal à m’attacher pleinement à lui. Je l’ai trouvé un peu insipide, trop lisse pour m’accrocher. L’autre rôle important de ce tome 1, c’est Lune. Elle concentre beaucoup de mystères, et est le déclencheur de cette aventure mais… On peine à vraiment comprendre ce qui la lie à notre protagoniste.
Finalement, ce qui fait défaut aux personnages de l’oeuvre, ce sont des nuances ! Ils manquent de personnalité, et ne semblent être là que pour être des figurants de l’histoire. Pour ce qui est du second plan, les personnages sont anecdotiques. Gris est peut-être celui qui s’en sort le mieux, en s’éloignant un peu de ce qu’on attendrait de lui au premier abord. Ocelle est là, elle accompagne notre protagoniste mais… C’est tout. Dans l’ensemble, tout ce petit monde n’est pas déplaisant à suivre mais on a le sentiment de les avoir déjà vus, de savoir ce qui leur arrivera.
Personnages : 3/5
Du point de vue graphique, SILENCE nous propose de jolis décors enneigés qui contrastent avec la noirceur de la nuit. On a droit à de belles double-pages pour mettre en avant ces paysages, cependant, je pense qu’il aurait été judicieux de nous proposer plus de plans larges. En effet, ces derniers auraient permis de renforcer l’atmosphère du titre, et d’en faire quelque chose de très immersifs. Les design des personnages sont sympathiques sans être exceptionnels. J’ai trouvé les créatures bien plus réussies.
Parfois, le trait manque de maîtrise, et apparaît un peu confus. Mais plus qu’une meilleure maîtrise, j’aurais aurait aimé une identité plus marquée. En effet, le style de l’auteur est très (trop) proche de celui de Tony Valente à mon sens. Enfin, pour parler du découpage, c’est probablement le point fort de l’auteur sur cet aspect. C’est hyper dynamique, et la lecture se fait aisément. Cependant, et encore une fois, certaines scènes d’action nécessitent de s’y reprendre pour comprendre tout ce qui s’y passe.
Visuels : 4/5
SILENCE, en résumé
💎 Les points forts
- La mise en avant d’un folklore français.
- L’utilisation de la langue des signes.
- Une ambiance immersive, dans le froid et le silence.
- Un récit prenant, au rythme soutenu.
🪨 Les points faibles
- Un schéma narratif convenu.
- Des personnages auxquels on a du mal à s’attacher.
Note globale : 14,5/20
Et je mets 0,5 de plus pour le Warabouc, parce qu’on est un peu chauvins en Meuse…! Si vous attendez la suite de Radiant, en manga ou en anime : c’est un super moyen de patienter !