Pour cette nouvelle review, on parle de go et… de manga ! Voici mon avis sur les tomes 1 et 2 de THE LION IN MANGA LIBRARY !
THE LION IN MANGA LIBRARY, tomes 1 et 2
Avec ces deux tomes, on sent que les éditions Komogi ont voulu chouchouter leur tout premier titre ! L’édition est de qualité, tant au niveau du papier que de l’impression. On a même droit à une page couleur. Mais ce sont surtout les nombreux bonus qui en témoignent ! Des interviews de professionnels du milieu, des explications sur l’élaboration des planches, mais surtout sur le jeu de go.
Une jeune femme qui fait carrière en aidant les boutiques de mangas à vendre leurs marchandises traîne un lourd passé. Ce passé la hante jusqu’au jour où elle croise la route d’un inconnu venu lui louer une chambre. C’est autour d’un plateau de go que ces deux anciens prodiges se lieront d’une amitié inhabituelle qui leur permettra de réparer les traumatismes que la pratique intense de ce jeu leur a occasionnés.
⚠️ TW : Troubles dissociatifs, maltraitance infantile, violences physiques et psychologiques.
Entre slice-of-life et compétition, un coup divin !
La grande force de THE LION IN MANGA LIBRARY, ce sont ses personnages. On découvre d’abord Yuan Tung-Ji, une ancienne joueuse professionnelle go. Celle-ci a mis un terme à sa carrière à causes des crises de dissociations qu’elle subissait lorsqu’elle s’investissait trop dans les parties. Désormais, elle s’épanouit désormais dans l’achat/revente de manga.
Ensuite, nous faisons connaissances avec Fang Hsia-Cheng. De quatre ans le cadet de Tung, le jeune homme partage avec elle la passion pour le go. Il cache lui aussi un passé sombre, et autrement plus violent. Lui aussi ex-joueur de go professionnel, il porte les stigmates d’une famille abusive qui voulait faire de lui le plus grand joueur du monde.
Xiaodao nous livre ainsi des portraits complexes, emprunt d’une noirceur profonde et qui suscitent sans mal notre empathie. Mais la relation entre les deux joueurs les porte. Aucun d’eux ne se complaît, ils se soutiennent et s’élèvent mutuellement. Une dynamique fascinante. En guise d’antagoniste, Chiu-Hsun, le frère de Hsia-cheng, s’imposera et confèrera à l’oeuvre une dimension autrement plus prenante.
Personnages : 4/5
L’histoire de THE LION IN THE MANGA LIBRARY se concentre ainsi sur deux personnages, sur leur passé respectif, et sur leurs relations familiales. Mais aussi sur le lien qui se tisse entre eux… Une future romance ? Un cadre restreint, qui permet à l’oeuvre de nous proposer de belles introspections. Elle se teinte ainsi de mélancolie, mais elle n’est pas monotone pour autant ! Bien au contraire, Xiaodao insuffle un rythme haletant dans sa narration. Les rebondissements sont efficaces, mais parfois avec un peu trop d’emphase. Cela m’a un peu déstabilisé je l’avoue.
Par ailleurs, le récit se déroule à Taiwan, dans un cadre particulier où les librairies de prêt de manga ferment une à une. La bande-dessinée japonaise revêt d’ailleurs une importance capitale dans l’histoire. L’autrice nous offre un panel de références MONSTRUEUX, qui me laisse penser qu’elle a une culture manga tout aussi colossale. C’est quelque chose que j’adore personnellement. De plus, cela ajoute de l’humour et désamorce les situations rudes que peut proposer l’oeuvre. L’alchimie est intéressante, mais elle est complexe à mettre en place de manière convaincante, tant les univers sont éloignés.
Scénario : 3,5/5
Là où THE LION IN MANGA LIBRARY peut diviser, c’est dans son aspect graphique. Le style de dessin de Xiaodao est unique. Et comme souvent dans ce cas de figure : on adhère ou pas. Néanmoins, c’est un trait fluide, protéiforme, et tout en courbes que nous offre l’autrice. C’est atypique, et plutôt plaisant. En revanche, les design sont un peu insipides parfois… Mais on finit par s’y habituer. Grâce à des aplats de noir profonds, et à un travail conséquent sur les expressions des personnages, la mangaka parvient à nous transmettre toute une galerie d’émotions.
Et c’est notamment dans les passages introspectifs que ce talent de l’autrice transparaît. Les parties de go de très haut niveau, quant à elles, permettent d’introduire du dynamisme dans la lecture. Elles sont aussi l’occasion de fantaisies magnifiques. On découvre ainsi des planches ambitieuses, avec des mises en scène audacieuses et des doubles-pages époustouflantes. L’autrice maîtrise à merveille la progression de son récit, en nous proposant de belles envolées graphiques aux bons moments. C’est dans ces séquences là que le trait prend toute sa puissance évocatrice.
Visuels : 3,5/5
L’un des points que j’ai particulièrement aimé dans THE LION IN MANGA LIBRARY, ce sont ses thématiques. Plus précisément, c’est la façon dont elles se lient dans le récit qui m’a beaucoup plu. Tout d’abord, il y a le go. Chaque partie respire la passion pour ce jeu. Cette passion lie les personnages mais pas que. Elle se révèle être une part de l’intrigue ainsi que l’occasion de parties vraiment grisantes entre joueurs professionnels. Le manga se situe ainsi entre le slice-of-life et le manga de sport. Le parti-pris d’opposer des génies est intéressant mais à double-tranchant : Il peut nous perdre en tant que néophyte !
J’ai apprécié les contrastes dans l’oeuvre : le jeu de go très ancien et les bibliothèques taïwanaises dépassées s’opposent à l’intelligence artificielle, aux parties sur ordinateurs. Mais le plus fascinant, c’est tout le propos autour de la condition des « génies », des surdoués. L’autrice aborde de manière très crue les dérives des compétitions de très haut-niveau. Elle met en scène la pression familiale par l’intermédiaire des maltraitances infantiles, qu’elles soient physiques ou psychologiques. Mais aussi et surtout leurs conséquences sur les individus. C’est assez rude à lire, mais c’est tout le sel de l’oeuvre.
Thématiques : 4/5
THE LION IN MANGA LIBRARY, en résumé :
💎 Les points forts :
- Des personnages qui suscitent notre empathie.
- Une histoire prenante, et des parties grisantes.
- Des thématiques rudes, abordées à travers le go.
- Un trait fluide, qui confère une identité unique à l’oeuvre.
🪨 Les points faibles :
- Le dessin très particulier, peut diviser.