La critique du jour est celle d’une oeuvre au format particulier : moitié roman, moitié manga ! Voici mon avis sur TSUNAMI GIRL !
TSUNAMI GIRL :
Nouveauté d’avril aux éditions Bayard, TSUNAMI GIRL est une sorte de light-novel. En effet, s’il s’agit bien d’un roman illustré, les illustrations en question sont des planches de manga ! Personnellement, c’est la première fois que je suis confronté à ce type d’oeuvre, et c’était plutôt intéressant.
En vacances au Japon chez son grand-père, Yūki, 15 ans, cherche à retrouver sa joie de vivre et à calmer ses angoisses. Son grand-père lui parle de son métier de mangaka, lui montre les planches de mangas qu’elle dessinait, enfant, et parvient même à lui redonner le sourire. C’est alors que l’inimaginable se produit : un immense tsunami approche. Il faut absolument partir. Mais alors qu’ils fuient ensemble le danger imminent, le grand-père de Yūki décide soudain de faire demi-tour…
© Julian Sedgwick/Chie Kutsuwada – Bayard
À la lecture, on est confronté à plusieurs mots japonais, avec à chaque fois des renvois à un glossaire. En ce qui me concerne, j’aurais préféré des notes de bas de pages, cela casserait moins la lecture.
Triple catastrophe, manga et esprits !
Deuil et reconstruction :
TSUNAMI GIRL est le récit de Yūki, une jeune fille qui cherche à s’éloigner du stress quotidien qui lui cause des crises d’angoisses. Alors qu’elle est en vacances chez son grand père au Japon, elle assiste à un séisme, un tsunami et à un accident nucléaire… La triple catastrophe de 2011 à Fukushima. L’histoire se déroule en trois partie : avant, pendant et après le désastre. Elle prend donc tour à tour la forme d’un récit catastrophe, puis d’une sorte d’introspection et enfin, d’une exploration teintée de surnaturel. J’ai trouvé que le mélange des genres était assez stimulant, que cela permettait de nous tenir en haleine.
À travers cette histoire, Julian Sedgwick aborde une thématique commune aux films d’animation japonais : le deuil. Ici, il s’agit de la disparition de Jiro, grand-père de Yūki. La relation entre les deux personnages m’a beaucoup touché, Jiro est un personnage génial. Évidemment, les cinq étapes du deuil sont de mise. Rien de révolutionnaire de ce côté, la famille et l’amitié permettent de surmonter les obstacles, mais cela reste plaisant à suivre.
Spiritualité et quête de soi :
Au delà de ça, l’auteur nous propose de suivre la quête d’identité de Yūki. La jeune fille est métisse, et a des difficultés à composer avec ses deux racines. Pas totalement anglaise, pas totalement japonaise. Ni l’un, ni l’autre, mais qu’est-elle alors ? Sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte au départ, c’est un dilemme qui la bloque au quotidien. Artiste dans l’âme à ses 7 ans, elle ne dessine quasiment plus à 16 ans. L’angoisse de la page blanche, l’insatisfaction des productions etc… J’ai beaucoup aimé cette construction psychologique.
Et j’ai apprécié le parallèle que souligne Taka, autre personnage attachant du récit. Half-wave, le héros créé par Yūki dans son enfance, incarne le métissage. J’ajouterai aussi que ce héros imaginaire incarne l’âme d’artiste de la jeune fille. (On peut même aller plus loin, et voir un parallèle entre le format hybride et le récit…!)
Au delà de ça, le sang japonais de Yūki permet d’introduire la spiritualité dans l’œuvre. Il est fait mention de plusieurs esprits du folklore japonais, mais aussi de coutumes et de fêtes religieuses. C’est toujours un plaisir de les retrouver !
Et visuellement ?
Comme expliqué en présentation, TSUNAMI GIRL allie roman et manga. Les dessins ont été confiés à Chie Kutsuwada. Et je dois reconnaître que je n’ai pas été très convaincu. C’est rigide, avec parfois de gros soucis anatomiques. Il y a comme un côté amateur dans le dessin. Mon optimisme me pousse à penser que c’est volontaire, pour transmettre l’idée que ce sont des dessins de Yūki. Mais rien ne prouve que c’est vraiment le cas… Nonobstant, cela reste une jolie originalité du titre.
TSUNAMI GIRL, en résumé :
💎 Les points forts :
- Des personnages attachants.
- Un récit qui nous tient en haleine.
- Un mélange des genres intéressants.
- Un format unique, entre roman et manga.
🪨 Les points faibles :
- Des dessins qui manquent encore de maîtrise.